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Arvind Issur: «Nous envisageons la possibilité d’introduire la luxueuse Lexus»

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Arvind Issur: «Nous envisageons la possibilité d’introduire la luxueuse Lexus» | business-magazine.mu

L’appréciation du dollar américain face à notre monnaie fait que la vente dans le secteur automobile sera moins intéressante cette année, observe le Managing Director de Toyota Mauritius. Celui-ci s’attend cependant à une reprise en 2016, même dans l’éventualité d’une roupie faible.

BUSINESSMAG. Depuis quand la marque Toyota est-elle représentée à l’île Maurice ?

La franchise de la marque Toyota pour le territoire mauricien a été acquise en 1964 par The Beechand Co Ltd. Cette compagnie avait pour directeur mon grand-père, Sookdeo Issur. C’était un pari risqué à l’époque car la préférence allait aux voitures européennes : les Morris Minor et autres Morris Oxford.

Au fil de toutes ces années de collaboration, génération après génération, notre entreprise familiale a été séduite par la simplicité, le savoir-faire et la culture Toyota. Succédant à mon père, feu Karumchand Issur, j’ai pris la direction de la compagnie en 1993.

En 2006, The Beechand Co Ltd et Toyota Tsusho Corporation, la branche d’investissement de Toyota Japon, se sont associées dans un joint-venture pour créer Toyota Mauritius. Ce partenariat représente un gros avantage pour nous. Il implique que nous bénéficions du soutien de la maison mère de Toyota au niveau de la formation et du support dans tous les départements de la compagnie.

BUSINESSMAG. Êtes-vous satisfait de la performance financière de Toyota Mauritius ?

Toyota Mauritius se porte bien. En 2013, le chiffre d’affaires était de Rs 1,5 milliard et le profit avant impôts de Rs 150 millions. Pour 2014, l’année des 50 ans de présence de Toyota à Maurice, notre chiffre d’affaires a grimpé à Rs 1,6 milliard alors que notre profitabilité est restée plus ou moins stable. La vente de nos véhicules est en progression, passant de 1 500 immatriculations en 2013 à 1 600 en 2014.

BUSINESSMAG. À quoi attribuez-vous ces bons résultats ?

Nous devons cette performance d’abord à la qualité des véhicules Toyota ; les Mauriciens nous font confiance et voient en Toyota une valeur sûre. Nous avons lancé six nouveaux modèles en 2013 et avons capitalisé sur ces lancements en 2014. Parmi ces nouveautés, on retrouve la Yaris en versions sedan et hatchback, la Corolla 1600cc et la Rav4, tous des modèles populaires.

Nous engageons aussi nos efforts dans le service après-vente et avons la chance d’avoir des employés dévoués et passionnés par leur métier. Il faut surtout souligner que le succès à long terme de Toyota Mauritius repose sur la satisfaction de la clientèle, car seuls des clients satisfaits deviennent des clients fidèles.

BUSINESSMAG. Que réserve 2015 en termes de projets ?

Nous consolidons nos parts de marché et en termes d’offres, nous allons recevoir de nouveaux accessoires pour les modèles Corolla et Yaris. Notre projet d’offrir à la clientèle l’opportunité d’acheter des véhicules Toyota de seconde main de bonne qualité va se matérialiser d’ici à trois mois. Un showroom à cet effet est en construction à côté de nos quartiers généraux à Riche-Terre. Il comprendra un parking d’environ 50 véhicules. C’est un projet qui nous tient à cœur. Les véhicules Toyota de seconde main qui seront proposés en vente seront livrés avec un historique complet et une garantie de qualité ; une autre façon pour nous d’améliorer l’expérience Toyota pour les Mauriciens.

Nous avons, par ailleurs, le grand projet de construire un espace Toyota à Trianon, pour desservir notre clientèle du centre de l’île. Notre unité de Vacoas y sera transférée. Cet espace sera partagé entre, d’un côté, le service après-vente et, de l’autre, un showroom. Nous souhaitons en faire un véritable one-stop shop Toyota.

BUSINESSMAG. En début d’année, le concessionnaire automobile Iframac s’est retrouvé en difficulté avec l’éclatement de l’affaire BAI. Les conservateurs sont depuis à la recherche d’un repreneur. Quels sont vos commentaires ?

