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Les entreprises profitent de l’essor de la téléphonie par internet

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Afsar Ebrahim (Deputy Group Managing Director de BDO) « Nous n’avons pas assez de Chief Financial Officers » | business-magazine.mu

Après une forte croissance pendant dix ans d’affilée, la téléphonie fixe montre des signes d’essoufflement. Avec l’arrivée des smartphones et tablettes, entreprises et particuliers optent de plus en plus pour une solution mobile quant à leurs besoins de communication. On note aussi une utilisation accrue de la technologie VoIP.

C’est en 1876 que les toutes premières communications fixes font leur apparition aux États-Unis. A Maurice, le tout premier téléphone fixe a été installé en 1883, souligne Sarat Lallah, Chief Executive Officerde Mauritius Telecom.

De nos jours, le marché de la téléphonie est divisé en plusieurs segments : les communications téléphoniques fixes, mobiles et internet. Le marché de la téléphonie en général est ouvert à la concurrence, avec une dizaine d’opérateurs mauriciens et étrangers. « Comme dans de nombreux pays, la téléphonie à Maurice a été développée et structurée grâce à un investissement de l’État, car il s’agit à la base d’un service essentiel pour l’économie et la société, et qui demande de lourds investissements avec une rentabilisation sur le long terme, surtout dans un petit pays comme l’île Maurice », fait remarquer Sarat Lallah. Les liaisons câblées, installées à l’origine pour la téléphonie uniquement, ont été améliorées et ont servi à offrir d’autres services, à l’instar du fax, du transfert des données et de l’Internet.

Djamil Jadoo, Head of Network & Security Business Unitde Blanche, Birger, explique que le marché de la téléphonie d’entreprise a évolué au cours de ces dernières années, pour offrir aujourd’hui un certain nombre d’avantages ‘business’ avec l’utilisation des nouvelles technologies telles que les communications IP (Internet Protocol) et unifiées. Un avis que partage Kailash Jalabhay, Operations Officerd’EME Networks : « Les grands fabricants de produits de réseaux, à l’instar de Cisco et de bien d’autres, ont graduellement introduit leurs solutions de téléphonie IP à Maurice par le biais de partenaires comme EME Networks. »

Les besoins des entreprises

Les entreprises savent ce qu’elles veulent, mais savent pas toujours le formuler. « C’est une tâche parfois ardue de bien comprendre les motivations des entreprises mais à force de discuter avec elles, nous pouvons comprendre les objectifs et ainsi suggérer des solutions. » À Mauritius Telecom, on explique que les entreprises ont des besoins précis, liés au nombre d’utilisateurs, à la durée des communications et au volume de ces échanges.

La téléphonie en entreprise n’a plus le même fonctionnement d’il y a 20 ans. Par exemple, l’utilisateur désire maintenant voir le nom de l’appelant, il veut accéder à la liste des appels en absence, il veut pouvoir consulter sa boîte vocale de n’importe où, il veut avoir un téléphone physique et un autre téléphone en forme de logiciel installé sur son PC. « Il veut une messagerie unifiée avec son Microsoft Outlook et bien d’autres logiciels. Bref, les possibilités autrefois perçues comme des gadgets sont aujourd’hui des demandes essentielles », souligne Djamil Jadoo.

« Aujourd’hui, quand on parle du marché de la téléphonie, on doit faire référence au marché des Tic », laisse entendre Shyam Roy, Chief Executive Officerd’Emtel. Effectivement, le marché de la téléphonie doit son rapide progrès à son alliance avec le réseau informatique. Néanmoins, du côté de Data Communications Ltd (DCL), on explique que c’est le réseau informatique qui a intégré le marché de la téléphonie, et non l’inverse. Un avis que partage le CEO de Mauritius Telecom, qui précise que partout dans le monde, la connexion à Internet a été bâtie sur le réseau téléphonique.

Aujourd’hui, la téléphonie peut se faire sur Internet par le biais de solutions IP (Skype ou encore Viber). Prakash Gopy, Sales & Marketing Manager de Linux Solutions, explique qu’il y a une dizaine d’années, l’infrastructure réseau la plus déployée dans le monde était celle des réseaux téléphoniques analogiques.

