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Raj Dayal : «Un pays sain et ‘eco-friendly’ attirera plus d’investisseurs et de touristes»

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Raj Dayal : «Un pays sain et ‘eco-friendly’ attirera plus d’investisseurs et de touristes» | business-magazine.mu

Le projet Maurice île Durable a certes été abandonné, mais le ministre de l’Environnement dit déployer tous les moyens pour le développement durable, avec une enveloppe de Rs 852 millions allouée pour l’année financière 2015-2016. Tour d’horizon avec Raj Dayal.

BUSINESSMAG. Quelle est votre définition du développement durable ?

Dans le cadre de cette grande vision globale, j’ai choisi comme slogan pour mon ministère et son site web, Cleaner, Greener, Safer Mauritius, pour résumer mon approche et mes interventions quotidiennes sur le terrain, dans le pays. Pour moi, l’être humain est et doit rester au centre de tout développement, dont le déve-loppement durable.

BUSINESSMAG. Quels sont les efforts qui sont en train d’être entrepris au niveau du ministère en ce sens ?

Le développement durable dans la pratique quotidienne inclut la mise sur pied de systèmes de résistance aux effets désastreux du changement climatique. Depuis que j’ai pris mes fonctions ministérielles, le 18 décembre dernier, j’ai été immédiatement appelé à faire en sorte qu’il n’y ait ni perte de vies humains ni perte insoutenable de biens privés pour le pays avec les accumulations d’eau dangereuses suivant les pluies diluviennes de fin d’année, puis le passage dans nos para-ges du super cyclone Bansi. Les autres inondations subséquentes et risques de glissements de terrain et storm surges ou marées de tempête affectant les populations côtières ont aussi été sans conséquences.

En termes de développement durable, de nombreuses mesures ont été prises pour rendre le système d’alerte de la population plus efficace et les interventions de secours à travers le pays plus promptes. Nous avons accéléré la mise en place d’un système d’alerte précoce ou Early warning system qui préviendra au moins six heures à l’avance la population des dangers imminents venant de storm surges. Par ailleurs, nous avons sauvé des vies avec un système permanent d’observation et de sauvetage, le 28 janvier, sur les plages les plus fréquentées.

La sécurité des personnes fait partie du développement durable. Dans le même registre, nous avons initié un effort massif de plantation de 20 000 mangliers et de 200 000 cocotiers dans les régions côtières. Nous propageons aussi des plantes indigènes à travers le pays. En même temps, les plages érodées font l’objet de mesures protectrices par des travaux structurels : apports de sable et de couches rocheuses protectrices qui le retiennent. Nous avons aussi un Beach Ma-nagement Plan s’étalant sur les court, moyen et long termes.

Nous encourageons l’adoption d’énergies renou-velables à travers utilisation de chauffe-eau solaires qui bénéficient de subventions. Des autobus électriques de 100 places feront bientôt leur apparition sur les routes et contribueront à économiser sur le carburant tout en réduisant les embouteillages, avec une influence moindre sur notre carbon footprint.

Nous allons aussi dans la direction des capteurs d’eau de pluie pour usage individuel ou collectif, des lampes solaires pour les besoins de l’éclairage d’endroits publics. Un autre projet durable que le ministère initie actuellement est l’interdiction de sacs en plastique d’origine pétrolière à partir du 1er janvier prochain.

Notre combat contre la destruction de la couche d’ozone inclut, par ailleurs, le lancement d’un projet de formation, à l’Université des Mascareignes, de formateurs en matière de remplacement des gaz nocifs de réfrigération des réfrigérateurs par un produit réfrigérant alternatif et non polluant de cette couche d’ozone qui se rétrécit dangereusement.

Toujours pour que le déve-loppement soit durable, le ministère s’est engagé avec le secteur privé dans le projet Bis Lamer, un véhicule équipé pour la formation des gens, y compris la jeunesse, au respect de l’environnement marin mauricien par des méthodes audiovisuelles efficaces. Nous avons initié également un contrôle plus énergique de la pollution sonore et la pollution de l’air par des véhicules fumigènes. Dans ce contexte, nous avons renforcé l’effectif de la police de l’environnement. Celle-ci verbalise les contrevenants grâce à des moyens technologiques et de travail améliorés. Très bientôt, il y aura un bus de l’environnement. Nous avons aussi un projet d’élevage d’huîtres à Poste de Flacq avec les familles des pêcheurs.

Dans les lagons, nous entreprenons actuellement la reconstitution des fonds coralliens détruits notamment par la pollution dans le cadre d’un projet de plantation de coraux et de réintroduction substantielle de bénitiers, aujourd’hui très rares mais constituant une ressource alimentaire (sa chair) et décorative (sa coquille) très prisée par les pêcheurs de la Nouvelle-Calédonie.

Pour réduire notre dépendance sur l’énergie fossile importée, le ministère a initié le projet de plantation de l’Arundo donax (fatak) sur les terres où la canne à sucre a été abandonnée. Sur le plan des déchets, nous visons à terme un objectif de zéro déchets et la disparition du centre d’enfouissement de Mare Chicose avec le compostage des déchets biodégradables et la production d’électricité – le Waste to energy – et une disposition en toute sécurité des déchets nocifs.

