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Réunion – Marceline Ducrocq-Grondin : La formation continue, son cheval de bataille

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Réunion - Marceline Ducrocq-Grondin : La formation continue

Le Dr Marceline Ducrocq-Grondin est, depuis l’an dernier, vice-présidente déléguée en charge de la formation professionnelle et de l’apprentissage à l’Université de La Réunion. Portrait d’une femme de tête dévouée à la transmission des savoirs et des savoir-faire.

Élue vice-présidente déléguée en charge de la formation professionnelle et de l’apprentissage à l’université de La Réunion en décembre 2016, le Dr Marceline Ducrocq-Grondin souhaite, par ses fonctions, aider l’île à «définir un nouveau modèle de développement plus résilient», un défi «colossal» auquel elle s’est attelée avec force enthousiasme.

Née à Saint-Pierre en 1971, Marceline Ducrocq-Grondin débute sa scolarité dans la ville du Tampon et poursuit ses études à l’université de La Réunion, à Saint-Denis. Après l’obtention d’un diplôme d’études universitaires générales (DEUG) en sciences économiques, elle s’envole pour la métropole. Installée à Lyon, Marceline Ducrocq-Grondin rejoint l’université Lumière Lyon 2 pour préparer une licence d’économie avec spécialisation en économie industrielle, internationale, monétaire, bancaire et financière. Elle obtiendra finalement une maîtrise en économie et, alors qu’elle est âgée de 22 ans, s’inscrit dans une agence d’intérim qui l’oriente vers un poste de statisticienne au laboratoire Marcel Mérieux. «J’avais une autonomie totale dans la conduite de cette mission qui consistait à réaliser des études statistiques afin de les transmettre en temps et en heure au laboratoire. J’alignais des chiffres, je comparais, je calculais, j’avais juste une obligation de résultat», se souvient Marceline Ducrocq-Grondin.

Cette mission, bien que véritablement passionnante pour un premier emploi, ne permet toutefois pas à la jeune femme d’oublier son domaine de prédilection : l’économie. Elle retourne alors sur les bancs de la faculté de Lyon 2. «L’université m’a littéralement manqué ; j’ai postulé pour suivre les cours menant au diplôme d’études approfondies (DEA) monnaie, banque, finance», confie-t-elle. Après s’être éloignée pendant trois ans de la vie estudiantine et non sans appréhension, Marceline Ducrocq-Grondin se lance dans la production d’un mémoire et se retrouve major de sa promotion.

En 1996, le directeur du département ingénierie économique et financière de l’université Lyon 2 annonce à Marceline Ducrocq-Grondin qu’elle a été retenue pour devenir allocataire de recherche et monitrice de l’enseignement supérieur. «J’avais le sentiment d’avoir réussi mais quand on se lance dans une thèse, c’est le commencement d’une véritable expérience de vie !», fait-elle ressortir. Et pour cause : «Mon mari me dit encore aujourd’hui que pendant ces années de thèse, nous étions trois, nous deux et ma thèse, au milieu !»

Tout en poursuivant sa thèse, Marceline Ducrocq-Grondin assume plusieurs responsabilités : enseignement, recherche, participation à des colloques, encadrement des mémoires d’étudiants, développement de partenariats avec d’autres universités et centres de recherche. On lui propose également de codiriger des formations en alternance, dont le diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) back et middle office avec des étudiants qui travaillaient dans des banques et entreprises à l’international.

En 2001, Marceline Ducrocq-Grondin devient ingénieur de recherche, recrutée par l’université Lumière Lyon 2. «J’ai continué de gérer la licence banque, assurance, finance et le DESS jusqu’en 2003», précise-t-elle, ajoutant que cette année-là, elle a fait un voyage à La Réunion qui a changé sa vie professionnelle. «J’ai retrouvé le soleil, les sourires, la lumière de mon île

Dès lors, elle envisage de poursuivre sa carrière dans son île natale et quand, en juillet 2003, l’université de La Réunion lui propose un poste d’enseignant-chercheur à la faculté de droit et d’économie, elle accepte. «Ma première année a été quelque peu difficile ; il n’y avait presque rien en monnaie, banque, finance et assurance. Je donnais des cours de statistiques, de mathématiques…» Déterminée à faire bouger les choses, Marceline Ducrocq-Grondin partage avec l’établissement son projet d’introduire une licence et un master en monnaie, banque, finance, assurance. Le projet se concrétisera en 2005 avec le lancement de ce master, puis, à partir de 2010, un master 2 en alternance sera proposé en collaboration avec les banques réunionnaises.

