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Aménagement paysager : Les opérateurs dans l’attente d’une embellie

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Aménagement paysager : Les opérateurs dans l’attente d’une embellie | business-magazine.mu

Plombé par le ralentissement dans les nouveaux projets immobiliers et fonciers d’envergure, l’aménagement paysager respire tant bien que mal en attendant une embellie à l’horizon 2017. La croissance constante dans la demande de la clientèle domestique est entre-temps une petite bouffée d’oxygène pour une grande partie des prestataires.

Secteur économique à part entière, l’aménagement paysager est tributaire du secteur de la construction et du développement immobilier.

Suivant la tendance post-2008 qui plombe ce marché, les prestataires engagés dans les produits-biens-services de jardin, la création d’espaces verts et d’aires de recréation ainsi que dans l’art paysager se retrouvent confrontés à un ralentissement dans leurs activités. La diminution dans le nombre de grands et de nouveaux projets d’aménagement paysager, de créations d’espaces verts et de zones de loisirs, aussi bien privées que publiques ne leur donne aucune visibilité sur l’avenir. La fameuse embellie, ils ne l’entrevoient pas avant 2017. Fort heureusement, la croissance constante dans la demande de la clientèle domestique apporte quelques couleurs à ce marché.

«En cette année de COP21, il n’est plus possible de nier l’importance de nos entreprises du paysage et de nos métiers pour répondre aux enjeux environnementaux et de santé publique (…)», énonce Catherine Muller dans l’édito de la présentation des Chiffres Clés 2015 des Entreprises Paysage en France. Cette prise de position de la présidente de l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (UNEP) rappelle l’importance de ce secteur d’activités. Au-delà d’embellir ou de participer à l’embellissement des paysages, jardins et espaces extérieurs, l’aménagement paysager contribue au bien-être, à la respiration des lieux de vie et de travail, et bien sûr au volet environnement et écologie.

Ce marché regroupe selon la définition de l’UNEP (vu qu’aucune définition standard n’est employée localement) des entreprises et des entrepreneurs engagés dans l’offre de produits-biens-services-concepts aussi bien pour les jardins individuels, que pour les parcs urbains, l’ensemble des espaces verts, les activités de boisement et de reboisement, et les «aménagements extérieurs liés aux habitations collectives, aux installations publiques diverses ou encore les ensembles sportifs, aires de jeux et terrains de camping».

Un secteur à deux vitesses

Secteur diversifié, l’aménagement paysager est étroitement lié au secteur de la construction et du développement immobilier. Alors qu’ailleurs, c’est un secteur économique à part entière desservant les projets du secteur public (collectivités locales, institutions étatiques et paraétatiques, etc.), les commandes de la clientèle privée (commerciale, hôtelière, résidentielle, mixte, etc.), et domestique. «Localement, l’aménagement paysager est un secteur d’activités à deux vitesses. Avec les morcellements, IRS, RES et particuliers qui verdissent leurs espaces, d’un côté. Malheureusement, d’un autre côté, l’aménagement paysager fait grise mine au niveau des installations publiques», constate Saloni Soopramanien, Nursery Officer d’Endemika Nursery & Café, pépinière installée à Petit Raffray.

Avec le nombre en baisse de nouveaux et grands projets sur le marché de la construction et du développement immobilier, dans le sillage des répercussions post-2008 de la crise immobilière mondiale, les activités des opérateurs de l’aménagement paysager sont au mieux dans une phase de stagnation, et au pire dans une phase de décroissance. Cette situation affecte le volume d’affaires et les marges des entreprises engagées dans ce domaine d’activités.

Engagée depuis six années dans ce secteur d’activités hautement concurrentiel et en constante évolution, avec la fourniture de machines dédiées à l’entretien de parcours de golf, de jardins, d’espaces verts et de plages, Robert Koenig (Jr) de SMAG s’accorde à dire que l’aménagement paysager a atteint une phase de stabilisation depuis les deux dernières années.

