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Jacques Harel : « Nous voulons consolider notre présence dans l’océan Indien »

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Jacques Harel : « Nous voulons consolider notre présence dans l’océan Indien » | business-magazine.mu

Devenir la référence des sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) à Maurice et dans l’océan Indien. Tel est l’objectif du CEO de Blanche, Birger. Jacques Harel évoque également des projets de la compagnie et l’impact de la crise sur ses activités.

BUSINESSMAG. Blanche, Birger vient de fêter ses 60 ans. Quel bilan dressez-vous du parcours de cette entreprise, pionnière dans le domaine des Tic (Technologies de l’information et de la communication) ?

Nous sommes extrêmement reconnaissants envers le personnel de Blanche, Birger grâce auquel nous avons acquis un savoir-faire unique et un héritage précieux de solutions novatrices. Ce patrimoine résulte de l’engagement de nos collaborateurs qui sont, il faut le souligner, extrêmement fidèles. Pour preuve, la moyenne d’années d’expérience au sein de notre groupe est de 17 ans, tandis que le salarié le plus ancien et toujours en activité a passé 47 ans dans notre entreprise. Le dur labeur, la fidélité, ainsi que le dévouement de tous ces hommes et femmes nous ont permis d’innover et de fidéliser nos clients stratégiques dans les secteurs de la banque, de l’assurance, de l’hôtellerie et des télécommunications.

BUSINESSMAG. Quelles sontles innovations majeures apportées par Blanche, Birger ?

Blanche, Birger est présente dans le quotidien de tous les Mauriciens, le plus souvent à leur insu, depuis son existence. Nos pères fondateurs étaient deux expatriés : un Lituanien et un Français pour lesquels la survie de l’entreprise qu’ils créaient en territoire étranger passait par l’innovation. Le produit le plus emblématique qu’ils ont importé à Maurice est le Naco, à la fin des années ‘50. La meilleure publicité pour ces ouvertures résistantes aux intempéries a été la saison cyclonique. Les caisses enregistreuses ont fait leur apparition en 1965 d’abord dans la grande distribution, puis dans les fast-foods. La première innovation technologique majeure que nous avons introduite date de 1974 avec le premier ordinateur – NCR Century 100 – acquis par la Mauritius Commercial Bank (MCB). On peut également mentionner le premier distributeur automatique de billets que nous avons installé à la MCB en 1988, pour la célébration du 150e anniversaire de cette banque. Enfin, nous avons implanté le premier centre de repli de l’île en 2008 par le biais de Continuity Mauritius, le joint-venture que nous formons avec Mauritius Telecom et le Sud-Africain Continuity SA.

BUSINESSMAG. Blanche, Birger s’est très tôt implantée à La Réunion et à Madagascar. Peut-on dire que cette présence régionale fait partie de l’ADN du groupe ?

Absolument ! Dès les origines, Isia Birger, un de nos pères fondateurs, avait une vision stratégique très claire du développement de l’entreprise qui passait par un rayonnement régional. « Il n’est pas permis d’attendre », déclarait-il d’ailleurs dans les colonnes de l’express,le mardi 29 octobre 1968. Ainsi, Blanche, Birger, qui existe depuis 1953, s’est implantée à Madagascar deux ans plus tard, et à La Réunion en 1956. La stratégie de développement régional fait donc partie de notre histoire. Et désormais, nous envisageons de capitaliser sur cet héritage pour consolider notre présence dans l’océan Indien avec la création d’une nouvelle entité qui a vu le jour en mai 2010 : Birger Indian Ocean (BIO).

L’objectif est d’accéder à la demande de partenaires stratégiques et historiques comme NCR et Datacard, d’accompagner nos clients mauriciens qui développent de plus en plus leurs activités dans les États insulaires avoisinants, de partager l’expertise que nous avons acquise, de trouver un relais de croissance, et enfin de faire de Maurice un hub dans le domaine des Tic. Pour ce faire, nous avons inauguré BIO Seychelles en octobre 2010, puis BIO Comores en avril 2011, BIO Rodrigues et BIO Madagascar en mai 2012.

BUSINESSMAG.Depuisque vous en avez pris les rênes en 2007, Blanche, Birger connaît une transformation de son « business model ». Pouvez-vous préciser les contours de cette transition ?

L’état des lieux que nous avons réalisé en 2007 indiquait que Blanche, Birger était une société stable et aux finances saines, preuve de son succès. Toutefois, nous avons constaté, au terme de notre plan quinquennal 2007-2012, que la structure de l’organisation était inadaptée à la demande à venir de notre clientèle.

Nous avons donc fait le choix de passer d’une structure pyramidale organisée par produit à une structure matricielle organisée par métier. La nouvelle configuration a permis à de jeunes cadres de prendre la direction de certains départements et de répondre directement au Chief Executive Officer. Ainsi, ces cadres intermédiaires ont une visibilité complète de leur métier : de l’identification des besoins du client au service après-vente, en passant par la commercialisation des solutions technologiques. Enfin, depuis deux ans, nous proposons à tous les cadres de l’entreprise (par groupe de 12) de suivre un mini-MBA (Master of Business Administration) au Charles Telfair Institute. Cette formation en gestion vient compléter leur bagage technique.

BUSINESSMAG. Commentse positionne Blanche, Birger aujourd’hui ?

