Emmanuel Cohet – Un homme de dialogue

Le nouvel ambassadeur de France à Maurice croit fermement dans le dialogue. Diplomate de carrière, Emmanuel Cohet évoque ce lien fort, soit la francophonie, qui unit Maurice à la France.

Homme courtois, Emmanuel Cohet, le nouvel ambassadeur de France à Maurice, nourrit un goût prononcé pour les relations internationales, qui ont permis de construire ce monde d’aujourd’hui mais aussi le rapport entre l’art, l’architecture et l’Histoire.

Emmanuel Cohet se révèle une personne extravertie. C’est sans surprise qu’il nous révèle qu’il a exercé depuis fort longtemps le métier de diplomate. À vrai dire, il approche bientôt les 28 ans de carrière diplomatique. Ainsi, c’est en 1990 qu’Emmanuel Cohet démarre son parcours professionnel au sein des Affaires étrangères. Après son service national en 1989, il se voit confier le rôle de diplomate, tour à tour à l’étranger et à l’administration centrale à Paris, en France. Il découvre Vienne dans le cadre des négociations Est-Ouest, et s’envole également pour Séoul, en Corée du Sud. Et il a été deux fois au pays de l’Oncle Sam, à San Francisco et à Washington notamment. Il a également servi comme Consul Général à Munich, en Allemagne. Et finalement, avant de se retrouver à Maurice, il était ambassadeur de France en Zambie, en Afrique australe. Il a également été représentant de la France auprès du COMESA (Common Market For Eastern and Southern Africa).

C’est d’ailleurs l’envie de demeurer dans cette partie du monde qui l’a conduit sur les côtes mauriciennes. «Nous avons un processus de candidature et de sélection pour ce type de poste. J’avais aussi indiqué aux autorités que je souhaitais continuer à servir dans l’océan Indien ou en Afrique», dit-il. Du coup, quand il reçoit la proposition de devenir l’ambassadeur de France à Maurice, il n’hésite pas une seconde. C’est une joie qu’il n’a de cesse de partager. «Je suis très heureux d’être à Maurice. Pour moi, c’est une très belle expérience qui prend forme», confie-t-il avec un large sourire.

Il partage, par ailleurs, son appréciation devant l’orientation économique de Maurice. Pour le nouvel ambassadeur, l’économie mauricienne a réussi le pari de la diversification. Et de nos jours, Maurice se démarque e comme une économie ouverte sur le monde. «C’est une économie globale. Le pays offre beaucoup d’opportunités», constate-t-il. Mais fini les rêveries ; Emmanuel Cohet n’en oublie pas pour autant sa mission : poursuivre cette belle entente entre la France et Maurice. Adoptant un ton plus sérieux, le nouvel ambassadeur confirme que les relations entre les deux pays sont excellentes, avec un dialogue constant. Il cite l’exemple de One Planet – un sommet dédié au financement du combat contre le réchauffement climatique – auquel le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a récemment participé. «C’est l’exemple d’un domaine où la France et Maurice travaillent conjointement», soutient-il. Au niveau des relations économiques, Emmanuel Cohet juge aussi que les deux pays partagent d’excellents liens : «Il y a beaucoup d’échanges entre acteurs économiques mauriciens et français. On a tout un ensemble d’actions communes qui marchent bien. Puis il y a de nouveaux sentiers qui nécessitent une coopération plus étroite entre les deux pays.» Des sentiers qu’il a eu l’occasion de discuter avec les différents responsables mauriciens dans les domaines de la recherche et de l’innovation. «Le but est de voir comment on peut travailler ensemble dans des domaines stratégiques, à l’instar du développement des énergies renouvelables, du numérique, de l’innovation, de l’éducation mais aussi de l’économie bleue», dit-il. Mais au-delà des aspects économiques, il existe la langue française et la francophonie, ce lien inébranlable qui unit fortement les deux pays. «Nous avons en partage la francophonie. C’est vraiment un pont entre les deux nations.» Pour Emmanuel Cohet, sur cette base, il y a eu un certain nombre d’échanges culturels. Cela sous forme de coopération universitaire ou encore beaucoup d’échanges dans les médias. Ainsi, le nouvel ambassadeur estime qu’avec le français en commun, Maurice et la France partagent des relations très denses et profondes. «Il s’agit tout bonnement d’une amitié réelle entre les deux pays», affirme-t-il.

Comme il a coutume de dire, «le dialogue permet de progresser et d’avancer.» Emmanuel Cohet explique qu’il y a des axes de partenariat qui nécessitent plus de dialogue. Ce qui permettrait aux deux pays d’améliorer cette relation déjà si forte. Cela porte principalement sur des enjeux globaux. Il cite la lutte contre un certain nombre de trafics. Par exemple, les narcotrafics, la pêche illégale et la biodiversité, en particulier la biodiversité marine. «Par exemple, il y a dans le cadre des Nations unies des objectifs de développement durable. Maurice et la France peuvent aussi contribuer dans l’océan Indien, et avec La Réunion arriver à travailler ensemble à leur concrétisation. Il faut qu’ensemble nous puissions progresser vers l’accomplissement de ces objectifs de développement durable», insiste-t-il.

Justement, quel regard jettet-il sur les relations entre les deux îles sœurs ? Il est important, dit-il, que les deux territoires puissent favoriser le maximum de projets communs. Il ajoute qu’il est primordial d’avoir un dialogue nourri à la fois entre acteurs économiques mais aussi entre opérateurs, acteurs institutionnels de ces deux pays. «Dans ce contexte-là, bien sûr, il y a eu un certain nombre d’accords qui ont été conclus dans le passé et on va en avoir de nouveaux sur d’autres thématiques», révèle-t-il. Par exemple, dans le domaine l’énergie, il y aura au cours des prochaines semaines une commission mixte qui réunira la France, La Réunion et Maurice. Il est important, soutient-il, d’avoir des projets communs, notamment sur le plan économique. On peut ainsi avoir plus d’échanges entre les start-up, les incubateurs, entre autres. Pour relever les défis, Emmanuel Cohet mise sur son style. Une façon de travailler qu’il décrit d’horizontale où tout le monde apporte sa pierre à l’édifice afin de trouver ensemble des moyens pour progresser. En homme de dialogue, il privilégie le consensus.