Benoit Mariette, General Manager d’ESP Landscapers, entreprise de services de paysagisme, décortique la situation. «C’est un marché ultra-compétitif où le prix dicte la demande, avec une part de gâteau qui se rétrécit dans le domaine de l’immobilier au fil des années», soutient-il.

Clientèle domestique grandissante

Benoit Mariette note plusieurs compagnies de petite taille sur le marché actuellement : «Il y a moins de grosses compagnies, ce qui fait qu’à un moment donné, on se retrouve tous sur les mêmes projets. Notre avantage à nous réside dans le fait de faire partie du groupe ENL. Avec le pôle immobilier d’ENL, il y a pas mal de projets qui sont en cours. Nous faisons partie intégrante de la réalisation de ces projets.»

Durant la période 2014-2015, poursuit Benoit Mariette, un grand nombre de compagnies avec des activités dans l’aménagement paysager ont fermé. Saloni Soopramanien d’Endemika Nursery & Café parle de situation de «survie» pour la filière paysage en 2015. S’adaptant au ralentissement sur ce marché, qui s’imprègne de la morosité dans la construction et le développement économique, d’autres entreprises ont entrepris de revoir à la baisse leur volume d’activités dans ce domaine et la plupart, dit-elle, se sont ainsi tournées vers les particuliers.

Tournant le regard vers le passé, le General Manager d’ESP Landscapers se souvient que l’aménagement paysager a beaucoup évolué avec le secteur touristique. «Il a connu un boom considérable avec les projets IRS-RES. Puis son volume d’affaires s’est recentré sur les projets de centres commerciaux et autres malls. Aujourd’hui, c’est la demande de la clientèle domestique, en progression, qui maintient les activités», observe-t-il.

Certes, les rénovations d’hôtels et les services d’entretien pour les projets livrés constituent des sources de revenus alternatives non négligeables, mais ces types de projets ne peuvent compenser le manque à gagner avec la quasi-inexistence de nouveaux projets d’envergure dans le secteur immobilier.

La progression dans les prestations orientées vers les particuliers dans le domaine de l’aménagement paysager se dessine depuis trois ans, observe Benoit Mariette, et la demande croissante de la clientèle domestique pour les produits-services-biens-concepts de la filière paysage est couverte majoritairement par les petites structures du secteur.

Le General Manager d’ESP Landscapers note parallèlement une légère reprise du côté du segment IRS avec de nouveaux projets de villas.

Mais, ajoute-t-il, aucune amélioration n’est attendue dans la filière paysage pour la période 2015-2016, soit la même situation qu’en 2014-2015. Même état des lieux du côté de la Nursery Officer d’Endemika Nursery&Café. «Les gros projets, à part Mont-Choisy, n’ont toujours pas démarré. 2016 sera encore une année difficile», constate cette dernière. Une embellie, avance Benoit Mariette, est attendue à partir de 2017.

Dans un futur plus lointain, les villes intelligentes envisagées sont appelées à devenir les nouveaux relais de croissance de la filière paysage. «Nous pensons qu’avec la prise de conscience de l’importance de l’environnement dans les futurs développements fonciers (Smart cities, etc.), cette filière est appelée à jouer un rôle encore plus important dans le développement et le maintien des espaces verts, ce qui l’emmènera à renouer avec une croissance certaine et pérenne», soutient notre interlocuteur de SMAG.

Avec son concept Work, Live, Play, l’aménagement paysager s’imbriquera inéluctablement dans les projets Smart cities. Saloni Soopramanien. «Il suffit de voir chez nos voisins réunionnais comment les villes sont bien verdies», fait-il ressortir.

Avec la conscientisation autour des enjeux environnementaux à Maurice mais aussi d’une population de plus en plus exigeante par rapport à son confort et son bien-être, le concept est appelé à se répliquer dans d’autres projets de développement fonciers et infrastructurels. Le début d’un secteur économique à part entière pour la filière paysage.

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