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Interview Rencontre

Dominique Billon: « Pas de reprise dans la construction en 2015 »

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Le secteur de la construction tourne actuellement au ralenti. Dans ce contexte, le Country Manager de Holcim (Mauritius) propose son analyse de la situation en mettant l’accent sur les effets subis par l’industrie du ciment et les perspectives de reprise, à l’horizon 2015.

BUSINESSMAG. Les compagnies de construction sont unanimes : déjà en baisse en 2013, leurs activités connaîtront une décroissance de 3 % en 2014. Quel impact cela aura-t-il sur le marché du ciment ?

D’abord, la baisse est supé-rieure à 3 % et, selon nos analyses, elle devrait se situer autour de 10 - 15 %. La courbe du marché du ciment suit celle du marché de la construction. Pour Holcim (Mauritius), il s’agit avant tout de développer une stratégie de construction responsable. Maurice doit se préparer à faire face à un soft landing, le jour où la consommation du ciment baissera encore plus. C’est la raison pour laquelle nous nous devons de poursuivre nos investissements, de renforcer la confiance des investisseurs et de créer de nouveaux produits, encore plus adaptés aux besoins des consommateurs mauriciens. Une démarche visant non seulement à mieux développer la valeur ajoutée apportée par l’industrie du ciment mais permettant aussi de préserver les multiples emplois de cette industrie.

BUSINESSMAG. Notre consommation annuelle de ciment accusera donc une baisse en 2014 ?

Effectivement. La consommation de ciment pour 2014 est de l’ordre de 580 000 tonnes. Ce qui correspond à une baisse de consommation de 11 % par rapport à 2013 quand les chiffres étaient de 650 000 tonnes.

BUSINESSMAG. Quels seront les enjeux de cette industrie sur le plan local en 2015 ?

2015 sera une année charnière. Nous n’anticipons pas de reprise sur le marché de la construction en ce qui concerne le logement et le secteur marchand (hôtels, shopping malls, etc.). L’évolution du marché en 2015 dépendra aussi de celle de la commande publique, 2014 ayant été une année particulièrement faible à ce niveau. Toutefois, des projets tels que l’extension du port et la fin de la Ring Road peuvent faire repartir le secteur.

BUSINESSMAG. Selon vous, à qui la libéralisation du marché du ciment a-t-elle été le plus profitable : les consommateurs ou les producteurs ?

La libéralisation a été à l’avantage des consommateurs. L’évolution du prix du ciment à Maurice a suivi celle du marché mondial. Aussi, les consommateurs n’ont pas été pénalisés. Certes, les prix ont augmenté mais ils sont revenus à ce qu’ils étaient en 2008. Par ailleurs, la libéralisation a permis l’élaboration de nouveaux types de ciment composés qui sont mieux adaptés à des travaux en tout genre. Les formats de distribution ont aussi évolué, avec l’introduction de la distribution sur palettes et surtout du sac de 25 kg, plus facile à manipuler.

BUSINESSMAG. Dans quelle mesure cette libéralisation est-elle venue redynamiser l’industrie du ciment à Maurice ?

La libéralisation du marché du ciment a permis de sortir d’un cadre très restrictif. Elle est venue redynamiser l’industrie en offrant la possibilité, d’une part, à de nouveaux opérateurs de proposer leurs produits et services et, d’autre part, aux consommateurs de bénéficier d’un éventail de produits plus adaptés à leurs besoins, à un prix compétitif.

Chez Holcim (Mauritius), nous avons pu mettre sur le marché un nouveau type de ciment en septembre 2012, soit un an après le début de la libéralisation officielle. Il nous a été possible de produire de nouveaux types de ciment correspondant aux besoins spécifiques de gros chantiers tels que le barrage de Bagatelle et l’extension du port ou adaptés au traitement des eaux usées. Nous produisons même des ciments écologiques en adéquation avec le climat du pays. Maurice bénéficie pleinement de cette situation car un approvisionnement sur le marché local évite d’attendre l’arrivée de ciments importés.

En outre, en moins d’un an, nous avons mis sur palettes 80 % de nos opérations et commercialisé des sacs de 25 kg pour garantir la santé au travail. Cela a engendré davantage de développement. Je pense ici à la création d’emplois à valeur ajoutée au sein de la cimenterie, par le biais de la spécialisation et la formation à l’utilisation des différents produits. Il y a aussi eu la création de l’école des maçons, Bâtir Agir, à l’initiative de la fondation Holcim (Mauritius).