Progressivement, ces réseaux ont été mués en réseaux téléphoniques numériques. « Aujourd’hui, avec l’intégration du multimédia, la téléphonie fixe a petit à petit basculé vers le numérique », constate Roodesh Ramsurrun, le directeur commercial de DCL Telecom. Djamil Jaddoo explique que l’avènement de la VoIP (voix sur IP, soit les communications téléphoniques à travers Internet) dans les télécommunications a été ressenti comme un profond bouleversement, créant la même ampleur que quand le télégraphe avait été remplacé par le téléphone. Les entreprises se mettent graduellement à délaisser leurs téléphones physiques pour la téléphonie virtuelle via le PC. Djamil Jaddoo explique qu’effectivement la plupart des logiciels de VoIP proposent depuis quelques années des services permettant d’appeler directement depuis son PC, et ce à des prix attrayants.

Prakash Gopy de Linux Solutions Ltd mentionne le fait que la VoIP requiert relativement peu de bande passante. « Il est donc possible de mettre sur pied son propre réseau privé de communication entre plusieurs sites de l’entreprise, en passant par le réseau Internet. »

Mais la migration vers la téléphonie virtuelle, voire l’option des solutions IP, se fait à petits pas. Conséquence : après la forte croissance de ces dix dernières années, la téléphonie fixe stagne. « À Maurice, l’IP a aujourd’hui atteint un taux de pénétration de 25 %, ce qui est minime. Bref, la téléphonie fixe est arrivée au stade de maturité, et elle stagne. Si elle bascule plus rapidement vers l’IP, le marché sera à nouveau boosté », espère Roodesh Ramsurrun.

L’explosion de la téléphonie mobile

La téléphonie fixe peine à basculer vers le numérique à cause du manque de compétition sur le marché. Alors que la téléphonie fixe stagne, la téléphonie mobile a été une révolution depuis son introduction à Maurice, en 1989, par Emtel. Mais c’est en 1996, avec le lancement de la technologie GSM par Mauritius Telecom – par le biais de sa filiale Cellplus – que la téléphonie mobile connaîtra un véritable boom. « Le pôle des plus fortes croissances est indéniablement le mobile. Il y a aujourd’hui plus de numéros de mobiles qu’il n’y a d’habitants dans la République de Maurice et trois opérateurs – Mauritius Telecom, Emtel et MTML – se partagent le marché », reconnaît Sarat Lallah, CEO de Mauritius Telecom.

Effectivement, le marché de la téléphonie mobile à Maurice, et partout dans le monde, ne cesse d’innover. Pour preuve, la téléphonie mobile numérique a été introduite à Maurice avec le GSM de deuxième génération (2G), qui est rapidement passé à la 2.5G (GPRS et ensuite EDGE).

La 3G, avec ses débits supérieurs, a encore bouleversé le marché et a entraîné l’introduction d’un pallier intermédiaire (3.5G) qui offre des débits théoriques allant jusqu’à 21 Mbps et enfin la 4G a été lancée il y a quelques mois par Emtel et Orange (Mauritius Telecom), mais elle ne couvre qu’une infime partie de l’île. « Si la téléphonie mobile offre aujourd’hui des débits jusqu’à 100 Mbps en 4G et 21 Mbps en 3.5G, la téléphonie fixe n’est qu’à 2,4 Mbps », précise Shyam Roy, CEO d’Emtel.