Élue en décembre 2016 par le conseil d’administration, sur proposition conjointe du président de l’université et du président du conseil académique, Marceline Ducrocq-Grondin devient vice-présidente déléguée en charge de la formation professionnelle et de l’apprentissage. En tant que telle, elle entend mettre son expertise au service de son île, «dans un contexte d’illettrisme et d’inactivité très marqué, de croissance exceptionnelle et continue de la population active et de grands bouleversements globaux – transition énergétique et écologique, basculement des échanges mondiaux vers l’Asie et l’Afrique, révolution technologique et mutation vers une économie de la connaissance».

Dans cette situation incertaine et complexe, Marceline Ducrocq-Grondin propose à chaque personne d’acquérir et d’actualiser des connaissances et des compétences, quelles que soient ses aspirations : évolution professionnelle, approfondissement disciplinaire, culture personnelle…

Pour la vice-présidente déléguée en charge de la formation et de l’apprentissage, il est un fait que l’enseignement supé-rieur universitaire ne peut désormais plus se limiter à la formation initiale disciplinaire. «La formation professionnelle tout au long de la vie constitue un élément déterminant de sécurisation des parcours professionnels et de la promotion des salariés», justifie-t-elle. Son objectif, aujourd’hui, est de doubler le chiffre d’affaires de la formation professionnelle de l’université de La Réunion, de développer une offre attractive et ciblée de formation professionnelle, d’accroître l’apprentissage au sein des formations. D’ailleurs, dit Marceline Ducrocq-Grondin, «l’établissement s’est doté en 2010 d’un centre de formation par apprentissage afin de mieux répondre aux besoins du territoire en termes de diplômés qualifiés et adaptés».

Positive et tenace, Marceline Ducrocq-Grondin veut positionner l’université de La Réunion pour les années 2017-20 comme un lieu de formation professionnelle reconnu sur le territoire mais pour réaliser cette ambition, soutient-elle, «il est important de renforcer les partenariats avec les entreprises locales publiques et privées, de répondre de façon différenciée aux attentes du public, d’ouvrir nos compétences et faire en sorte que celles-ci soient connues sur le territoire réunionnais».

Actuellement, le nombre d’apprentis et de stagiaires inscrits à l’université de La Réunion est encore modeste : une centaine pour les premiers et quelque 2 000 pour les seconds. Mais la vice-présidente déléguée en charge de la formation professionnelle et de l’apprentissage compte bien changer la donne: «Je soutiens et encourage cette voie de formation qui offre aux jeunes un itinéraire concret alliant connaissance technique et aptitude pratique, qui leur permet de comprendre l’entreprise et ses métiers. Nous avons pour mission de dispenser des formations sur mesure aux salariés et demandeurs d’emploi afin de répondre à des besoins spécifiques de leur entreprise ou d’un secteur d’activité.»

La formation à tout âge, Marceline Ducrocq-Grondin y croit dur comme fer. L’université met en ce moment en place un guichet unique pour les demandes individuelles comme pour les demandes de formations exprimées par les entreprises et les organisations : «Nous proposons un modèle d’accès aux diplômes par capitalisation de compétences, dans un premier temps sur l’axe monnaie, banque, finance, assurance et sur l’axe santé et action sociale». Véritablement enthousiaste dansla réalisation des missions qui lui sont confiées, la vice-présidente déléguée en charge de la formation professionnelle et de l’apprentissage est décidée à faire connaître ce mode d’accès à la formation et à l’obtention de diplômes ; à faire en sorte que l’université de La Réunion devienne un partenaire réflexe pour un salarié, pour un actif non salarié, pour un demandeur d’emploi, pour un retraité exprimant un besoin de formation tout au long de la vie.