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Energie verte : véritable moteur du développement durable

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Energie verte : véritable moteur du développement durable | business-magazine.mu

D’un simple geste écologique comme la récupération des eaux des pluies pour l’arrosage à de plus grandes ambitions comme l’objectif d’atteindre 35 % de la production énergétique renouvelable d’ici à 2025, le développement durable, dicté par le choix d’énergies plus vertes s’inscrit définitivement dans l’avenir de Maurice.

Le terme développement durable gagne en popularité à l’échelle mondiale avec une prise de conscience lente, mais certaine des populations sur le besoin de virer au vert. Dérivé de l’anglais sustainable development, il a été évoqué pour la première fois dans la Stratégie mondiale de la conservation, une publication de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), avant de se répandre quelques années plus tard dans la foulée de la publication, en 1987, du rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, ‘Notre avenir à tous‘ (aussi appelé rapport Brundtland). Le développement durable est issu de cette idée que tout ne peut pas continuer comme avant, qu’il faut remédier aux insuffisances d’un modèle de développement axé sur la seule croissance économique en reconsidérant nos façons de faire compte tenu de nouvelles priorités.

Il repose sur trois principaux piliers : maintenir l’intégrité de l’environnement pour assurer la santé et la sécurité des communautés humaines et préserver les écosystèmes qui entretiennent la vie ; deuxièmement, assurer l’équité sociale pour permettre le plein épanouissement de toutes les femmes et de tous les hommes, l’essor des communautés et le respect de la diversité et, troisièmement, viser l’efficience économique pour créer une économie innovante et prospère, écologiquement et socialement responsable.

Maurice vulnérable aux dommages environnementaux

À Maurice, le développement durable se fraie désormais un chemin dans les actions gouvernementales et des entreprises, alors que le Mauricien lambda se réveille peu à peu au besoin de pratiques plus vertes.

En tant que petit État Insulaire Indépendant, Maurice est particulièrement vulnérable aux dommages environnementaux (perte de biodiversité, érosion côtière, etc.) et aux effets du changement climatique (inondations, canicules…). Cette fragilité est accentuée par une forte dépendance des énergies fossiles (issues du pétrole ou du charbon) importées, indique l’Agence Française de Développement.

Si le feu projet «Maurice Ile Durable» (MID) lancé en 2008 et maintenant aboli a jeté les bases d’une économie plus saine, les nouvelles actions entreprises cette année vont dans cette direction, avec un accent particulier sur l’énergie verte. Maurice ambitionne, en effet, de générer 35 % de sa fourniture énergétique à partir de sources renouvelables d’ici à 2025. Elle a pour cela sollicité l’aide de la France et signé un Protocole d’Entente avec le gouvernement français.

«Nous constatons que le développement durable occupe une place prépondérante dans les objectifs du gouvernement, avec de nombreux projets à venir. Étant dans le domaine des énergies renouvelables, nous pouvons exprimer notre satisfaction après que les autorités ont pris quelques actions concrètes récemment», s’exprime Jamil Kureemun, responsable des ventes et de la communication de SFER Maurice, entreprise spécialisée dans les centrales photovoltaïques.

Jeter les bases d’une économie verte

Il cite l’Expression of Interest du Central Electricity Board (CEB) concernant les projets MSDG (Medium Scale Distribution Generation) supérieurs à 50 kWc qui a été lancé il y a un mois. Cela vise à déterminer combien d’entités sont intéressées à investir dans une telle technologie, afin de réduire leur dépendance des énergies fossiles, et de réaliser d’importantes économies. Plus de 250 dossiers ont été soumis au CEB, qui devra d’ici à quelques semaines publier des appels d’offres à cet égard. Ces projets de centrales MSDG démocratiseront la production d’énergie et permettront à notre île de bénéficier d’une électricité plus propre pour tout en chacun. L’empreinte écologique de notre île diminuera également avec la concrétisation de ces projets.

Le CEB a aussi annoncé, le lundi 24 août, l’ouverture du GRID SSDG (Small Scale Distributed Generation) pour les petits consommateurs (particuliers et professionnels/sociétés). Grâce à un plan de Net Metering, les intéressés (particuliers et professionnels / entreprises) pourront installer de petites centrales photovoltaïques, de 1kWc à 5kWc, et réduire leur facture d’électricité. De la sorte, ils réaliseront d’importantes économies d’énergie tout en produisant de l’énergie verte pour le gestionnaire public (CEB) durant la journée.

«Les autorités mauriciennes encouragent de plus en plus la société collaborative. Chaque personne devient un acteur de la démocratie énergétique ; on passe du chacun pour soi au chacun pour tous. Ces petites unités de production décentralisées permettent de démultiplier les productions et d’éviter ainsi les pertes d’énergie dans les câbles, et donc un éventuel délestage ou black-out : ce que les autorités redoutent depuis quelque temps déjà puisque notre pays est sans cesse en développement. La population grandit, la demande en électricité aussi», soutient Jamil Kureemun.