La 4G marque l’arrivée de smartphones ou encore de tablettes sur le marché de la téléphonie à Maurice. Ainsi, aujourd’hui, la téléphonie mobile a atteint un taux de pénétration de 100%. « Alors que le marché de la téléphonie fixe est relativement stable, celui de la téléphonie mobile et l’internet constituent les vecteurs de croissance pour Mauritius Telecom. 60% de nos ventes de mobiles sont des smartphones et l’introduction des tablettes Orange a permis à ceux qui sont au bas de l’échelle d’avoir accès à l’outil informatique et à l’internet à un prix abordable », ajoute Sarat Lallah, CEO de Mauritius Telecom. Shyam Roy met l’accent sur la fulgurante évolution du marché de la téléphonie mobile. « Auparavant, les téléphones mobiles ne transmettaient que la voix et les SMS. Aujourd’hui, les smartphones et tablettes sont de vrais mini-ordinateurs avec toute une panoplie de ‘user friendliness’ dont les écrans tactiles. »

Pour Prakash Gopy, le phénomène du BYOD – terme anglais signifiant Bring Your Own Device– touche peu à peu les entreprises mauriciennes. « Ce phénomène se propage dans les entreprises mauriciennes. Par exemple, les employés utilisent leurs tablettes ou smartphones au boulot pour des raisons professionnelles.

Certains utilisent déjà leurs smartphones pour synchroniser avec leur PC ou ordinateur portable du bureau. Tout cela est possible avec le poste téléphonique dit intelligent de leur bureau. » En sus, les employés en déplacement loin de leurs postes de bureau peuvent aujourd’hui faire et prendre des appels sur leurs smartphones SIP en WIFI ou sur leurs téléphones Cordless DECT IP.

Mais quel est le prochain défi de la téléphonie mobile à Maurice ? Sans doute d’exploiter la possibilité de pouvoir changer d’opérateur de téléphonie mobile tout en conservant son numéro, un service répandu à l’étranger.

Comment fonctionne la téléphonie d’entreprise

Les entreprises utilisent de nos jours les mêmes architectures, technologies, infrastructures et compétences que les Tic. La téléphonie d’entreprise peut compter sur des performances en continuelle amélioration, dont la vitesse, le débit, la flexibilité, la fiabilité, la qualité des services réseaux, outre l’uniformisation et la normalisation. « Un PABX (Private Automatic Branch eXchange) sert principalement à relier les postes téléphoniques d’une société (lignes internes) au réseau téléphonique public (lignes externes). Il permet de plus la mise en œuvre d’un certain nombre de fonctions, notamment permettre des appels entre postes internes sans passer par le réseau public ; programmer des droits d’accès au réseau public pour chaque poste interne ; proposer un ensemble de services téléphoniques (conférences, transferts d’appel, renvois, messagerie, appel par nom et bien d’autres) ; service vocal interactif ; apporter des services de couplage téléphonie-informatique (CTI) tels que la remontée de fiche », détaille Djamil Jadoo, Head of Network & Security Business Unitde Blanche, Birger.

La compétition relancée sur le marché du fixe

Shyam Roy, CEO d’Emtel, entend bien bousculer les données sur le marché de la téléphonie fixe. Alors que ce marché stagne contrairement à celui de la téléphonie mobile, Emtel relance la compétition : « Le service Home & Office comble le manque de concurrence pour la voix et l’Internet », souligne Shyam Roy.

Ainsi, le service Home & Officed’Emtel offre des services voix, sms, internet et WIFI. Aujourd’hui, Emtel est devenu un ‘one-stop shop’ en couvrant la téléphonie fixe, mobile, l’international, l’internet, les Enterprise Data Solutions, le ‘Data Centre’, entre autres.

La téléphonie endiguée par la crise financière

Le marché de la téléphonie n’a pas été épargné par la crise financière dans le monde. « Le ralentissement de l’économie mondiale a certainement affecté la croissance technologique du marché de la téléphonie. Conséquence : le pouvoir d’achat de la population mauricienne a diminué », estime Sanjay Garg, CEO de MTML. Shyam Roy, CEO d’Emtel, explique quant à lui qu’en période de crise, les entreprises et les particuliers réduisent leurs coûts, ce qui a un impact direct sur la téléphonie. « La tendance est à la stagnation. Certaines sociétés ont poursuivi leurs projets d’investissement avec des réductions de budget importantes, mais elles visent aussi une réduction des coûts. Les entreprises mettent sur pied de nouveaux ‘business models’. Elles entraînent, de ce fait, un mouvement culturel du CAPEX vers l’OPEX (transferts de dépenses en investissement en capital vers des dépenses opérationnelles) », constate Djamil Jadoo, Head of Network & Security Business Unit à Linux Solutions.

