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Tourisme : priorité à la relance

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Tourisme : priorité à la relance | business-magazine.mu

Le spectre de la stagnation plane à nouveau sur l’industrie touristique. Pour s’en sortir, il est impératif de développer une stratégie axée sur la diversification des marchés et comprenant des volets aériens et commerciaux.

Un million de touristes en 2013. Cet objectif paraît très optimiste eu égard aux derniers chiffres sur les arrivées durant ces quatre derniers mois. D’ailleurs, le premier mois de l’année a été marqué par une contraction de 6 %, suivie d’une reprise de 2,3 % en février par rapport à la période correspondante en 2012.

Après une nouvelle croissance en mars, de 9,5 %, les arrivées touristiques ont chuté de 3,7 % en avril. Face à cette situation, les analystes sont nombreux à dire que nous aurons, une fois encore, à revoir nos ambitions à la baisse. A moins d’une véritable relance, l’industrie touristique est appelée à traverser une période difficile en 2013.

D’ailleurs, dans une récente étude  sur le secteur touristique, AXYS Stockbroking Ltd ne cache pas ses appréhensions. Le courtier table sur une croissance marginale de 0,5 % et une hausse de 1 % des arrivées touristiques. Un sentiment que semblent également partager les opérateurs. D’autant plus que le taux d’occupation dans l’hôtellerie a chuté à 62 % en 2012, alors qu’en 2010 et 2011, il oscillait autour de 65 %.

De plus, selon Jocelyn Kwok, Chief Executive Officer (CEO) de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (Ahrim), les perspectives sont amoindries par un service aérien, lui-même à la recherche d’une rentabilité à améliorer. 

Autre souci des hôteliers : la baisse du nombre de siègesd’avion disponible. Celui-ci est passé de 463 069 pour le premier trimestre de 2012 à 436 351 seulement en 2013, soit une baisse de 5,8 %.

Certains analystes ne veulent pas pour autant céder à la panique en se basant sur la croissance positive de 1,5 % enregistrée durant le premier trimestre. Toutefois, Jocelyn Kwok rappelle :« Le record de croissance enregistré en 2007 (+15,1 %) avait été suivi, deux ans plus tard, d’une décroissance brutale (-6,4 %). La reprise de 2010 était porteuse d’espoir. Mais les années 2011 et 2012 n’ont pas connu de décroissance et n’ont pas, non plus, été spectaculaires. Tout cela dans un contexte de crise économique affectant nos principaux marchés et l’aérien. » En d’autres mots, nous nous en sortons plutôt bien, dira le CEO de l’Ahrim.

Sen Ramsamy, Head of Hotel, Leisure and Tourism chez KPMG, reconnaît qu’il y a eu une progression, mais souligne qu’elle demeure faible par rapport à nos concurrents. Ces derniers affichent des taux de croissance à deux chiffres pour le premier trimestre. « Les Maldives et les Seychelles ont terminé le premier trimestre de 2013 avec 15 % et 19 % de croissance respectivement. Le Sri Lanka reste également sur une belle lancée », fait-il ressortir.

Pour s’en sortir, Maurice n’a d’autre choix que de revoir ses stratégies promotionnelles. Sen Ramsamy propose des campagnes de marketing plus agressives, visant, entre autres, les pays nordiques qui démontrent déjà un certain intérêt pour la destination Maurice.

Une initiative qui devrait être accompagnée d’un élargissement de l’offre touristique. « Il y a un manque de dynamisme sur le destination marketing de l’île Maurice. Nous avons beaucoup de progrès à faire dans ce domaine. Il faut plus de compétitivité pour créer des événements d’un niveau international. Cela, afin d’attirer une nouvelle clientèle. On se doit aussi de développer beaucoup plus d’activités dans l’arrière du pays et au niveau culturel, comme c’est le cas au Bali», déclare Pascal Prigent, General Manager de l’hôtel Angsana Balaclava Mauritius.

Jocelyn Kwok estime, lui, que l’offre touristique mauricienne est extrêmement riche et qu’il y a de la place pour toutes sortes de tourisme. « La dimension culturelle, le patrimoine ou encore le peuplement ont de meilleures offres que d’autres destinations mieux loties en terme de sites naturels. Le golf et maintenant le kite surf sont également très porteurs », laisse-t-il entendre. Pour lui, le branding de la destination est un branding global du pays et doit évoquer le tourisme, mais aussi les autres secteurs que sont les services financiers, le sucre et le textile notamment.

En revanche, les professionnels du secteur touristique se rejoignent sur la nécessité de résoudre le problème de connectivité aérienne qui demeure un obstacle majeur. 

Le point positif : le service aérien avec la Chine continue de s’améliorer, notamment avec des vols directs sur Shanghai (depuis février) et Beijing (à partir du 6 juillet 2013). « Les arrivées du premier trimestre de 2013 sont encourageantes – 9 323 touristes chinois, soit 67 % de croissance par rapport à 2012. L’Inde reste également très prometteur avec 16 % de croissance au premier trimestre 2013 », observe Jocelyn Kwok. Le marché russe, lui, pose problème. « Au premier trimestre, nous avons déjà perdu plus de 30 % des arrivées, avec seulement 5 113 touristes contre 7 337 à la même date en 2012 ».