Blanche, Birger est un acteur de l’industrie des Tic. Nous louons l’initiative gouvernementale de faire de ce secteur le cinquième pilier de l’économie mauricienne. Blanche, Birger Maurice est un maillon de cette chaîne, puisque nous sommes désormais une société de services en ingénierie informatique (SSII) qui se dirige vers davantage d’intégration, de l’équipement (hardware) au logiciel (software). Nous avons développé, au fil des ans, une expérience extrêmement pointue sur laquelle nous capitaliserons pour notre expansion régionale. Notre objectif est de devenir la référence des SSII à Maurice et dans l’océan Indien.

Notre activité repose sur sept métiers : la monétique, les infrastructures d’entreprise qui consistent à développer des sites de production et / ou de repli, les réseaux et la sécurité informatiques des entreprises, le développement de logiciels, la bureautique, les services technologiques aux entreprises et l’externalisation de solutions technologiques. Nous sommes persuadés que la tendance, pour les entreprises, est à l’externalisation de la fonction informatique car la technologie évolue très vite, mais elle est surtout très onéreuse. Les entreprises optent de plus en plus pour des dépenses opérationnelles (Opex) au détriment des dépenses en capital (Capex) en matière de solutions technologiques. Leur objectif est aussi de rester focalisées sur leur cœur de métier.

BUSINESSMAG.Qu’est-ce qui vous démarque de la concurrence, aussi bien locale que régionale ?

Notre investissement massif dans le relationnel nous singularise dans le paysage des SSII. Nous travaillons depuis plusieurs décennies avec un nombre restreint de clients que nous considérons, avant tout, comme des partenaires. Je dois également souligner que l’intégrité est une des valeurs cardinales de notre organisation. Nos employés sont des professionnels chevronnés, capables d’offrir à la fois un service personnalisé et des solutions intégrées. Enfin, Blanche, Birger est reconnue pour l’excellence de la qualité de son service après-vente.

Par ailleurs, nous investissons significativement dans la recherche et le développement, ainsi que dans la formation de nos équipes mauricienne et régionale par le biais de Partenariat, un programme qui a pour objectif de transmettre les connaissances techniques et pratiques du groupe sur tous les territoires de l’océan Indien.

BUSINESSMAG. La crisea-t-elle eu un impact sur vos activités ?

Nous avons commencé à ressentir les effets de la crise à partir du second semestre 2012. Et l’industrie tourne au ralenti depuis le début de l’année. Les entreprises sont plus frileuses quand il s’agit d’investir dans de nouveaux projets. L’État pourrait encourager la demande, valoriser le savoir-faire et les compétences du secteur des Tic en invitant les opérateurs à participer aux projets technologiques nationaux.

Par ailleurs, on constate qu’il y a un vent de panique chez les autres SSII qui bradent leurs prix et dévalorisent ainsi toute l’industrie. Toutefois, nous restons concentrés sur nos objectifs grâce à une situation financière saine. Nous attendons une reprise de l’activité d’ici à 2015.

BUSINESSMAG. Quel regardportez-vous sur l’évolution des Tic à Maurice et dans l’océan Indien ?

La technologie informatique évolue très rapidement par rapport aux défis auxquels sont confrontées les entreprises. Ces dernières doivent faire face au développement de leurs activités en dégageant des budgets financiers de plus en plus importants pour disposer des meilleures technologies, tout en gérant la complexité des systèmes informatiques dans lesquels elles investissent.

Les responsables des départements informatiques ont eux-mêmes du mal à suivre cette évolution. C’est pour cette raison que les entreprises se tournent vers des prestataires de services et d’ingénierie informatique comme nous pour les accompagner, les conseiller, et leur proposer des solutions qui leur permettent de disposer des outils informatiques les plus adaptés à leurs activités.

Nous observons donc deux tendances majeures : d’une part, une transition du Capex vers l’Opex, étant donné que les entreprises sont moins enclines à investir massivement dans la technologie informatique en raison de budgets limités et, d’autre part, une complexité des systèmes informatiques qui pousse les entreprises à solliciter des SSII pour obtenir des prestations répondant à leurs contraintes opérationnelles.

Au niveau de la zone océan Indien (Comores, Seychelles, Madagascar), nous faisons face à la même problématique, mais aussi au manque de compétences et de ressources humaines. C’est l’une des motivations du renforcement de notre présence sur ces territoires où notre expérience, notre expertise et notre savoir-faire sont très bien accueillis et nos références appréciées.

BUSINESSMAG. Quels sont les principauxaxes de votre plan stratégique 2012-2017 ?

Au cours des cinq prochaines années, nous nous attellerons essentiellement à bâtir sur nos acquis, élaborer de nouvelles solutions par le biais de la formation, de la recherche et du développement, consolider l’essor de notre réseau régional et de nos trois métiers clés : la monétique, les infrastructures et la sécurité informatique des entreprises.

Par ailleurs, nous poursuivrons notre engagement social à Maurice. Ces quatre dernières années, la politique sociale d’entreprise de Blanche, Birger s’est développée suivant trois axes : l’éducation et la formation des plus démunis à Maurice et à Rodrigues, la démocratisation de deux sports élitistes en plein essor, à savoir le rugby et le cricket et la santé via la lutte contre le lupus qui est une affection chronique de la peau.

BUSINESSMAG.Quelles sont vos ambitionsà court et moyen termes ?

Blanche, Birger est une société familiale. Nous espérons préserver l’environnement de travail et l’épanouissement des salariés qui ont abattu un travail titanesque ces soixante dernières années. Notre entreprise a la particularité de compter parmi ces collaborateurs plusieurs générations d’une même famille. Notre objectif est donc de pérenniser ces valeurs patrimoniales et de fidélité, puis de passer le témoin à la quatrième génération.

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