Jennifer Hirst : «La demande pour les biens immobiliers est encore forte dans l’Ouest»

La Manager de Sotheby’s pour l’ouest et le sud de l’île commente la progression de l’immobilier dans ces régions voisines. Selon Jennifer Hirst, si l’on ne peut encore parler de saturation, une meilleure planification des projets est nécessaire.

BUSINESSMAG. De nombreux projets immobiliers sont actuellement en cours de réalisation dans l’Ouest. Pensez-vous que toutes les mesures ont été prises pour empêcher que cette région ne connaisse les mêmes dérives qu’à Grand-Baie ?

Le boom immobilier dans l’Ouest a débuté plusieurs années après celui de Grand-Baie et des régions alentour. Cela nous a permis d’avoir le recul nécessaire afin d’éviter de répéter les mêmes erreurs. Je crois aussi que la topographie de l’Ouest fait une grande différence. Les nombreuses rivières et les montagnes divisent la région en petites localités. Avec cette configuration naturelle, les constructions ne peuvent être collées les unes aux autres, comme c’est le cas dans le Nord. Pouvoir bâtir sur les expériences passées est, en effet, fort utile.

BUSINESSMAG. Les prix des terrains à Flic-en-Flac et à Rivière-Noire ont grimpé en flèche ces dernières années. Y a-t-il un risque que ces régions deviennent très vite inaccessibles à la classe moyenne ?

La demande dicte les règles du marché, et ce qu’on peut dire, c’est que la région de Rivière-Noire est très demandée. Cette demande vient des Mauriciens aussi bien que des étrangers. Il y a quelques années, on pouvait encore trouver un appartement d’entrée de gamme à Rs 4 millions. Aujourd’hui, pour le même bien, il faudra débourser le double. Le principe est le même à travers le monde : quand les prix augmentent à l’intérieur du noyau des villes, les gens migrent naturellement vers l’extérieur, là où la terre est toujours abondante et accessible. Avec le temps, ces régions se développent et ce processus conduit à une hausse inéluctable des prix. Et ainsi de suite. C’est une évolution normale.

BUSINESSMAG. Les projets immobiliers visant un marché international se sont multipliés sur la côte ouest en l’espace de quelques années. Diriez-vous que l’on approche de la saturation ?

La demande est encore forte et nous ne sommes pas arrivés à saturation. Toutefois, il serait judicieux de mieux planifier les projets afin que toutes les offres ne soient pas sur le marché au même moment. Une meilleure approche permettrait aux promoteurs de conclure leur projet plus rapidement, tout en donnant aux nouveaux projets le temps d’évoluer et de s’améliorer. Sinon, nous nous retrouverons avec beaucoup d’offres immobilières similaires qui prennent du temps pour se vendre et donc aussi pour sortir de terre.

BUSINESSMAG. Qu’est-ce qui explique la demande croissante pour ce type de biens ?

Depuis l’introduction des régimes d’acquisition tels que l’Integrated Resort Scheme, le Real Estate Scheme et le Property Development Scheme (IRS/RES/PDS), plusieurs études ont été faites pour comprendre les raisons qui poussent les gens à investir dans des biens immobiliers à Maurice. Si certains achètent à des fins de placements, compte tenu des avantages fiscaux qu’offre le pays, la raison première est le lifestyle. Beaucoup de mes clients recherchent juste un endroit paisible où vivre ou se reposer durant l’année. Maurice propose une offre complète avec divers avantages comme la sécurité, les langues parlées, voire la stabilité politique et économique. Un environnement propice aux affaires ainsi que le système éducatif et les soins médicaux comptent également pour beaucoup dans le choix de certains clients. Le climat et la possibilité de retrouver une vraie qualité de vie jouent aussi énormément. La combinaison de tous ces atouts constitue un grand avantage.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il du développement immobilier dans le sud du pays ? Pensez-vous qu’il progresse trop vite ?

Le développement immobilier dans le Sud se fait de manière très respectueuse en ce qui concerne l’environnement et les paysages naturels, qui sont d’ailleurs parmi les plus beaux du pays. Je pense que les gens qui habitent le Sud bénéficient grandement des améliorations apportées aux infrastructures. Tous ces projets ajoutent de la valeur à la région dans son ensemble et stimulent l’économie locale. Je ne pense pas que ce développement soit incontrôlé ou trop rapide, bien au contraire.