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Sotravic: utiliser le développement durable comme tremplin vers l’Afrique

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Sotravic: utiliser le développement durable comme tremplin vers l’Afrique | business-magazine.mu

La compagnie spécialisée en génie civil célébrera ses trente ans fin 2016. Un parcours marqué par des projets innovants à dimension écologique tel le Deep Ocean Water Applications (DOWA) - en cours d’étude -, et qui s’oriente désormais vers le continent africain.

Depuis sa création en 1986 par l’ingénieur en génie civil Pierre Ah Sue, Sotravic a toujours œuvré au développement de l’île. Comptant aujourd’hui un effectif de 660 personnes et brassant un chiffre d’affaires d’environ Rs 1,4 milliard, l’entreprise demeure fidèle à son engagement envers l’avancement du pays par le biais d’un projet innovant : le Deep Ocean Water Applications (DOWA).

Avant de s’étendre sur ce projet ambitieux, Emmanuel André, Chief Executive Officer (CEO) de Sotravic, revient sur les débuts de l’entreprise qui fêtera ses trente ans fin 2016. Il rappelle pour commencer que la compagnie a démarré ses activités à l’époque où Maurice, en pleine effervescence économique, était un vaste chantier de construction. Le CEO cite, à ce propos, la mise en place d’infrastructures ayant trait aux routes, à l’énergie, aux télécommunications et à l’eau notamment. Ainsi, durant ses dix premières années d’existence, la société spécialisée en génie civil évolue surtout dans le segment des infrastructures de réseaux, plus précisément celles nécessaires à l’irrigation et à l’acheminement de l’eau potable, intervenant, en outre, au niveau de l’assainissement des eaux usées.

À partir des années 2000, Sotravic fait ses premiers pas dans un autre domaine d’activité, celui de la gestion des déchets solides, avec la prise en charge du centre d’enfouissement technique de Mare Chicose. Ce qui conduira l’entreprise à une nouvelle étape de sa diversification en 2011, lorsqu’elle se lance dans la production d’énergie verte. «Nous avons commencé dans ce secteur avec la valorisation énergétique du biogaz, issu de la fermentation naturelle des déchets enfouis sur le site de Mare Chicose», précise Emmanuel André. Continuant sur sa lancée, Sotravic s’apprête à répondre à l’appel d’offres public qui sera lancé pour le projet «Waste to Energy». Selon le CEO, ce dernier «permettra de limiter l’enfouissement des déchets à Mare Chicose».

Ayant à cœur le développement durable, Sotravic a pris le pari de s’investir encore davantage à ce niveau en se penchant depuis quelques années déjà sur le DOWA, un projet axé sur l’efficacité énergétique. «Ce projet s’inscrit dans la continuité de notre engagement en faveur des énergies renouvelables et découle en sus de notre métier de constructeur de grandes infrastructures de réseaux puisqu’il s’agit de l’installation d’un réseau de froid urbain», poursuit notre interlocuteur.

C’est en 2012 que l’entreprise décide de franchir le pas en démarrant les premières analyses des eaux côtières  profondes de la capitale. «Nous étions aussi poussés par la conviction que l’île Maurice serait en mesure d’utiliser une énergie propre non intermittente disponible ici, au lieu d’importer des huiles lourdes, du charbon, pour produire de l’électricité ou encore pour faire tourner les climatiseurs.»

C’est donc Port-Louis qui servira de laboratoire à Sotravic. Justifiant ce choix, Emmanuel André met en avant l’importante concentration de grands bâtiments dans la capitale, où la demande énergétique atteint des pics. Le CEO fait valoir également deux éléments déterminants, soit la proximité de la mer et le fait que la climatisation représente une part conséquente de la consommation électrique dans cette ville. Et d’ajouter que «ce système de SWAC (Sea Water Air Conditioning) que nous mettons en place contribuera à la maîtrise de l’énergie dans les grands édifices et à la réduction de l’empreinte écologique des sites connectés».

Suite à la présentation du plan directeur du projet DOWA en décembre 2015, les travaux pourraient démarrer à la fin de cette année. «Nous avons une date importante, soit en décembre 2016, pour le ‘go project’ du DOWA. Il faut aussi noter que nous avons déjà complété les études préliminaires de faisabilité», fait ressortir Emmanuel André. Pour l’heure, Sotravic se focalise sur les études d’avant-projet détaillées. Il s’agit d’études précises en mer, sur terre, voire relatives aux besoins des clients ou encore aux impacts environnementaux. À ce jour, environ Rs 60 millions ont été injectées dans les études préliminaires tandis que les études détaillées mobiliseront des investissements de l’ordre de Rs 130 millions. Le CEO tient à préciser à ce chapitre que le projet bénéficie d’une subvention de Rs 30 millions de la Banque africaine de développement à travers le Sustainable Energy Fund for Africa. Cet apport est avant tout destiné au financement des diverses études en mer. Pour ce qui est du coût total de la première phase du projet DOWA, il est estimé à Rs 2,3 milliards.

En plus d’un soutien financier, Emmanuel André ajoute que le projet bénéficie de l’expertise internationale. «Bien que nous supervisions la conception du projet DOWA, il faut admettre que la mise en place de ce procédé requiert des compétences techniques spécifiques, qui n’existent pas à Maurice», indique-t-il. Sotravic a donc eu recours aux services de spécialistes dans la mise en place de réseaux SWAC, d’origine suisse et américaine. L’idée est que ces experts transmettent leur savoir-faire à l’équipe mauricienne. «Petit à petit, nos ingénieurs seront autonomes», anticipe le CEO.

L’innovation est une des valeurs phares de Sotravic. En témoignent non seulement les divers projets dans lesquels elle s’engage, mais aussi les critères élaborés par l’entreprise sur le plan de la performance, de la qualité des services, de la sécurité au travail ou des techniques utilisées. À titre illustratif, en réhabilitant une partie du réseau de la Central Water Authority, elle a procédé sans faire de tranchées, comme c’est le cas d’ordinaire.

Forte de son expérience de près de trois décennies à Maurice, Sotravic nourrit désormais des ambitions africaines. Emmanuel André en est convaincu : le savoir-faire de l’entreprise est exportable. Dans cette perspective, cela fait trois ans que Sotravic a entamé des discussions avec le gouvernement rwandais au sujet de la gestion des déchets. «Nous sommes en négociations avec les autorités du Rwanda pour gérer les déchets de la capitale, construire un centre d’enfouissement technique ainsi qu’une usine de production d’électricité à partir des déchets», élabore le CEO. Il est à souligner que ce projet a attiré l’attention de 14 soumissionnaires dont cinq ont été présélectionnés. «Nous sommes les seuls à avoir réussi l’étape technique de cet exercice», soutient notre interlocuteur. Outre le Rwanda, Sotravic lorgne le Ghana, le Gabon et le Mozambique. «Nous y allons régulièrement. Nous avons engagé plusieurs négociations. Notre but est de mettre en place des projets de développement en partenariat avec les acteurs locaux dans chacun des  pays où nous nous implantons.» 

Entre-temps, sur le plan local, Sotravic ne nie pas avoir subi les effets du ralentissement dans le secteur de la construction. L’une des conséquences de cette conjoncture étant que l’entreprise a eu à réduire son effectif l’an dernier. «Nous avons souffert d’un manque de projets dans nos ‘core businesses’», confirme Emmanuel André. Le CEO envisage toutefois 2016 sous de meilleurs auspices pour Sotravic, évoquant les grands projets relatifs à la distribution d’eau potable et au traitement des eaux usées.

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