Boissons de l’été : S’adapter aux attentes d’une clientèle moins dépensière

La consommation de boissons fraîches atteindra son zénith pendant ce mois si chaud de décembre. Malgré la hausse dans les ventes, les sociétés évoluant dans ce secteur sont toutes d’avis que les conditions de cemarché demeurent compliquées, puisqu’Il est dicté par les nouvelles habitudes du consommateur mauricien.

Le retour de l’été et de ses beaux jours est synonyme de grande chaleur. Et comme chaque année, pour éviter la déshydratation, il est préconisé de boire beaucoup d’eau. Ainsi, cet été, eau plate ou pétillante, jus, milk-shake, boissons alcoolisées ou non verront leur consommation grimper. Un point relevé par Christina Sam See Moi, Senior Manager - Commercial d’Innodis. «Le choix de boissons est de plus en plus grand, allant de la simple bouteille d’eau au yaourt à boire en passant par les jus de fruits, le thé glacé, les jus de légumes, les boissons de soja, les boissons vitaminées, le milk-shake, les cocktails, l’eau gazéifiée au parfum de fruits, l’alouda, les boissons gazeuses, l’eau aromatisée, les boissons aux fruits, et bien d’autres», dit-elle.

ReazGunga, Agro-Industry Manager aux Vergers de Labourdonnais, ajoute que pendant cette saison, pour répondre à la grande demande, l’usine produit 50 % de plus comparé aux autres mois de l’année. «Il est impératif de noterquel’usine des Vergers de Labourdonnais produit 5 000 litres de jus frais par jour», soutient-il. Phoenix Beverages note, de son côté, «généralement une hausse de l’ordre de 20 % pour les boissons rafraîchissantes.»

En sus de l’installation de l’été, la demande pour les boissons atteindra des pics en décembre avec la période festive. Un fait que confirment les distributeurs et fabricants de boissons. «Généralement stable tout au long de l’année, la demande pour les jus connaît une forte hausse pendant la période estivale. Un élément amplificateur de cette demande est la période festive, où le consommateur a tendance à consommer beaucoup plus de boissons», communique Paul Ah Lim, General Manager d’ABC Foods. Un avis que partage Christina Sam See Moi, qui confirme qu’effectivement «en décembre, la demande pour la période des fêtes est beaucoup plus prononcée.»

Phoenix Beverages (PBL) note également une hausse particulièrement pointue durant ce mois festif. «Cela dépend des boissons. À PBL, nous avons toute une gamme de produits, certains plus consommés en hiver que d’autres (la Guinness et la Special Brew, par exemple, mais typiquement les gazeuses restent des boissons estivales, et encore plus durant les fêtes de fin d’année», souligne Patrice Sheik-Bajeet, Senior Marketing Manager de PBL.

Un consommateur aux goûts changeants

Ainsi, durant cette saison et ce mois festifs, chez PBL, Coca-Cola «reste la star de cette période pour les boissons gazeuses car en plus d’être naturellement rafraîchissante, cette boisson représente tout un folklore – les fêtes, le père Noël, les célébrations. Mais, en général, nous notons une croissance sur toute la gamme des produits PBL non alcoolisés.» Néanmoins, Patrice Sheik-Bajeet note que cette année, la gamme des boissons non alcoolisées accueille des nouveaux venus tels qu’Eski – qui vient d’être relancée –, et Orangina. «Nous nous attendons à voir la même tendance cette année. Pour ce qui est des bières, Phoenix rime toujours avec plage, fêtes, barbecues et surtout mauricien.»

Cependant, nos interlocuteurs ­sont tous du même avis :aujourd’hui, le consommateur mauricien a des goûts différents. En d’autres mots, ils consomment différemment. En effet, même en période de fêtes, le Mauricien se montre très soucieux de sa santé, de saligne et privilégie de ce fait des boissons nourrissantes, naturelles et peu caloriques. «Le consommateur mauricien attache de plus en plus de l’importance à sa santé, et cela se reflète au niveau de ses achats», observe Christina Sam See Moi. Reaz Gunga des Vergers trouve que le Mauricien se tourne de plus en plus vers les jus de fruits frais et certes, aux arômes naturels : «D’ailleurs, nous mettons un point d’honneur à garder en sus des qualities organoleptiques, toutes les fibres alimentaires présentes dans le fruit afin de proposer un produit riche en fruit et avec beaucoup de bienfait.»

Être à l’écoute du consommateur.C’est la stratégie dans laquelle s’engagent les distributeurs locaux pour satisfaire les nouvelles exigences du Mauricien. Patrice Sheik-Bajeet reconnaît qu’une certaine partie de la population mauricienne devient de plus en plus attentive aux valeurs nutritives des produits consommés mais qu’«au fond, le Mauricien demeure attaché à des valeurs, à des goûts bien précis qui ne changent vraiment pas.» Ainsi, afin de mieux répondre aux nouvelles demandes du consommateurmauricien, le Senior Marketing Manager de PBL est d’avis qu’une approche segmentée est de plus en plus nécessaire «pour une île qui se modernise. De ce fait, nous parlons tous les jours, toutes les semaines à nos consommateurs pour les comprendre et produire ce qu’ils veulent ; c’est la seule façon de faire. On ne peut pas se permettre de produire et s’attendre à ce que les Mauriciensacceptent et aiment ce que nous faisons. Après tout, toutes les innovations viennent d’eux.»

