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Un environnement macroéconomique toujours incertain

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Un environnement macroéconomique toujours incertain | business-magazine.mu

Quel va être l’environnement économique pour Maurice en 2013 ? Sur le plan international, il semblerait qu’une certaine embellie soit perceptible.

Récemment de passage à l’île Maurice, Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire International (FMI), a déclaré que « les prévisions pour 2013 sont meilleures que celles de 2012 » et « qu’il y a une légère amélioration dans le monde » notamment aux Etats-Unis.

Le FMI table sur une croissance américaine de 2,1 % pour cette année, l’agence de presse financière Reutersannonce 2,3 % et la banque américaine JP Morgan 1,7 %. La politique de « quantitative easing » pratiquée par la Réserve Fédérale, qui passe par des injections de liquidités via des rachats massifs d’actifs, semble commencer à porter ses fruits outre-Atlantique comme le confirme l’embellie constatée sur le marché du travail. L’économie américaine continue, en effet, à créer des emplois (+ 155 000 en décembre) et le taux de chômage s’est stabilisé à 7,8 %. Par ailleurs, la menace du « fiscal cliff » a disparu, ce qui a soulagé l’ensemble de la communauté financière en lui procurant une meilleure visibilité.

Pour la zone euro, le rebond sera certainement moins marqué. Le FMI prévoit une croissance de 0,2 %, Reutersannonce 0,1 % et JP Morgan 0,1 %. De son côté, le prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz (photo) estime que « le vrai risque pour l’économie mondiale se situe en Europe ». Selon lui, les pays comme l’Espagne ou la Grèce « se trouvent dans une dépression dont on ne voit aucun signe de sortie ». En revanche, au Royaume-Uni, l’activité devrait redémarrer après la récession enregistrée en 2012. Les estimations de croissance vont de 1,1 % à 1,8 %. Par ailleurs, le FMI vient de réviser à la hausse ses prévisions de croissance pour la Chine et l’Inde.

Vu l’exposition de Maurice au monde, l’impact du contexte international sur l’économie locale restera majeur. Le redémarrage de l’activité aux Etats-Unis et au Royaume-Uni constitue une bonne nouvelle notamment pour les exportateurs. En revanche, la quasi-stagnation de la zone euro reste préoccupante en particulier en ce qui concerne le tourisme. Quant à la croissance soutenue attendue en Inde et en Chine, elle confirme la nécessité pour le pays de diversifier ses marchés.

 

Optimisme des Finances

Quoi qu’il en soit, selon Statistics Mauritius, la croissance mauricienne pour 2013 devrait atteindre 3,7 % contre 3,3 % en 2012. Au ministère des Finances, on est encore plus optimiste en tablant sur 4 %. Statistics Mauritius base ses prévisions sur plusieurs hypothèses : une production de sucre raffiné et de sucres spéciaux de 400 000 tonnes (-3 % par rapport à 2012), une progression de 2 % de l’industrie manufacturière, un recul de 2 % de la construction, un rebond de 3,5 % du tourisme basé sur l’hypothèse de
1 million d’arrivées et une augmentation de 5 ,5 % de l’activité dans la finance et l’assurance.

L’horizon n’est pas entièrement dégagé pour autant. Sur les marchés internationaux, les prix des denrées alimentaires restent élevés. A tel point que le Food Indexde la FAO flirte régulièrement avec ses plus hauts niveaux historiques.

Sur les marchés pétroliers, la reprise mondiale pourrait entraîner une remontée des cours. Sans parler d’une éventuelle flambée des cours liée à un regain de tension entre Israël et l’Iran. Par ailleurs, les perspectives de croissance aux Etats-Unis et de stagnation en zone euro pourrait entraîner une hausse du dollar face à la monnaie unique européenne et, par ricochet, un affaiblissement de la roupie. Les risques de hausses des prix alimentaires et énergétiques alliés à une hausse du dollar constitueraient un cocktail explosif pour Maurice car ils impliqueraient une hausse de l’inflation importée. Cela n’a d’ailleurs pas
échappé à la Bank of Mauritius et à son comité de politique monétaire (CPM). Et c’est sans doute, l’un des plus grands risques que va courir l’économie mauricienne en 2013. Car la reprise de l’inflation va irrémédiablement entraîner une hausse des taux d’intérêt. A l’issue de leur dernière réunion, les membres du CPM ont déjà noté des signes de résurgence des tensions inflationnistes et ont souligné que les risques de hausses de l’inflation étaient plus tangibles en raison des prix élevés des denrées alimentaires, de la récente dépréciation de la roupie, de l’impact de la hausse des salaires dans la fonction publique et des dernières mesures budgétaires. Une hausse des prix des carburants à la pompe est également attendue. Ce qui contribuera à alimenter la hausse de l’indice des prix à la consommation.

 

Headline Inflation de 6 % en 2013

Ces perspectives se reflètent d’ailleurs dans les prévisions du Budget qui tablent sur une inflation moyenne sur 12 mois (headline inflation) de 6 % en 2013 contre 4 % fin 2012.

Si l’unanimité s’est faite autour d’un possible redémarrage de l’inflation, elle ne s’est pas faite, du moins pour l’instant, sur les moyens de la combattre. Pour certains, un réajustement marginal à la hausse du taux repo lors de la dernière réunion du CPM aurait constitué un signal marquant la préoccupation non seulement vis-à-vis de l’inflation, mais aussi de l’épargne.

Pour les autres, il s’agissait, avant tout, de ne pas peser sur l’activité économique en durcissant les conditions de crédit d’autant plus, qu’ils estiment qu’il est trop tôt pour voir l’impact des mesures budgétaires sur l’économie. Mais une chose est sûre et certaine : le cycle de baisse des taux est bel et bien terminé. Et c’est plutôt, un tour de vis monétaire qui est attendu dans les prochains mois. Cette éventuelle hausse des taux devrait mécontenter les exportateurs et les hôteliers qui réclament à cor et à cri une baisse de la roupie afin de rester compétitif sur leurs marchés et de préserver leurs marges. Pour les entreprises endettées, un possible tour de vis monétaire entraînera un alourdissement du fardeau du remboursement des emprunts. D’un autre côté, un relèvement des taux permettrait de ralentir la hausse du dollar et de préserver autant que faire se peut le pouvoir d’achat de la population. En outre, il permettrait de mieux rémunérer l’épargne. C’est du moins la position que défendent la Banque centrale et son Gouverneur Rundheersing Bheenick.

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