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Biscuiterie : la production locale en quête d’un nouveau souffle

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Biscuiterie : la production locale en quête d’un nouveau souffle | business-magazine.mu

Denrées très choyées des consommateurs de toutes les tranches d’âge à travers le monde, les biscuits constituent un marché en bonne santé à Maurice, principalement tiré par l’importation. Plusieurs freins existent cependant, endiguantl’épanouissement de la biscuiterie locale.

Plaisir gourmand, goûté, astuce pour garder la forme ou simple petit déjeuner rapide, le biscuit fait partie intégrante du mode de vie des Mauriciens. Si de nos jours, les rayons des grandes surfaces sont remplis d’une grande variété de biscuits, composée autant de produits locaux qu’importés de différentes régions du monde, comme l’Asie et l’Europe, une large partie de la population mauricienne a grandi en consommant ceux de la marque Subana et les fameux «biscuits Cabine».

La consommation de biscuits démontre une tendance générale à la hausse, avec 3 252 840 kilos de biscuits pour une valeur de Rs 348,87 millions importés en 2015, contre 3 252 360 kilos de biscuits pour une valeur de Rs 315,71 millions en 2014. 880 657 kilos de biscuits pour une valeur totale de Rs 91,25 millions ont été importés au cours des trois premiers mois de 2016.

L’exportation de biscuits fabriqués localement a cependant connu une chute alarmante, régressant de 380 887 kilos pour une valeur totale de Rs 15,09 millions en 2013 à 143 203 kilos (Rs 9,04 millions) en 2014 et ne s’est chiffrée qu’à 45,382 kilos (Rs 3,38 millions) en 2015. Une reprise est cependant attendue car les chiffres pour les trois premiers mois de 2016 affichent déjà une exportation de 45 539 kilos de biscuits pour une valeur totale de Rs 3,38 millions.

Le marché de la biscuiterie demeure de ce fait largement dominé par les importations, ce qui pousse certains producteurs locaux à se tourner vers l’exportation car le marché local, certes compétitif, est limité par sa petite population.

Paul Ah Lim, General Manager d’ABC Foods, trouve le marché des biscuits extrêmement compétitif, et il existe, indique-t-il, de nombreuses marques et de produits avec plusieurs gammes de prix. «Ce marché reste surtout axé sur le rapport qualité-prix. Les marques déjà établies comme Bakers sont aujourd’hui des références en termes de qualité. Cela fait longtemps qu’elles ont gagné la confiance des consommateurs mauriciens», note-t-il.

Production en Inde et en Chine

Pour Yashveer Takoordyal, Head of Marketing de Freelance Distributors, entreprise qui a relancé la marque Subana en 2015, le marché de la biscuiterie locale englobe maintenant un large portfolio ; une réelle évolution depuis les débuts de Subana il y a environ
40 ans. On vit désormais dans un monde de spécialisation, poursuit Yashveer Takoordyal, où la production de plusieurs biscuits est sous-traitée auprès d’entreprises se spécialisant dans la fabrication uniquement, alors que la partie recherche et développement (R&D) demeure auprès de la maison mère.

La production moderne de biscuits, explique-t-il, peut être catégorisée en trois segments distincts : la recherche et le développement, le brand and distribution, et les revendeurs. Les raisons de cette structure sont multiples, explique Yashveer Takoordyal. Tout d’abord, le coût de production à Maurice reste élevé par manque d’incitations financières de la part des autorités concernées. «Les incitations mises en place ne sont pas adaptées aux besoins de marché», commente-t-il.

Freelance Distributors préfère ainsi sous-traiter la fabrication des biscuits de la marque Subana auprès d’une unité de fabrication à Hyderabad, en Inde, alors qu’une grande quantité des biscuits de la marque locale LKS sortent des usines en Chine.

La production locale des biscuits Subana est cependant bel et bien dans les projets de l’entreprise, de même que l’assaut du marché africain, qui offre un potentiel énorme avec plus d’un milliard de consommateurs. Freelance Distributors se trouve actuellement en phase de finalisation de ces projets et attend le prochain Budget 2016-2017 – qu’elle espère contiendra des incitations fiscales et financières attrayantes pour la production locale.

Si les Mauriciens sont friands de biscuits, n’empêche qu’ils sont tout de même sélectifs. Au moment de remplir le caddie, ils choisissent la marque et le type de biscuit selon leurs habitudes de consommation veillant à bien vérifier leur contenance en sucre, sel, colorants et autre produit conservateur.

Tendance au sugar-free

On remarque ainsi que le bien-être et la santé prennent une place de plus en plus importante dans le choix de produits d’alimentation dans les ménages, commente Paul Ah Lim. Les Mauriciens sont aujourd’hui très sensibles à la santé, pas seulement pour garder la ligne ou maigrir, mais surtout pour rester en forme et maintenir l’équilibre alimentaire, dit-il. «De plus, avec l’accélération du rythme de vie, on remarque que les consommateurs ont moins de temps pour prendre un repas complet. ABC Foods commercialise plusieurs produits, dont la gamme Good Morning Breakfast qui est composée de quatre céréales. Elle offre une option rapide, elle est riche en nutriments et est pleine de bienfaits pour la santé. Nous distribuons aussi la gamme Provita dans ce segment. Véritables alliés minceur, ces biscuits au blé complet sont riches en fibres et pauvres en matières grasses», souligne Paul Ah Lim.

De son côté, YashveerTakoordyal fait ressortir la montée en popularité de la gamme slim et sugar-free, suivant la prise de conscience des Mauriciens sur l’importance d’une bonne santé. Christina Sam See Moi, Senior Manager - Commercial Division d’Innodis, importateur de biscuits, constate que la gamme sugar-free est consommée principalement par les diabétiques, mais aussi par ceux qui sont soucieux de contrôler leurs poids. Il faut cependant faire attention aux édulcorants artificiels, qui ne sont pas forcément de meilleures alternatives au sucre pour la santé.

«La concurrence est très féroce pour la grande majorité des produits alimentaires que nous produisons. Les coûts de production, notamment des matières premières, ne cessent de grimper. Nous sommes aussi confrontés aux fluctuations de devises même si le prix d’une commodité n’est pas le seul facteur qui détermine le choix du consommateur», avance-t-elle.

D’où la nécessité de toujours maintenir la qualité des produits, d’optimiser l’utilisation des ressources et d’effectuer un contrôle régulier des coûts de production et d’opération. Innodis essaie également de diversifier ses sources d’approvisionnement et d’innover pour s’adapter aux habitudes alimentaires des Mauriciens, dont une grande majorité devient de plus en plus soucieux de leur santé.