Déductible des impôts

De plus, tout équipement photovoltaïque (y compris les batteries pour le stockage de l’énergie ainsi récupérée) est désormais déductible des revenus imposables (en vertu de l’article 27C de la Finance Act 2015 : Solar Energy Investment Allowance) depuis le 1er juillet 2015. Cette mesure fiscale s’applique à la fois aux particuliers et aux entreprises (avec la Capital Deduction Allowance qui est toujours valable), et encouragera sans doute de nombreux Mauriciens à faire le pas vers cette technologie, d’un point de vue économique, mais aussi environnemental. Rappelons qu’il n’y a plus aucune taxe (TVA) sur tout kit/centrale photovoltaïque, ajoute Jamil Kureemun.

Il accueille aussi favorablement le projet des Smart cities, qui produiront une grande partie de leur électricité grâce aux sources renouvelables (soleil, vent, eau).

Khalil Elahee, président de l’Energy Efficiency Management Office (EEMO), indique que le développement durable est une question «cut across». Donc, toute la vision de notre développement doit reposer sur le concept de ‘durabilité’. Cela implique que les considérations économiques, sociales et environnementales doivent globalement être intégrées dans le processus de prise de décision.

«Les Smart cities devraient être un bon test case. Vont-elles être autosuffisantes en énergie et en eau, avec des systèmes de transport propres et des provisions pour le tri des déchets ? Peut-on saisir cette opportunité afin de lancer des smart ‘mini-grids’ et favoriser ainsi des systèmes décentralisés ? Si nous considérons le secteur de l’électricité, il y a un besoin urgent d’innovation, non seulement dans la production verte, la distribution intelligente et la consommation efficace, mais aussi en termes de gouvernance et de son cadre institutionnel», avance-t-il.

Pas simplement prolonger une ligne

En fait, poursuit Khalil Elahee, nous ne pouvons pas simplement prolonger une ligne pour accueillir de nouveaux projets de manière aléatoire. Le but de la création de 1 000 emplois dans l’énergie renouvelable avec Rs 6,4 milliards d’investissement du secteur privé ainsi que Rs 16 milliards du secteur public dans les cinq ans est louable, mais le diable est dans les détails, observe-t-il.

Même son de cloche du côté de Pascal Tsin, directeur général d’Udis Ltée, fondateur et promoteur de Super U à Maurice, qui a récemment investi Rs 300 millions pour faire du complexe commercial Flacq Cœur de Ville un bâtiment complètement écologique.

«En choisissant le soleil et la pluie, deux cadeaux du ciel, nous avons voulu diminuer, d’une part, les effets du monoxyde de carbone sur nos activités, par extension sur l’atmosphère, et, de l’autre, les coûts au niveau de la consommation d’énergie électrique», souligne Pascal Tsin. Celui-ci précise être toujours en discussions avec le CEB «qui nous impose une réclamation parce que nous avons choisi d’investir dans l’exploitation de l’énergie solaire ! Ce qui, à nos yeux, est incompréhensible et paradoxal. Au sein de notre société, ayant buté sur pas mal de problèmes d’ordre bureaucratique, je ne pense pas qu’on veuille s’aventurer dans d’autres projets comme celui de Flacq Cœur de Ville. Si le CEB change son fusil d’épaule, nous songerons définitivement à nous engager dans d’autres projets similaires en investissant autant afin de rendre notre autre centre, Grand Baie Coeur de Ville, aussi écologique que celui de Flacq Cœur de Ville.»

Politique transparente d'énergie

Mais avant que cela ne puisse se matérialiser, estime-t-il, il faut que le CEB se recentre sur une politique transparente et solidaire. Pour Pascal Tsin, il y a de belles paroles qui doivent être traduites dans la réalité.

«Je ne comprends toujours pas, et comme moi des experts en la matière, que notre société soit pénalisée parce que nous avons choisi d’exploiter l’énergie solaire. Il y a des efforts à faire pour encourager ceux qui optent pour l’énergie solaire et non les décourager. Les intentions du ministre de l’Énergie et celui de l’Environnement sont excellentes, mais il y a un blocage à d’autres niveaux qui cause préjudice non seulement aux opérateurs économiques, mais également au gouvernement central», soutient Pascal Tsin. Il cite aussi les échos dans la presse ces dernières semaines, parlant de risque de black-out l’année prochaine. «Rien de concret n’est fait pour une implémentation accélérée par le secteur public pour d’autres projets de génération d’énergie renouvelable. Cela me paraît tout à fait incompréhensible

Pascal Tsin insiste aussi sur une campagne plus agressive en faveur de l’utilisation de chauffe-eau solaires, qu’il voit un bon œil. «Il faut investir davantage dans les fermes solaires. Il faut que tous les produits ayant trait à la politique de Save Energy soient exemptés de taxe», insiste-t-il.

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