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Interview Rencontre

Karl Braunecker (Managing Director de Connections) – Le MICE peut être un vecteur de croissance pour le tourisme

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Karl Braunecker (Managing Director de Connections) - Le MICE peut être un vecteur de croissance pour le tourisme | business-magazine.mu

Connections opère sur le sol mauricien depuis 1996, soit à une période où le tourisme était florissant. Faut-il s’inquiéter de la baisse de performance dans le tourisme depuis le début de l’année ?

Maurice était auparavant considéré comme une destination exclusive. La donne a quelque peu changé depuis 2008. Entre-temps, le tourisme a beaucoup évolué. À Maurice, nous avons plus de 130 hôtels sans compter les maisons d’hôte que les gens proposent en location sur Internet. Ce qui est important, c’est de maintenir la qualité du produit Maurice, sans quoi les clients vont privilégier d’autres destinations. Il faut se focaliser là-dessus. Par ailleurs, les gens achètent de nos jours des appartements non pas pour y rester, mais le font comme un investissement.

Quelles sont les mesures qui peuvent aider à redynamiser le secteur touristique ?

Le Premier ministre avait annoncé quelque temps de cela son souhait de transformer Maurice en un territoire hors taxes. Il faut le faire ; c’est ce qui contribuera à attirer des touristes. Le concept des îles Vanille est également fort intéressant. Malheureusement, nous n’y avons pas cru à Maurice. Il faut dire que dans les Caraïbes, il existe une association quasi similaire avec des résultats positifs. La redynamisation du secteur passera sans doute par une amélioration de notre transport aérien. Je sais, par exemple, qu’Air Austral travaillait sur un passage aérien qui permettrait de voyager entre les différentes îles à un seul prix. Il n’y a pas eu de suite. Aujourd’hui, le prix d’un ticket pour un voyage entre Maurice et La Réunion – qui n’est qu’à quelques kilomètres de chez nous – est très cher. Cela entrave le développement. Les principales mesures annoncées dans le Budget concernant l’industrie du tourisme visent une île Maurice propre et respectueuse de l’environnement ainsi que la promotion de la destination outre-mer. Elles semblent très favorables et, si elles sont correctement mises en œuvre, aideront l’indus

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Quelle est justement votre analyse du dernier Budget présenté par le chef du gouvernement ?

La Mega National Cleaning and Embellishment Campaign est une mesure dont l’organisation mérite d’être pleinement soutenue. Cependant, il ne doit pas s’agir d’une campagne unique car, six mois plus tard, nous serons de retour à la case départ.

La mise en place d’une île et d’un environnement spectaculaires doit devenir une priorité nationale. Singapour est le meilleur exemple de la manière d’atteindre de tels objectifs. Si cette campagne est une réussite, elle enverra certainement des signaux positifs aux marchés. Il y a également la mesure Destination Marketing. Le budget Rs 535 millions alloué à l’Office du Tourisme semble être suffisant. Toutefois, il y aura des limites quand cette somme sera convertie en euros ou en dollars et considérant le fait qu’elle devra être répartie sur de nombreux marchés. Pour optimiser l’utilisation de ce budget, des stratégies et des priorités doivent être établies et coordonnées avec le secteur privé. Un calendrier des activités de marketing doit être établi et s’aligner sur les besoins des parties prenantes bien à l’avance pour obtenir un effet maximal.

Par ailleurs, je pense que l’accent devrait être mis sur la sécurité dans le pays. Maurice a la chance de bénéficier de statut de pays ‘safe’. Il nous faut toutefois travailler à maintenir cette distinction. Nous devons également revoir notre façon de vendre la destination. Une nouvelle stratégie est nécessaire pour rentabiliser l’investissement proposé dans le budget de Rs 160 millions pour les liaisons de Shanghai et du Kenya.

L’Afrique est le premier désir des touristes asiatiques dans cette partie du monde. Les attractions de l’Afrique atteignent un public beaucoup plus vaste que notre petite île. Pour capter ce large public en Asie, nous devons présenter Maurice comme un ajout à un séjour (safari) en Afrique et amener ces touristes à passer deux nuits ici pour leur retour en Asie. Je suis convaincu que les facteurs de charge sur les vols avec l’Asie vont considérablement augmenter, sous réserve, bien sûr, des tarifs aériens concurrentiels. Maurice en tant que destination autonome ne capturera pas le nombre de clients que nous espérons.

Il faut également souligner que Maurice manque cruellement d’un festival authentique, qui va non seulement intéresser les Mauriciens, mais surtout attirer les touristes.