Nous avons installé en août le premier de deux moniteurs de l’air ambiant – un troisième sera ajouté, sans compter les appareils mobiles déjà acquis par le ministère. La liste ne s’arrête pas là. Je viendrai au Parlement avec une nouvelle loi-cadre pour l’environnement à Maurice et je présenterai, à Paris, à la communauté internationale les réalisations et contributions de Maurice dans le cadre de la lutte globale contre les effets climatiques, notamment les mesures que nous prenons et prendrons au niveau national.

BUSINESSMAG. Le projet Maurice île Durable a pourtant été abandonné…

Non. Au contraire, la portée en a été augmentée. Le déve-loppement durable s’est intensifié durant ce mandat, alors que le projet Maurice île Durable ne bougeait pas vraiment sous l’ancien régime. Il y a bien plus de réalisations et de projets de développement durables que le MID d’un gouvernement manquant de réponses proactives, actives et réactives.

BUSINESSMAG. Quel est le montant du budget qui sera alloué pour faire de Maurice un pays plus vert ?

Notre budget de développement pour la période du 1er juillet 2015 au 30 juin 2016 s’élève à Rs 852 millions, selon les prévisions du dernier budget national.

BUSINESSMAG.Vous frappez fort avec l’abolition des sacs en plastique à partir de 2016. Le pays est-il prêt pour des mesures de ce genre, surtout en termes d’alternatives ?

Certes, avec les sacs en plastique biodégradables. Oui, le pays est prêt. La fabrication de sacs en matériaux alternatifs a déjà démarré et les fournisseurs et producteurs, auxquels nous avons donné un délai de six mois, se tournent vers les technologies nécessaires. Il existe un gros potentiel de production de sacs à base de pomme de terre, puisque le marché est d’environ 300 millions de sacs annuellement. C’est une aubaine tant pour les fabricants que pour la communauté agricole, laquelle peut, par exemple, planter de la pomme de terre en interligne pour une fourniture locale et à moindre frais de la matière première.

BUSINESSMAG. Êtes-vous satisfait des efforts entrepris, surtout pour une production énergétique à partir de sources renouvelables ?

Nous adoptons des concepts novateurs et nous les mettons en valeur avec des technologies de pointe. Nous sommes satisfaits que les efforts nécessaires sont entrepris par le gouvernement. À mon niveau, je compte introduire la production d’énergie à partir des déchets, notamment en termes de biomasse avec un mix de feuilles de canne et de bagasse.

Nous avons aussi bien réussi dans le secteur des chauffe-eau solaires. Nous avons élaboré dans le temps prévu les lignes directrices, dont celles concernant l’énergie, en ce qui concerne les Smart cities. D’ailleurs, notre contribution aux INDC (Intended Nationally Determined Contributions) pour le COP 21 à Paris, et dont vous prendrez connaissance bientôt, vous en dira long.

BUSINESSMAG. De manière générale quels sont les bénéfices du développement durable pour notre économie ?

Ils sont nombreux, voire infinis. De manière générale, les Mauriciens vivront mieux dans une Cleaner, Greener and Safer Mauritius. Cela veut dire un air respirable, une terre, un lagon et des mers plus sains où la pollution aura régressé significativement. Une meilleure protection du citoyen contre les désastres. Sur le plan économique, les bénéfices seront énormes. Un pays sainet eco-friendly attirera plus d’investisseurs et de touristes et les Smart cities et autres initiatives généreront du PIB, c’est-à-dire plus de croissance, et aussi des emplois et de nouvelles technologies.

BUSINESSMAG. Pouvons-nous parler du développement durable en tant que potentiel pilier de l’économie ?

 Oui, bien sûr. Les ordures sont de l’or ‘dur’ et peuvent être exploitées commercialement. C’est déjà une activité économique à part entière en égypte, au Caire, et dans plusieurs pays d’Afrique. Mais les sociétés européenne, indienne, chinoise et améri-caine, soit des sociétés industria-lisées, sont très avancées technologiquement au point que le développement durable a un potentiel économique déjà devenu réalité dans plusieurs secteurs, dont les énergies renouvelables, les véhicules électriques ou au biofuel, le captage d’eau de pluie, l’agriculture sur les toits, etc. Maurice ne va pas négliger ce potentiel et nous veillerons à ce qu’il en soit ainsi. Nous avons lancé le 25 août un catamaran fonctionnant à l’énergie solaire, une première à Maurice et une première aussi dans le monde dans le domaine de l’exploitation commerciale des catamarans.

BUSINESSMAG. Pouvons-nous toujours aspirer à une fourniture énergétique de 35 % dérivée de sources renouve-lables d’ici à 2025 ?

Maurice est déjà bien approvisionnée en énergie par des sources renouvelables, principalement l’eau, le soleil, la bagasse, etc. Le gouvernement fera en sorte que cet objectif soit atteint et ce sera une des priorités du projet de développement du pays qui projettera une vision et une planification allant jusqu’en 2030.

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