De son côté, le ministre du Tourisme, Michael Sik Yuen, se montre optimiste. Il dit miser sur une stratégie à deux niveaux pour boosterles arrivées touristiques : la diversification des marchés, en capitalisant sur le boom asiatique, et la consolidation des marchés européens. « Il y a un boom sur le marché asiatique et les opérateurs se tournent davantage vers les marchés comme l’Asie, le Moyen-Orient, la Chine et la Russie. Les chiffres vont augmenter chaque année, voire même doubler dans certains pays. Les recettes touristiques et l’emploi dans le secteur du tourisme vont certainement connaître une hausse et il est bon de noter que les Russes sont parmi les touristes qui dépensent le plus quand ils voyagent - Rs 8 000 par personne par jour à Maurice », explique Michael Sik Yuen. 

Si l’Allemagne, la Suisse, l’Angleterre, l’île de la Réunion, l’Inde et la Chine ont totalisé à eux seuls 110 000 visiteurs, par contre, l’on compte 90 000 touristes en provenance des deux marchés importants que sont la France et l’Italie.

Cela, alors que pendant le premier trimestre de 2013, le nombre de touristes français ayant visité le Sri Lanka a augmenté de 8 %. Et, le marché européen, dans l’ensemble, a crû de 13 % vers cette destination.

Les arrivées touristiques vers Maurice ont baissé de 13 % (France)et 7,5 % (Europe). Par ailleurs, en avril, les arrivées en provenance d’Europe ont chuté de 4,5 %, et celles du continent noir ont reculé de 12,5 %.

Pour combler ce déficit, les autorités fondent leurs espoirs sur Air Mauritius qui effectue de gros investissements en Asie. « Depuis janvier, la compagnie aérienne nationale opère sept vols vers Shanghai. En juillet, elle procédera à son vol inaugural vers Pékin. D’autres lignes directes vers la Grande péninsule sont également prévues », déclare Michael Sik Yuen. Et d’ajouter que « la connexion Emirates permet également d’attirer les touristes russes vers Maurice. Pour l’instant, on n’a pas de vol direct reliant nos deux pays ».Jocelyn Kwok reconnaît les retombées positives de la diversification des marchés.

« Les efforts de diversification continuent à apporter des résultats intéressants. En 2010, l’Europe représentait 64 % de nos arrivées touristiques et en 2012, seulement 56 %. L’Inde, la Russie et la Chine, qui pesaient ensemble 7 % en 2010, constituent maintenant plus de 10 %. L’Afrique du Sud et la Réunion, qui représentaient 21 % des arrivées en 2010, affichent à ce jour 24 %. »

Ministère du Tourisme : contrer la saison basse

Le ministère travaille, en ce moment, de concert avec des partenaires du privé, afin de contrer la saison basse. « Nous avons déjà établi nos plans d'action sur plusieurs marchés, tels que la Réunion, l'Afrique du Sud, l'Australie, l’Europe et les pays asiatiques comme la Chine, l'Inde et la Russie ».
Et,« on s'attaque très fort à la saison basse. Avec les autres partenaires, nous nous concentrons sur les marchés réunionnais et sud-africain. Pour l'Afrique du Sud, nous encourageons les voyages en famille et le billet d'avion gratuit pour deux enfants âgés de moins de 12 ans. Pour ceux qui sont en voyage de noces, nous proposons des offres attrayantes. Les voyages de presse suivront », laisse entendre la Mauritius Tourism Promotion Authority.

L’Ahrim : meilleure coordination avec les parties prenantes

« Il nous manque, depuis un certain temps, un plan d’ensemble. La stratégie de croissance admet des quantités, des valeurs et des limites qu’elle se doit d’établir. Nous parlons de relancer une feuille de route avec l’ensemble du secteur et les autorités afin de guider nos choix et nos actions à l’horizon 2018 ou 2020 », explique Jocelyn Kwok, CEO de l’Ahrim.
L’association travaillera davantage pour faire aboutir la restructuration de la MTPA en faveur d’une meilleure coordination et concertation des efforts de promotion à l’étranger, sans compter les initiatives pour l’aérien. Au programme : des politiques plus fortes de tourisme durable et de préservation de la qualité, et plus de sollicitation des autorités sur les mesures nécessaires au maintien des opérations du secteur dans le contexte présent.
« Nous devons absolument éviter une répétition des pertes de l’industrie causées par l’appréciation de la roupie vis-à-vis de l’euro et de la livre sterling entre janvier 2010 et août 2012. Les pertes sont estimées à quelque Rs 3,8 milliards ! » souligne Jocelyn Kwok.
Et de poursuivre : « Sil’aérien qui se dessine va nous dicter des hubsau détriment du non-stop, et des prix de billets qui ne feront qu’augmenter plus vite que tous les autres composants de coût, alors il faudra faire certains choix. Difficiles, certes, mais pas impensables, pour le pays lui-même, et par rapport à ses propres ambitions. »
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