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Portrait Rencontre

Yannick Applasamy – Défenseur de l’industrie 4.0

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Yannick Applasamy - Défenseur de l’industrie 4.0 | business-magazine.mu

Dans son bureau à Pailles, l’on se rend compte que l’aménagement n’est pas au complet. Yannick Applasamy occupe cet espace depuis le début du mois de juillet. Il tient à souligner que la décoration n’est pas sa priorité du moment et se fera graduellement. Toutefois, les priorités directives sont bel et bien établies. «J’ai rencontré l’équipe commerciale avec l’objectif de perfectionner le ‘goto-market’. Nous allons à présent définir la stratégie commerciale mais aussi travailler pour améliorer la visibilité de l’entreprise et assurer le développement régional», indique-t-il.

Âgé de 35 ans, le natif de Pointeaux-Sables se retrouve dans son univers au sein de cette filiale du groupe Harel Mallac, qui fournit des équipements industriels et du matériel de climatisation. Petit, Yannick Applasamy s’adonne au bricolage dans l’atelier de son père, qui est comptable de formation. À l’âge de 10 ans, il manipule les circuits électroniques. Toutefois, il n’était pas voué à faire carrière dans l’industrie. «Tout petit, j’étais perdu quant à mon choix de carrière. Un jour, je voulais être médecin, et le lendemain j’aspirais à devenir pilote», se souvient-il. Celui qui se décrit comme un enfant turbulent va pourtant exercer dans un domaine qui le passionne.

Issu d’une fratrie de trois enfants, il fait ses études secondaires au Collège de la Confiance. Élève paresseux, il se fie à sa mémoire photographique pour réussir. Parallèlement, le sport lui permet de canaliser son énergie, s’adonnant à la natation et au taekwondo. Après son Higher School Certificate, il fait un stage de courte durée dans une usine de textile. Le jeune homme s’envole pour la France en 2004. Il rejoint une université polytechnique à Paris pour une formation de cinq ans en ingénieur industriel, avec spécialisation dans l’automobile et l’aéronautique. Le jeune Mauricien connaît des débuts difficiles dans l’Hexagone. Son acculturation n’est pas facile alors que le système éducatif français diffère complètement de ce qu’il a connu à Maurice.

Déterminé à réussir, il s’accroche. C’est chez Peugeot Citroën qu’il connaît ses véritables premières expériences professionnelles. Il fait de l’alternance pendant deux ans au sein d’une entreprise qui l’impressionne de par sa taille. «Peugeot Citroën, c’est presque l’équivalent de PortLouis en termes de superficie», remarque-t-il. Yannick Applasamy travaille sur le modèle DS3 et découvre un système de travail qui privilégie l’excellence industrielle. Très tôt, l’aspirant est amené à faire de la gestion de projets.

Toutefois, il est persuadé que sa place est à Maurice. «Je voulais venir appliquer mes connaissances dans mon pays natal», explique-t-il. Il sera quelque peu refroidi par cette décision. De retour en 2009, il se rend compte qu’on ne valorise pas les métiers techniques. Il passe une année dans la société Forges Tardieu, où la méthode traditionnelle de l’entreprise ne rejoint pas ses attentes. Ensuite, il est embauché par les Gaz Industriels, le temps d’une année.

Yannick Applasamy a de grandes ambitions professionnelles et accepte un nouveau défi. Il saisit l’opportunité de partir au Moyen-Orient avec le groupe Aldes en 2012, pour occuper le poste de Business Developer. Après six mois, il gravit les échelons pour devenir le directeur marketing régional. Loin de son pays natal, il découvre une culture d’expatriés à Dubaï et au Qatar. Faisant face dans certains cas à la solitude, il ne ménage pas ses forces pour se distinguer. «Je connaissais personne d’autre que la réceptionniste de l’hôtel», dit-il.

Yannick Applasamy se forge une force de caractère et développe une méthode très particulière. «Dans chaque bureau, il y avait au moins une personne qui avait un nom commun au pays. Je sollicitais cette personne à chaque fois que j’allais dans une entreprise pour faire du marketing», confie-t-il. Une technique qui lui réussit. Il a bien dû s’adapter au rythme de travail effréné où l’on sortait des bâtiments de terre en l’espace de deux ans. Parallèlement, sa femme donne naissance à son premier fils, âgé aujourd’hui de cinq ans.

PASSIONNÉ DE CULTURE

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Entre-temps, il continue d’approfondir ses compétences académiques. Il fait un Global MBA en management à distance à l’université de Manchester. En tant que passionné de culture, il prend plaisir à se ressourcer en découvrant les multiples activités du MoyenOrient. Après trois années passées à Aldes Middle East, il r e n t r e à Maurice pour reprendre la direction de la filiale locale. Nous sommes alors en 2015. En tant que General Manager, il contribue au KPI financier de l’entreprise. Yannick Applasamy ne dispose pas de méthode définie de management mais opère selon un pilotage de changement. C’est ainsi qu’il prend la décision de délocaliser la société de La Tour Koenig à Montebello, Pailles, dans l’objectif de croître en visibilité et de minimiser les pertes. En 2018, il rejoint le groupe CIEL le temps d’une année pour opérer dans le textile. Passage qu’il apprécie mais qui ne correspond pas à ses ambitions. Et quand l’occasion se présente de rejoindre Novengi, il prendre le temps de bien réfléchir. «Ma vie personnelle a basculé avec l’arrivée de ma petite fille. Je devais prendre la bonne décision», fait-il ressortir. Yannick Applasamy occupe le fauteuil de General Manager de Novengi depuis juillet dernier où il gère 120 personnes. Celui qui a également travaillé pendant deux ans à l’Association of Mauritian Manufacturers, pense que l’avenir, c’est l’industrie 4.0. Il anticipe un renouvellement du parc industriel. Il compte apporter de l’innovation à Novengi et la transformer en un partenaire des industriels.

Pour concilier sa vie professionnelle et personnelle, l’habitant d’Albion se déconnecte de son téléphone pour passer du temps de qualité avec sa famille. Quitte à consulter ses e-mails avant de se coucher. Il reste toutefois connecté à l’actualité et commente la volonté du gouvernement, dans le dernier Budget, d’aller dans un esprit de continuité. Il apprécie la philosophie de l’industrie et de cette démarche gouvernementale d’opérer différemment.

Par ailleurs, le sportif qu’il est a pris du plaisir à suivre les Jeux des îles de l’océan Indien 2019 avec une attention particulière pour la natation. Ce nouveau challenge chez Novengi, il compte le relever haut la main. Celui qui peine à choisir ses vêtements pour se rendre au bureau peut compter sur le soutien inébranlable de son épouse pour l’aider dans son choix vestimentaire, mais aussi pour se surpasser dans sa carrière professionnelle. «Si la fashion industry me le permettait, je serais toujours habillé d’une chemise blanche et d’un pantalon bleu», lâche-t-il tout sourire.

En aparté

• Une passion

«La cuisine. Cuisiner me permet de me déconnecter. Je regarde tous les épisodes de Top Chef. J’aime cuisiner des pâtes fraîches. Quand on vit seul très tôt, on a deux choses : soit on devient fan de Mc Donald’s soit on apprend à cuisiner».

• Auteur préféré

«J’aime bien la lecture politique. Thomas Guénolé est un de mes auteurs préférés»