C’est vraiment malheureux, surtout pour les employés. Iframac existe depuis plus de 30 ans à Maurice. C’est une compagnie qui a fait ses preuves. Dans une telle situation, je pense avant tout aux employés qui doivent être inquiets. On peut seulement espérer que le futur repreneur reconnaîtra le temps de service du staff et honorera les commandes qui ont déjà été passées par les clients.

BUSINESSMAG. Songeriez-vous à proposer une autre marque automobile en sus de Toyota si une opportunité se présentait ?

Il m’est difficile d’imaginer travailler avec une autre marque que Toyota. Par contre, la compagnie étudie la possibilité, à moyen terme, d’étendre son offre pour proposer des véhicules dans une gamme plus luxueuse grâce au catalogue Lexus qui fait partie de la famille Toyota.

BUSINESSMAG. Quel est votre plus grand concurrent à Maurice ?

Tous les représentants automobiles sont nos concurrents à part entière. Nous n’avons pas de compétiteur spécifique. La famille Toyota travaille selon le principe japonais du «kaizen», qui signifie «amélioration constante». C’est un concept fort qui gouverne toutes nos décisions, à tous les niveaux et qui concerne tous nos employés. Nous travaillons à notre propre amélioration et demandons à nos employés de toujours parfaire le service qu’ils offrent à la clientèle. C’est une manière saine de voir le business et d’envisager la compétition.

BUSINESSMAG. Le secteur automobile est un des plus grands pollueurs au monde. Quelles ont été les initiatives prises par Toyota Mauritius pour réduire son empreinte carbone ?

Tout d’abord, je dois souligner que Toyota, tout en s’engageant dans une démarche spécifique pour la production de voitures propres, se sent aussi concernée par la protection de nos ressourcesterrestres, de manière générale. De ce fait, nous sommes très fiers du showroom de Riche-Terre que nous avons construit en 2011, basé sur un plan fourni par la maison mère Toyota et qui a plusieurs caractéristiques écologiques. Nous utilisons la lumière naturelle au maximum dans le showroom et ce dernier est équipé de ventilateurs géants fonctionnant à l’énergie solaire. L’utilisation de climatiseurs est ainsi grandement limitée.

En termes de véhicules, les produits Toyota sont construits de plus en plus avec le souci de respect de l’environnement. Un exemple de cette avancée technologique est la Toyota Prius, que nous avons introduite à Maurice en 2009. La conception de cette voiture est basée sur un fonctionnement hybride, c’est-à-dire que la voiture est propulsée à la fois par un moteur électrique et par un moteur thermique (à essence). Toyota va poursuivre dans cette direction avec le lancement de la Toyota Mirai au Japon en 2015, qui, elle, tourne à l’hydrogène liquide.

BUSINESSMAG. Maurice fait face à un phénomène de vieillissement de la flotte de voitures. Qu’est-ce qui est en train de freiner la migration des acheteurs vers les nouvelles voitures ?

Près de 9 000 véhicules neufs sont vendus chaque année à Maurice, et c’est un nombre conséquent. Je ne pense pas qu’il y ait de frein réel majeur à l’achat de voitures neuves. Le vieillissement de la flotte vient surtout du fait qu’il n’existe pas de cadre légal rigide qui soit applicable aux anciens véhicules dans notre pays.

La gestion de la flotte et surtout des voitures usagées tombe sous la responsabilité des autorités. Il serait souhaitable, pour les véhicules de plus de 30 ans, d’appliquer une politique de «scrapping», un système adopté de par le monde pour son efficacité.

BUSINESSMAG. La taxe frappant les voitures neuves découragerait-elle ?

La taxe sur les voitures est raisonnable à Maurice. 55 % sur les voitures de moins de 1 600cc, 10 % sur les minibus et 20 % sur les pick-up. Ce sont des taux qui restent raisonnables. En revanche, 100 % de taxe sur les grosses cylindrées, c’est un chiffre qui pourrait être revu à la baisse.

BUSINESSMAG. Quelle est votre analyse du parc automobilemauricien ?

Notre parc automobile est, d’une part, partiellement très âgé et, d’autre part, l’apport de nouveaux véhicules y est en augmentation continue. À ce jour, nous comptons plus de 250 000 véhicules sur nos routes selon les chiffres de la NTA.