De quel genre de festival authentique faites-vous référence ?

Nous avons le Festival Créole, qui est une belle opportunité de rencontre. Toutefois, la manière dont il est organisé sur deux semaines n’est pas bénéfique au secteur du tourisme. Nous avons le problème de langage étant donné que l’ensemble du festival est réalisé en créole mauricien. Même le site Web du festival est en créole. C’est normal car l’organisation initiale était pour la population locale. Par contre, dans d’autres destinations comme les Caraïbes, Trinidad et Tobago, ils ont des festivals similaires qui attirent des milliers de touristes. Il y a eu pas mal de discussions autour du Carnaval de Flic-enFlac. Il y a eu des pour et des contre. Le carnaval n’était pas mauvais, mais il faut le faire correctement, avec une bonne organisation et dans un endroit approprié. Cela demande peut-être 12 mois de préparation et l’implication de tous les Mauriciens. La population mauricienne a faim d’événements. Le gouvernement et le privé doivent coopérer pour l’organisation de futurs événements. Le MICE peut être un créneau porteur de croissance pour le tourisme.

Maurice peut-il justement se positionner comme un sérieux prétendant pour les événements MICE dans l’océan Indien ?

Le MICE est un secteur d’avenir pour Maurice. C’est une véritable source de revenus pour le pays, car il apporte des devises étrangères. Le montant annuel oscille entre Rs 2 milliards et Rs 3 milliards. On entend souvent parler du fait que Maurice est aujourd’hui considéré comme un hub. Le pays compte, en effet, des hôtels et d’autres emplacements qui peuvent accommoder des événements de 200, voire 300 convives. En 2004, nous avons accueilli un groupe de 1 200 personnes de Coca-Cola de l’Afrique du Sud. Nous avons eu une coentreprise entre La Pirogue, Sugar Beach and Hilton.

Quelles sont les mesures qui peuvent aider Maurice à franchir un palier dans le MICE ?

Connections s’est vu contraint dans le passé de refuser un groupe de 4 000 personnes. Pourquoi ? En premier lieu, pour des raisons de transport. Nous avons étudié l’option de solliciter les compagnies de transport public pour assurer le déplacement des touristes. C’est un moyen auquel nous avons déjà eu recours dans le passé pour un nombre moindre, soit quelque 1 500 personnes.

La deuxième raison est que Maurice ne dispose de centre capable d’accueillir autant de personnes. Plusieurs pays bénéficient de l’avantage d’avoir un vrai centre professionnel pour accueillir de grands congrès internationaux. À titre d’exemple, l’Afrique du Sud, qui n’est pas très loin de Maurice, dispose de ce type de centre à Cape Town et à Johannesburg. Les grands événements se font au niveau du gouvernement.

Nous n’assistons pas à l’organisation d’événements de grande envergure de la part du privé. Toutefois, le gouvernement peut travailler avec le privé pour l’amélioration de ces organisations événementielles. Nous le faisons déjà avec l’ITMA et la MTPA. Nous avons demandé à la MTPA une table ronde pour travailler sur un calendrier d’événements et par la suite organiser ces événements.

Dans le dernier Budget, on a annoncé la mise en place d’un système de remboursement de la TVA pour l’activité MICE. C’est incontestablement une mesure encourageante pour ce secteur. Cependant, la cible a été placée trop haut. La majorité des groupes que nous classons comme MICE comptent nettement moins de 100 participants. Pour avoir un impact sur le marché international du MICE, le système devrait devenir éligible à partir de 20 personnes payantes par groupe. 

Quelle est la part du MICE dans votre chiffre d’affaires ? Connections est un tour opérateur. Nous représentons des agences internationales de voyage et avons quelque 150 clients. Le segment MICE contribue à un tiers de notre recette annuelle, soit 25 à 35 %. L’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires de Rs 650 millions pour sa dernière année financière. Cela représente une hausse de 5 % par rapport à 2017. Nous avons accueilli quelque 12 000 touristes d’affaires en 2016.

En 2010, nous avons créé le Mauritius Incentive Connection en Afrique du Sud. C’est un consortium de marketing qui regroupe une dizaine d’hôtels locaux. Nous avons un Sales Manager en Afrique du Sud qui opère pour le marché du MICE. Nous avons eu un événement de promotion en janvier dernier. Le thème était We bring Mauritius to Johannesburg. Cette présence sur la région nous permet de mieux exploiter le créneau du MICE.

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