La crise mondiale affecte tous les opérateurs téléphoniques à Maurice, d’où la nécessité d’avoir un meilleur contrôle des coûts de communication.

« Les clients peuvent, par exemple, vérifier tous les appels entrants et sortants, et calculer les coûts par utilisateur, par département, par groupe. Avec un déploiement de qualité, la VoIP au sein de l’entreprise permet de faire des économies sur l’infrastructure informatique (câblage, armoire, panneaux de brassage, entre autres) et sur les frais de maintenance. »

Pour le leader des télécommunications, Mauritius Telecom, la crise financière a surtout eu des répercussions sur le renouvellement des équipements : téléphones, systèmes d’entreprise. Sarat Lallah note que les entreprises ainsi que les particuliers font également plus attention à leur budget communication tout en étant plus exigeants.

Les nouveautés

La téléphonie d’entreprisehébergée est la prochaine génération de services de téléphonie d’entreprise. Elle regroupe des fonctionnalités PBX avancées à travers une connexion Internet de haut débit sans nécessité d’investir dans de coûteux systèmes téléphoniques d’affaires. « On ne parle désormais plus seulement de VoIP, mais de communications unifiées. Ces systèmes prennent non seulement en charge les fonctions de téléphonie d’un PABX classique (voix), mais aussi les appels visio, les services de travail collaboratif (comme la messagerie instantanée, la présence, l’organisation de conférences audio, visio ou par le Web) ou la personnalisation des règles sur la possibilité de joindre son correspondant, avec une très grande flexibilité », explique Djamil Jadoo, Head of Network & Security Business Unit de Blanche, Birger.

Shyam Roy d’Emtel concèdeque les débits continueront d’être augmentés.

Du côté de Linux SolutionsLtd, l’intégration de la téléphonie aux systèmes de sécurité (caméras, Safety doors & security intercomet bien d’autres), sera au nombre des nouveautés. « Nous lançons actuellement le dernier-né de la téléphonie IP. Avec la technologie Android, l’ordinateur du bureau, le smartphone et le téléphone du bureau seront tous synchronisés », rappelle Prakash Gopy, Sales & Marketing Managerde Linux Solutions Ltd. Du côté de MTML, l’accent est mis sur les transmissions de données avec l’introduction prochaine de services LTE et WiMax comparables à la 4G. « Ces technologies permettront à nos clients de visionner des vidéo en ligne et de jouer à des jeux interactifs sur leurs appareils mobiles. Les ‘M-commerce’ et le ‘mobile money’ deviendront bientôt une réalité», soutient Prakash Gopy.

Télécommunication : 20 % du turnover de l’entreprise

L’ouverture complète du secteur de la télécommunication à la concurrence se réalise à la fin des années ’90. Aujourd’hui, les entreprises mauriciennes consacrent environ 20 % de leur chiffre d’affaires à la télécommunication. Shyam Roy, Chief Executive Officer (CEO) d’Emtel, note qu’au niveau des entreprises, il existe une forte demande en téléphonie et en Internet car elles veulent rester en contact avec leurs clients locaux et étrangers. « Le marché de la téléphonie d’entreprise a beaucoup évolué dans le sens où la demande en transmission de données est d’autant plus forte. Les chefs d’entreprise réalisent de plus en plus l’importance des moyens fiables pour la gestion et le ‘survival’ de leurs affaires. »

Mobile : plus de 1,2 million d’abonnés

Selon l’ICTA, sur une population d’environ1,3 million d’habitants, environ 1 275 000 sont abonnés à la téléphonie mobile, dont 1 171 982 sont prépayés et 102 238 en abonnement. Par ailleurs, une étude sur le marché de la téléphonie mobile à Maurice, publiée par l’agence irlandaise Research and Markets, estime que l’on comptera 1,6 million d’utilisateurs de téléphonie mobile en 2015.

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