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Interview Rencontre

« Des pratiques oligarchiques dans l’industrie des assurances »

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« Des pratiques oligarchiques dans l’industrie des assurances » | business-magazine.mu

BUSINESSMAG. Quel diagnostic faites-vous de l’industrie des assurances ?

Dans sa globalité, l’industrie se porte bien. Les firmes qui sont dans l’assurance-vie et celles tournées vers les assurances générales affichent une performance honorable. D’après le dernier rapport annuel de la Financial Services Commission (FSC), le secteur a brassé un chiffre d’affaires de Rs 6,2 milliards. La croissance du secteur, pour la période s’échelonnant de 2006 à 2011, se chiffre à 53 %, alors qu’elle est de 59 % pour la période de 2007 à 2011.

Cela dit, le secteur se porte bien dans le contexte actuel. Mais si le statu quo est appelé à changer, par exemple, avec l’avènement de nouveaux opérateurs, les données risquent de changer. La stabilité du secteur risque de basculer avec le déclenchement d’une guerre des prix non soutenable à long terme. Car après tout, n’oublions pas que la motivation principale des clients est le prix qui n’est certes pas forcément le meilleur indicateur de qualité.

BUSINESSMAG. Comment expliquez-vous cette progression de l’industrie en dépit du ralentissement économique ?

Le secteur local des assurances n’est pas directement affecté par la crise. Crise ou pas, certaines polices d’assurance sont obligatoires ou quasi-obligatoires. Par exemple, l’assurance automobile est obligatoire. Quant aux assurances quasi-obligatoires, elles sont souvent essentielles pour obtenir des permis. Alors que l’assurance contre les incendies, les Public Liability et Professional Indemnity Insurances sont des assurances quasi-obligatoires.

« Selon nos estimations, le chiffre d’affaires de GFA Insurance atteindra Rs 154 millions, avec des profits avant taxe estimés à Rs 28,2 M. Nos avoirs ont déjà dépassé le cap de Rs 400 millions. »

BUSINESSMAG. Comment la GFA a-t-elle participé au développement de l’industrie ?

Le marché a grandi durant la décennie écoulée, comme l’attestent les chiffres. Au niveau de la GFA, nous avons devancé l’industrie en termes de performance avec une croissance plus importante. Nous avons également devancé d’autres opérateurs plus anciens, alors que nous sommes dans le circuit que depuis quinze ans.

La GFA a aussi lutté pour améliorer le cadre juridique réglementant l’industrie des assurances. Lorsque j’ai intégré la GFA en 2001, la concurrence déloyale faisait rage. Les meilleures pratiques internationales étaient bafouées. Mais j’ai un tempérament de fonceur. Je ne me suis pas laissé intimider.

Nous avons réussi à faire adopter l’article 81 de l’Insurance Act de 2005 qui a été promulguée en 2007. Grâce à cette provision, une personne ou une entreprise est libre de choisir lui-même son assurance, sauf quand il contracte un emprunt attaché à un Endowment Life Policy. Il y avait un lobby puissant pour faire enlever cette clause du texte de loi. J’ai, à l’époque, eu le soutien de Mosadeq Sahebdin, porte-parole d’alors de l’Institute of Consumer Protection. J’ai même dû frapper aux portes de la Banque mondiale. Un consultant de la Banque mondiale, Dimitri Vittas, était en visite à Maurice pour un rapport sur le Financial Services Assessment Programme. Dans son rapport, il a qualifié le secteur des assurances à Maurice d’oligarchique. Huit ans après, le terme est toujours d’actualité.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il des opérations de GFA Insurance ?

Pour la période de 2006 à 2010, GFA Insurance a enregistré une croissance de 157 %. Tandis que pour la période de 2007 à 2011, notre croissance a été de 130 %. Notre part du marché est passée de 1,5 % en 2006 à 2,24 % en 2010, affichant une croissance soutenue d’année en année, soit une hausse de 61% au total.

BUSINESSMAG. Quelle a été votre stratégie en matière d’investissement ?

Nous n’investissons pas beaucoup en Bourse. La majeure partie de nos actifs est répartie dans le leasing et les dépôts fixes en banque. De surcroît, nous adoptons une approche prudentielle en plaçant notre argent dans plusieurs banques. Nous avons également investi dans des bâtiments à Rose-Hill, Port-Louis et Flacq, mais à petite échelle.

