Maurice Allet (Chairman de la MPA) « Port-Louis se positionne comme un centre de transbordement »

BUSINESSMAG. Notre port et les infrastructures connexes sontils sur un pied d’égalité avec les autres ports de la région ? Quelles sont nos forces et nos faiblesses infrastructurelles ?

Port Louis est le troisième port à conteneurs le plus profond de l’Afrique sub-saharienne, avec une prise en charge de navires d’une capacité de plus de 9 000 EVP et un tirant d’eau de 13,2 mètres. Très peu de ports dans la région sont en mesure d’accueillir de tels navires. Sur un quai aligné de 560 mètres, nous comptons 5 grues portiques.

Notre productivité s’élève à plus de 20 ECM (Mouvements équivalents) par heure. La moyenne de la durée de rotation (ship turnround time) du navire est inférieure à 24 heures et les retards d’accostage ont été réduits à pratiquement 1,5 heure.

Les avantages qu’offre notre port ainsi que la qualité de notre service ont positionné Port Louis comme un centre de transbordement incontournable dans la région.

Le trafic global de conteneurs EVP enregistrés se chiffre à 316 076 pour la période de janvier à septembre 2012, indiquant une hausse de 28 % par rapport au chiffre de 246 930 EVP pour la période correspondante, l’an dernier. De même, le nombre de calls des navires enregistrés au cours de la même période est passé de 656 à 718, correspondant à une croissance de 9,5 %.

BUSINESSMAG. Quelle est votre vision à long et moyen termes pour les activités portuaires ?

Notre priorité du jour est notamment l’extension, la consolidation et l’approfondissement du Mauritius Container Terminal existant. Avec des prévisions à l’effet que le commerce captif et celui de transbordement vont croître, on s’attend à une augmentation de la dimension de navires. Nous devrons cibler et attirer de plus grands navires et offrir des services plus compétitifs.

Nous procédons à la planification, dans un premier temps, de l’extension de 240 mètres de quai dans le but de mettre à la disposition des navires un quai long de 800 mètres. Nous planifions de même l’approfondissement du poste d’amarrage à 16,5 mètres et l’extension de la zone de stockage afin d’accroître la capacité totale de stockage à 750 000 EVP.

Ce projet a déjà été lancé et on s’attend à ce qu’il soit opérationnel d’ici à 2015. Nous envisageons aussi d’approfondir le poste d’amarrage à -18 mètres dans le long terme pour faire provision pour de plus gros porte-conteneurs avec de plus grands impératifs de profondeur.

La longueur du quai serait étendue à 1 kilomètre, permettant ainsi d’opérer 3 navires-mères simultanément. Notre vision à long terme ne se limite pas à fournir une capacité portuaire qui soit en avance sur la demande dans un souci de répondre aux besoins de l’économie nationale, mais elle comprend aussi la consolidation de nos assises pour être en mesure d’agir en tant que plate-forme logistique et de services dans la région, en capitalisant sur les ressources et les perspectives de développement des économies avoisinantes.

BUSINESSMAG. La Commission de l’océan Indien (COI) a organisé ce mois-ci un atelier de travail quant à la mise en place d’une ligne maritime régionale afin de renforcer le commerce intra-régional, qui ne représente que 3 - 4 % du commerce total des pays de la COI. Votre avis ?

La MPA soutient l’initiative de la COI pour la mise en place d’un service de cabotage régional. Nous avions déjà envisagé cette possibilité au sein de l’Association des ports de l’océan Indien – qui, en fait, agit comme le bras maritime de la COI.

Nous estimons nécessaire le ralliement du soutien de tous les Etats et parties concernées. Cela a le mérite d’assurer, dans un premier temps, une approche coopérative et harmonisée pour déterminer le volume de cargaison susceptible d’être généré par ce trafic.

BUSINESSMAG. Quels sont les projets pour les deux prochaines années ?

Les ports des îles de l’océan Indien travaillent sur une plateforme logistique commune. Le directeur général, Shekur Suntah, en tant que président de l’Association des Ports des îles de l’océan Indien, se focalise sur la promotion du tourisme de croisière, le développement durable des ressources halieutiques limitées et la mise en oeuvre de mesures pour atténuer l’impact de la piraterie sur le commerce maritime dans la région.

En ce qui concerne Port Louis, les prochaines années verront la concrétisation de grands projets d’infrastructure. Pris en charge par le secteur privé, ces projets comprennent le développement du front de mer aux Salines et la construction de réservoirs LPG (gaz à usage domestique) supplémentaires à Mer Rouge pour l’approvisionnement des pays de la région.

Nous travaillons avec certains protagonistes du secteur portuaire pour améliorer nos services de soutage (bunkering service) qui ont un bon potentiel de croissance.

Nous procédons aussi à l’élaboration d’un Master Plan détaillé pour la région Fort William / Bain des Dames, en tenant compte des exigences de la planification des activités futures.