Des boissons plus saines

C’est également le cas d’Innodis, qui a décidé de jouer la carte de l’innovation en introduisant un plus grand nombre de produits sains, qui s’inscrivent dans une logique santé. La compagnie a missur le marché des produits qui contiennent des cultures probiotiques, qui facilitent la digestion etaident à renforcer le système immunitaire. Cette année, en sus des jus de fruits, Innodis proposera des boissons riches en calcium. «Les yaourts à boire KickStart, le laitcaillé DairyVale ou encore notre lait aromatize Olé sont également des boissons prisées pour se réhydrater par une belle journée d’été. Ce sont des boissons à base de lait qui sont riches en calcium», soutient Christina Sam See Moi. La société va plus loin en proposant pour certains de ses produits des versions light et sans sucre ajouté. Des produits sont destinés à ceux qui désirent garder la ligne.

Maurilait Production mise, elle, sur le succès des jus J. «Force est de constater le succès de J depuis son lancement, l’année dernière. Nos campagnes de publicité ainsi que les ‘roadshows’ organizes sur les plages de l’île ont eu l’effet escompté. Les Mauriciens ont été conquis par ce nectar de fruits imaginé par des Mauriciens pour les Mauriciens», précise un porte-parole de l’entreprise. J, produit localement par Maurilait Production avec le savoir-faire de Candia France, propose cinq saveurs : la pomme, la pêche, le raisin, la mangue et le tropical.

Les Vergers de Labourdonnais fait part qu’elle investit dans du matériel de pointe dans son usine «qui nous permet de préserver les fruits et d’innover avec de nouveaux parfums. Les deux derniers en date sont : citron-menthe et mangue-menthe. Ce sont deux parfums désaltérants pour cette saison estivale.»

Bien que stable durant toute l’année et atteignant des chiffres record en décembre, nos interlocuteurs laissent comprendre que les conditions de ce marché restent toujours difficiles. Il reste dicté par les choix du consommateur. «Le consommateur est prudent dans ses achats. Il achète utile, en fonction de son budget et de ses priorités», constate Christina Sam See Moid’Innodis. Face à cette nouvelle facette du consommateur mauricien, un nombre grandissant de commerçants s’appuient sur les ventes de décembre pour se refaire une santé. Reaz Gunga, Agro-Industry Manager aux Vergers de Labourdonnais, reconnaît aussi que le Mauricien fait des achats calculés. Il est ainsi nécessaire de s’adapter à ces nouvelles conditions du marché. «Bien que nous proposons des produits de qualité, nous nous efforçons de maintenir des prix compétitifs.Ainsi, nous n’avons pas vu de réel impact sur nos ventes car nous essayons au mieux de répondre aux besoins de notre clientèle», précise-t-il.

Un marché très concurrentiel

S’adapter, c’est également la stratégie qu’a adoptée ABC Foods en mettant sur le marché le jus de fruits 100 % naturel Dewlands en provenance de l’Afrique du Sud ; un choix… naturel car «cette boisson est proposée avec un des meilleurs rapports qualité-prix».

Outre la tendance des Mauriciens d’être moins dépensiers, le marché des boissons de l’été devient de plus en plus compétitif. Un point que souligne Paul Ah Lim, directeur général d’ABC Foods : «Ce marché est très concurrentiel et la période estivale accentuée par les festivités de fin d’année renforcera la concurrence.» Christina Sam See Moi de renchérir : «Il n’y a qu’à voir le nombre de marques présentessur les rayons des supermarchés.» Et Reaz Gunga d’ajouter : «Le marché reste très compétitif avec la multitude de produits disponibles, surtout avec ceux qui sont importés.»

Mais les distributeurs avancent tous que les produits qu’ils représentent et / ou fabriquent sortent du lot. C’est le cas des Vergers de Labourdonnais qui efforce à produire des produits sains et de qualité, afin de garder son authenticité. ABC Foods précise se démarquer de ses concurrents en misant sur des produits de qualité, avec un bon rapport qualité-prix. Quant à Innodis, le groupe estime mettre sur le marché des marques phares, à l’instar de Ceres, de DairyVale, entre autres, qui ont déjà fait leurs preuves et qui «occupant une place de choixdans le cœur des Mauriciens.» Patrice Sheik-Bajeet rappelled que la force de PBL est le fait que la société construit des marques pendant toutel’année : «Nous n’attendons pas décembre pour brader. Nous croyons dans la qualité de nos produits et dans l’expérience de la consommation – et ce n’est pas en décembre qu’on le fait !»

N’empêche, en cette période de fin d’année, sont nombreux à se lancer dans des campagnes publicitaires.C’est le cas d’Innodis.à ce propos, Christina Sam See Moi précise que «nous privilégions des campagnes publicitaires ciblées en fonction du marché que nous voulons atteindre. À travers les années, nous avons beaucoup investi pour faire connaître nos marques, et aujourd’hui, nous avons une
clientèle fidèle, qui a confiance dans la qualité de nos produits.»