Avec le temps, nous avons pu rassurer notre clientèle et le public que nous sommes financièrement solides, fiables et dotés d’un personnel dévoué. Nous accordons beaucoup d’importance à la bonne gouvernance et nous prônons la transparence. Bien qu’étant une entreprise privée voire familiale, nous publions notre rapport annuel sur notre site web au même titre que les firmes listées, et ce depuis 2007.

Nous misons beaucoup sur notre capital humain. Ces six dernières années, nous avons investi Rs 3 millions dans la formation de notre personnel. Nous avons reçu deux prix pour la qualité de notre personnel, à savoir le HRDC HR Excellence Award en 2011, pour notre engagement dans le domaine des ressources humaines, et le MIM/MEF/AHRP Training Commitment Award en 2004. Nous avons reçu deux autres prix : le Mauritius Business Excellence Award en 2011, dans le domaine du leadership, et le Mauritius Business Excellence Award 2011, pour la gestion des ventes et du marketing.

BUSINESSMAG. L’Etat a-t-il réagi suite à la publication du rapport de la Banque mondiale ?

La clause n’a jamais été appliquée. Ni la Financial, ni la Banque de Maurice, et encore moins la Bankers Association n’ont appliqué cette provision. Il y a même certains banquiers qui ignorent cette provision. De 2007 à 2012, il n’y a aucune déclaration qui a été signée pour signifier qu’un client peut librement choisir sa compagnie d’assurances.

J’ai frappé à la porte de Milan Meetarbhan, qui était le CEO de la FSC, en avril 2009, pour lui demander d’émettre un communiqué en ce sens. En vain. J’ai alors saisi la Commission pour la Démocratisation de l’Economie qui était présidée par Cader Sayed-Hossen. Il m’a fait comprendre qu’il devait attendre la promulgation de la Competition Act avant d’agir.

Il a tenu parole. Après la mise en place de la Competition Commission of Mauritius, il a demandé à la Commission de prendre contact avec moi, étant donné que je disposais d’informations pertinentes touchant aux pratiques malsaines, déloyales et anticoncurrentielles dans le secteur. C’était en 2007. Le rapport de la Commission a mis en lumière ma position et mes recommandations. Mais ce rapport traitait uniquement d’un type de prêt, soit le Housing Loan, où le banquier insiste que le client doit prendre une assurance-vie comme collatéral en cas de décès, alors que le problème est plus vaste. L’oligarchie et le non-respect des provisions légales quant au libre choix des assurances concernent aussi des prêts et des leases pour des voitures, par exemple.

BUSINESSMAG. Comment voyez-vous l’avenir de la GFA ?

Nous allons incessamment ouvrir une dixième succursale à Triolet. Nous tenons à simplifier les procédures internes et à adopter une approche paper-lite. Nous voulons établir des liens stratégiques avec d’autres opérateurs, des banques ou des compagnies de leasing pour une intégration verticale ou horizontale. Nous souhaitons consolider nos assises à Maurice et contemplons le marché africain, voire malgache.

Selon nos estimations, le chiffre d’affaires de GFA Insurance atteindra Rs 154 millions, avec des profits avant taxe estimés à Rs 28,2 millions. Nos avoirs ont déjà dépassé le cap de Rs 400 millions. Nous nous déploierons pour avoir une croissance soutenue, comme cela a été le cas depuis une demi-décennie, avec une croissance de 10 à 15 % d’année en année. Avec la rude concurrence et les nouveaux opérateurs, peutêtre qu’il sera difficile de croître au même rythme, mais nous ciblons une croissance de plus de 8 %.

BUSINESSMAG. La GFA a procédé à un exercice de rebranding la semaine dernière. Pourquoi ?

Pour certains, le rebranding est dans l’air du temps. Pas chez nous. Nos couleurs ont trop longtemps été confondues avec le tricolore du drapeau français. Nous estimions qu’il était grand temps de nous en dissocier. Car la GFA Insurance, en tant qu’entité légale, a une identité séparée de son prédécesseur, le représentant mauricien du Groupement français d’Assurances de Paris.

BUSINESSMAG. Pourquoi le fuchsia ?

Certains disent que c’est un hot pink. Il s’agit d’une couleur gaie, attrayante et osée qui correspond à notre philosophie, à notre goût pour le challenge et à notre disposition dynamique.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il de votre logo ?

Notre nouveau logo illustre une flamme avec trois rubans pour symboliser notre passion, notre dévouement et notre énergie. Il reflète aussi les nouvelles ambitions que se donne l’entreprise. Ils reposent sur trois piliers phares de l’entreprise, en l’occurrence un service de qualité, des produits novateurs et un investissement sécurisé assurant un retour satisfaisant aux actionnaires.

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