BUSINESSMAG. Le prix du ciment à Maurice est-il inférieur à ceux pratiqués dans les pays de la région, notamment à La Réunion et Madagascar ?

Le prix du ciment à Maurice est de loin inférieur aux prix pratiqués dans ces deux autres îles. À titre indicatif : le coût d’un sac de ciment de 25 kg OPC (Ordinary Portland Ciment) (CEM I 42.5) vendu à l’usine à Maurice est de Rs 93 (hors taxes) alors qu’à La Réunion, il est de Rs 173 (hors taxes). Le prix d’un sac de 50 kg (CEM I 42.5) à Maurice est lui à Rs 186 (hors taxes), contre Rs 220 (hors taxes) à Madagascar.

BUSINESSMAG. En parlant de la région, comment se portent vos activités dans ces deux îles ?

À Madagascar, la stabilité politique de ces dernières années a eu un effet favorable sur les activités, mais les incertitudes politiques qui planent actuellement ont causé un ralentissement. Quant au marché réunionnais, on peut dire qu’il bénéficie du lancement de la route du littoral.Celui-ci amène une bouffée d’air frais après des années de marasme économique.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il de la fusion avec Lafarge, dont la finalisation est prévue pour le premier semestre 2015 ? Comment cela se traduira-t-il dans la réalité ? Quel en sera l’impact sur le marché local ?

Holcim (Mauritius) assure à sa clientèle que même si des discussions sont en cours pour une fusion entre Holcim et Lafarge, ses marques de ciment Kolos et Ecocem seront toujours disponibles sur le marché local. En effet, il s’agit d’un projet de changement d’actionnaire pour Holcim (Mauritius) et non d’un arrêt d’activité, d’une fermeture ou d’une rupture au niveau de la distribution des produits Kolos et Ecocem.

Si la fusion entre Holcim et Lafarge se concrétise dans le courant du premier semestre 2015, Holcim (Mauritius) changera de nom et le nouvel acquéreur continuera d’approvisionner le mar-ché mauricien en ciments OPC et composés. Il n’y aura donc pour le consommateur aucun changement lié à cette fusion sur le plan international.

Le développement de nouveaux produits sera toujours d’actualité, la distribution continuera ainsi que les services associés. Ce changement d’ac-tionnaire n’affectera en rien le fonctionnement du terminal et les clients seront toujours servis tous les jours, comme on l’a toujours fait.

Les discussions en cours quant à la fusion entre Holcim et Lafarge devraient s’achever d’ici à la mi-2015. Jusqu’à cette date, Holcim et Lafarge continueront leurs activités séparément en tant que compétiteurs sur le marché mauricien et à travers le monde.

BUSINESSMAG. Le groupe Gamma a exprimé son intention de s’approprier 51 % des actions de Holcim (Mauritius). Pouvez-vous nous éclairer sur la question ?

Le groupe Holcim a lancé un processus international de vente des actions qu’il détient au sein de Holcim (Mauritius). Dans ce cadre, l’offre de Gamma sera étudiée avec toute l’attention requise, en tenant compte du partenariat existant entre ce groupe et notre firme.

BUSINESSMAG. Peut-on connaître la stratégie de vente et les projets de Holcim pour Maurice ?

D’abord, je dois faire ressortir que la situation financière de la société est particulièrement bonne. Elle est largement profitable et totalement désendettée. Ce qui devrait la rendre plus attractive à des acheteurs de qualité. La concurrence est agressive, mais nous savons y faire face.

Concernant la stratégie de Holcim (Mauritius), elle consistera à continuer d’innover en proposant à nos clients des produits toujours mieux adaptés à leurs usages. Nous pensons affirmer notre présence dans les projets à venir, auxquels la haute technicité de notre site nous permettra de participer avec succès. Par exemple, dans le projet d’extension du port, nous proposons un produit innovant, le CEMII/A, plus résistant à l’environnement marin et présentant une faible chaleur d’hydratation. Cela apporte à ce genre de projet la garantie d’une durabilité accrue.

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