Le grand nombre de véhicules en circulation et l’ancienneté de certains d’entre eux impliquent que les risques d’accidents sont plus élevés chez nous que dans un pays qui, par exemple, pratique le «scrapping». Dans cette mesure, il est d’autant plus important de penser à la sécurité des automobilistes et des piétons. Cette sécurité dépend en très grande partie de la qualité des infrastructures routières. Il est impératif d’œuvrer à l’amélioration de notre réseau routier tout en responsabilisant les usagers de la route sur les règles à respecter.

BUSINESSMAG. Comment voyez-vous l’avenir du parc automobile mauricien ? Le projet de métro léger a été brièvement évoqué avant d’être finalement mis au placard.

L’évolution du parc automobile, sans le changement majeur qu’aurait apporté l’introduction du métro léger, devrait être sans grandes surprises. À mon avis, par an, pas moins de 10 000 véhicules, toutes marques confondues, seront mis sur route dans les prochaines années à Maurice.

Les facteurs décisifs de transformation viendront probablement des nouvelles technologies et de l’aspect sécuritaire des produits. Par exemple, l’introduction des nouveaux bus dits «semi-low floor», qui bénéficie des subventions du gouvernement, va rajeunir la flotte d’autobus dans l’île.

BUSINESSMAG. Une croissance de votre chiffre d’affaires est donc à l’agenda ?

Rien n’est acquis. Dans notre secteur, il faut fournir un effort constant pour créer la croissance. Avoir un très bon produit ne suffit pas ; il faut sans relâche améliorer autant le service que l’offre.

Et puis il y a des éléments incontrôlables, comme la récente appréciation du dollar qui a provoqué une hausse générale de prix des véhicules, ce qui aura sans doute pour effet de freiner les ventes cette année. Je suis toutefois d’avis que nous allons pouvoir réaliser un chiffre d’affaires honorable en 2015 malgré cette hausse de prix.

BUSINESSMAG. Justement, quel a été l’impact de la fluctuation des devises étrangères sur le secteur ?

Toyota Mauritius est concernée surtout par le dollar américain, qui a connu une hausse de 15 % cette année. À notre niveau, nous avons fait en sorte d’absorber au maximum cette augmentation. Ce genre de conjoncture provoque de l’incertitude chez les acheteurs. Certains de nos clients potentiels adoptent une «wait and see» attitude ; ils attendent de voir si les prix vont baisser ou s’ils seront maintenus.

BUSINESSMAG. Quel est votre sentiment sur le climat des affaires dans le pays actuellement ?

Depuis le mois de mars, quand a éclaté l’affaire BAI, nous avons observé une baisse du «Consumer Confidence» dans le secteur automobile. Il y a un ralentissement perceptible, qui s’applique principalement aux articles de luxe.

BUSINESSMAG. Comment Toyota peut-elle mieux utiliser sa présence sur le sol mauricien ? Avez-vous une stratégie régionale ? Existe-t-il le potentiel de faire de Maurice un hub pour la réexportation ou l’assemblage des véhicules de la marque Toyota ?

Toyota Mauritius est active seulement sur le marché mauricien, qui inclut le marché rodriguais. Toyota Japon dispose d’un hub office en Afrique du Sud, qui est aussi responsable de la distribution en Afrique et de l’exportation sur l’Europe.

Le potentiel pour la réexportation dépend de la maison mère, mais cette option n’est pas envisagée pour l’heure. En ce qu’il s’agit d’une unité d’assemblage, le marché mauricien est encore trop étroit pour un projet de cette envergure.

BUSINESSMAG. Quelle est votre stratégie de croissance à long terme ?

Notre stratégie reste simple et basée sur la qualité de nos véhicules et de nos services. Nous avons réalisé des croissances de 4 - 5 % tous les ans depuis 2012. Il est possible de voir un léger ralentissement en 2015 en raison du dollar, mais nous prévoyons d’afficher une reprise dès l’année prochaine.

BUSINESSMAG. Comment vous distinguez-vous sur le marché local ?

Toyota a toujours été synonyme de «quality, durability, reliability», qui est notre devise. Je rajoute toujours l’innovation car c’est une marque qui a su, tout en conservant ses valeurs premières, se tourner très tôt vers les nouvelles technologies et faire de la recherche un fer de lance.

Grâce en partie à notre concept «kaizen», qui est la base de notre service après-vente, Toyota Mauritius est aujourd’hui le leader dans le secteur automobile. La qualité Toyota a fait et continue de faire ses preuves.

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