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Mikado se positionne sur le cadran régional

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Mikado se positionne sur le cadran régional | business-magazine.mu

L’enseigne familiale engagée dans le commerce de montres et de bijoux importés célèbre ses 40 ans. Une success story qui devrait se poursuivre au-delà de nos côtes avec l’ouverture projetée de magasins Mikado dans la région.

L’horlogerie est une histoire de famille chez les Chakowa. Tout commence il y a environ soixante ans, quand feu Manilall Chakowa, père des actuels gérants de Mikado, se lance dans la réparation de montres. Il opère alors dans un modeste local à Vacoas et poursuit, en parallèle, ses activités de coiffeur. À l’époque, Maurice était encore une colonie anglaise, si bien que dans son commerce, Manilall recevait, outre une clientèle mauricienne, un certain nombre de militaires britanniques casernés dans cette même ville. La réputation de l’horloger-coiffeur se fera donc de bouche à oreille et tandis qu’il poursuivra dans cette voie, il prendra le temps d’apprendre à ses fils la maîtrise du délicat mécanisme d’une montre.

Bien lui en a pris puisque, en ce faisant, non seulement Manilall Chakowa a-t-il transmis à Vic, Rajen, Sanjeev et Anand l’amour du métier mais aussi les connaissances de base pour prendre, par la suite, sa succession à la tête de l’entreprise familiale. Anand Chakowa, directeur de l’enseigne, se remémore : «À l’âge de dix ans, je pouvais déjà réparer une montre et mes frères étaient encore plus habiles que moi». Manilall ne se satisfait pas, néanmoins, de la réparation de montres et se met aussi à en acheter auprès d’importateurs de la capitale pour ensuite les revendre.

Le groupe Currimjee, qui représentait à Maurice la célèbre marque japonaise Seiko, sollicite dans les années ’60 l’expertise de Manilall Chakowa en matière de réparation de montres. Pour être à la hauteur d’une demande de plus en plus exigeante et améliorer ses services, l’horloger juge donc nécessaire d’investir dans des équipements de pointe. Nous sommes en 1965 et le fondateur de M. Chakowa & Sons confie à son aîné, Vic, la responsabilité de se rendre en Suisse pour acheter deux machines destinées au nettoyage automatique et au réglage des montres. Avec cette acquisition, l’affaire familiale devient la seule horlogerie à Maurice à posséder ce genre d’appareils et consolide, en conséquence, sa réputation sur un créneau où la précision est de rigueur.

M. Chakowa & Sons connaît un véritable essor et au vu de la qualité de ses services, gagne la confiance du groupe Currimjee. Celui-ci fait de l’horlogerie familiale son représentant officiel, l’autorisant, par là même, à vendre et à réparer les montres qu’il importe. À ce moment-là, commente Anand Chakowa, la concurrence sur le marché local est encore très faible, et M. Chakowa & Sons rencontre un franc succès avec la marque Seiko. Le business familial peut se permettre, dès lors, de viser plus haut. Lorsque le groupe Currimjee propose à Manilall Chakowa de venir s’installer à Port-Louis en vue d’accroître la visibilité de son commerce et son chiffre d’affaires, l’entrepreneur n’hésite pas. Le premier magasin de l’enseigne Mikado voit le jour en 1977 ; il est aménagé dans un espace d’environ 700 m2, d’une superficie nettement supérieure à celui de Vacoas.

Pourquoi Mikado ? Anand Chakowa raconte que, guidé par son flair des affaires, son père eut l’idée de s’inspirer d’une opérette signée Arthur Sullivan, fameux compositeur britannique. La pièce se jouait alors sur les planches du théâtre de Port-Louis. À cette époque, précise le fils de Manilall Chakowa, de nombreux bateaux taïwanais et japonais faisaient escale à Port-Louis et leurs occupants recherchaient des produits exotiques à rapporter dans leur pays : coquillages, tortues empaillées... Pour attirer cette clientèle, Mikado diversifie son offre, cela, d’autant plus que l’espace dont l’entreprise dispose désormais est largement suffisant à la fois pour ses produits et services d’horlogerie et ces souvenirs variés visant un public venu d’ailleurs. Le nom de l’enseigne constitue, lui, un attrait supplémentaire, au vu de la renommée de l’opérette à laquelle il renvoie.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ce premier magasin : l’enseigne représente aujourd’hui 13 magasins et un effectif d’une centaine d’employés. L’horlogerie demeure l’activité principale de Mikado et à la seule marque Seiko qui avait permis à ManilallChakowa de se lancer dans le commerce des montres importées, se sont ajoutées une trentaine d’autres «se trouvant toutes sur le marché international», à l’instar de Tissot, Casio, Lotus, Festina, Pulsar et d’une marque pour enfants, Calypso, entre autres.

L’entreprise poursuit, par ailleurs, son activité traditionnelle, celle de la réparation de montres via un service après-vente offert dans chacun de ses magasins. Par la qualité de ses services et produits, l’enseigne de la famille Chakowa s’est bâti une clientèle fidèle qu’elle continue à développer en investissant dans des campagnes publicitaires. Autre atout des magasins Mikado : leur personnel formé, prêt à aider les clients à choisir la montre correspondant le mieux à leurs besoins ou leurs envies.

En plus des montres, Mikado s’est lancée avec succès dans la vente de bijoux en or, acier et argent en provenance de Dubaï et de France. S’y ajoutent des stylos également importés de l’Hexagone. Anand Chakowa nous précise qu’avant d’être exposés dans leurs magasins, les bijoux sont soumis à des tests de qualité réalisés par les professionnels de la maison Mikado. Les commandes sont effectuées uniquement s’ils satisfont aux exigences de l’enseigne. En sus, afin de suivre les dernières tendances et rencontrer les prestataires du secteur de la bijouterie, les dirigeants de l’entreprise se rendent régulièrement aux salons qui ont lieu en Suisse. Le résultat étant que la clientèle locale a accès à des produits à la pointe de la mode et se démarquant par un bon rapport qualité-prix.

L’investissement personnel des quatre frères Chakowa dans la gestion de l’enseigne familiale se reflète dans la bonne santé financière de celle-ci et un chiffre d’affaires avoisinant les Rs 100 millions. Une hausse du prix de l’or sur le marché international peut affecter les ventes à hauteur de 20 à 25 %, reconnaît Anand Chakowa, ajoutant que ces dernières demeurent autrement relativement stables.

L’offre de Mikado se situe dans le segment milieu de gamme. Quant à sa clientèle, elle est composée à 70 % de Mauriciens et à 30 % d’étrangers, grâce à des points de vente situés dans les zones touristiques. Anand Chakowa nous confie que l’entreprise ambitionne de grandir hors des côtes mauriciennes, évoquant, à cet effet, les marchés rodriguais, réunionnais, malgache et «possiblement comorien». Dans cette perspective, Mikado a engagé des pourparlers avec des partenaires potentiels pour ouvrir des magasins dans les pays concernés. L’option du franchisage n’est pas écartée.