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Frédéric Mardénalom : «Les stations-service de la Réunion sont des commerces de proximité»

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Frédéric Mardénalom : «Les stations-service de la Réunion sont des commerces de proximité» | business-magazine.mu

Loin du modèle métropolitain avec un carburant distribué par des centres commerciaux et vendu en self-services, le schéma réunion continue d’allier intérêt économique et social  à travers le maintien des pompistes.

BUSINESSMAG. Comment se positionne Libya Oil Réunion sur le marché réunionnais ?

Il regroupe trois sociétés – des petites et moyennes entreprises – basées à La Réunion. La totalité du groupe compte à ce jour 34 personnes. La société principale (80 % de notre activité),  Libya Oil Réunion SAS, compte un effectif de 13 employés. Cette entité est spécialisée dans la vente de produits pétroliers qu’elle distribue à son réseau de 29 stations-service. Nous avons également un portefeuille de clients dits installés (transporteurs, entreprises du BTP, sociétés qui disposent de leurs propres installations). Nous livrons enfin  du kérosène aux compagnies aériennes.

En 2014, notre chiffre d’affaires s’élevait à 160 millions d’euros. L’une de nos filiales, Avifuel, est chargée d’opérer le dépôt de kérosène de Gillot. L’équipe se compose de 15 personnes, essentiellement des chauffeurs-ravitailleurs. Avifuel assure une prestation de service ; le carburant appartenant à la SRPP. La troisième société est dans le transport. Il s’agit de Logirun qui emploie six personnes et travaille exclusivement pour le groupe Libya Oil Réunion SAS.

BUSINESSMAG. Que dire du marché réunionnais et des défis pour l’avenir ? 

Nous nous trouvons sur un marché relativement connu, fermé, avec un parc automobile qui progresse peu – en dépit du rebond observé depuis 2014 – et des véhicules diesel majoritaires. La tendance est inverse en métropole. Concernant les perspectives de développement, elles sont très claires.  Le réseau routier local évolue. Nous devons nous adapter à ces mutations. Cela passe par un repositionnement de nos stations et l’inauguration de nouvelles structures tenant compte des flux et des besoins exprimés par nos clients. À titre d’exemple, nous avons investi et positionné une station le long de la nouvelle déviation de Saint-Joseph lorsque cet axe majeur a été livré.

Notre développement se fait également par bassin de population. L’une de nos dernières stations inaugurées se situe au Moufia, un quartier dionysien dont la population devrait atteindre les 25 000 habitants à terme. Nous mettons tous les moyens en œuvre pour nous doter de bons équipements et pouvoir accueillir ces usagers. C’est d’ailleurs pour cela qu’un accent a été porté sur l’espace boutique de la station du Moufia qui présente une surface de plus de 200m2, la plus grande de notre réseau.

BUSINESSMAG. La réglementation des prix, leur libéralisation, les marges des pétroliers… Ces problématiques reviennent chaque année sur le devant de la scène médiatique à La Réunion, comme un serpent de mer…  

Il y a de faux débats et une part de désinformation du S’agissant des marges, les nôtres sont connues puisque fixées (Ndlr : le montant maximum) par l’État. Ce qu’il faut rappeler, c’est que la réglementation des prix permet de maintenir un bon niveau d’emplois. Nous avons 30 ans de retard sur la métropole. La métropole avait un prix réglementé sur les produits pétroliers, une tarification à laquelle le législateur a mis fin.  Aujourd’hui, dans l’Hexagone, il n’y a plus de pompistes en stations. Il n’y a même plus de locataires-gérants. On a donc supprimé tous les maillons de la chaîne. Il ne reste plus qu’une station, un pétrolier, voire une station et une société de la grande distribution, dans certains cas. On voit bien que lorsqu’on libère les marges et un secteur, l’incidence première est la suppression d’emplois.

BUSINESSMAG. Comment le modèle réunionnais se démarque-t-il ?

À La Réunion, il y a une particularité majeure. Les commerces de proximité dans les hauts avaient disparu au profit des commerces de la grande distribution. Aujourd’hui, un phénomène est observé : certains consommateurs font machine arrière et reviennent vers les commerces de proximité. La grande distribution reste la référence pour faire les achats principaux, avoir du volume pour le mois. Mais en ce qui concerne les besoins du quotidien (baguette, fruits, etc.), les clients se tournent vers les commerces de proximité et pour le coup, nos stations-service font office de commerces de proximité.

BUSINESSMAG. L’avenir, c’est aussi l’expansion de votre réseau de stations-service Tamoil. La trentième ouvrira bientôt ses portes…

Cette nouvelle station sera, en effet, inaugurée à la fin du mois de novembre dans le secteur de Mon Caprice, à Saint-Pierre. Elle favorisera la création d’une quinzaine d’emplois pérennes. Pour résumer, il y a un bassin d’emplois à Saint-Pierre et un bassin de population au Tampon et dans les écarts. Sur la dernière commune citée, les pétroliers sont d’ores et déjà implantés. Les perspectives d’évolution sont donc limitées. Mais là encore, l’évolution du réseau routier – avec notamment l’axe qui devrait relier Terre-Rouge et Mon Caprice –  est une donnée essentielle que nous devons considérer dans nos schémas de développement.

BUSINESSMAG. Que deviendront alors les stations «désertées» ? Les fermetures seront-elles synonymes de suppression d’emplois ?

Non, parce qu’il s’agit de vases communicants. Le nombre de stations évolue peu. En revanche, le volume d’activité, la taille des structures croissent et avec eux le nombre d’emplois (plus de 1 400 dans les stations). Chaque station est érigée sur une parcelle d’au moins 3 000m2 pour permettre l’installation de divers équipements et respecter la législation rigoureuse dans ce domaine.  Notre force,  c’est de disposer d’un portefeuille de stations dans les zones hyper centre-ville, centre-ville sur des parcelles de 1 000 à 1 500m2.

BUSINESSMAG. Y a-t-il un projet dont vous êtes particulièrement fier ?

Dans le cadre des missions de Libya Oil Réunion et d’Avifuel, nous avons accompagné l’aéroport de Pierrefonds sur un projet. Nous avions une installation, Avgas, qui servait à des passionnés d’avion, de pilotage (l’un des derniers aéroclubs de France est implanté sur ce site). Nombre d’équipements n’étaient plus conformes à la réglementation et la station était sur le déclin. Le prix du carburant (3,17 euros) était très élevé. Dans le cadre de sa relation avec l’aéroport, totalement transparente et basée sur un vrai partenariat, Libya Oil Réunion a investi 170 000 euros dans la nouvelle installation, ce qui a permis de la rénover pour de longues années. Par ailleurs, le coût du carburant que nous importons et revendons est moindre (2,60 euros) et bénéficie d’une exonération de l’octroi de mer. Cela représente quelque 70 000 litres à l’année, un volume faible. Mais à travers cette action, il s’agissait d’illustrer notre volonté d’aider le tourisme puisque beaucoup des pilotes formés à l’aéroclub de Pierrefonds assurent des tours de l’île et autres visites.

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