Type to search

Interview Rencontre

Megh Pillay: «Il faut revoir la structure de la State Trading Corporation»

Share
Megh Pillay: «Il faut revoir la structure de la State Trading Corporation» | business-magazine.mu

Il est temps d’insuffler un nouveau dynamisme à la State Trading Corporation, notamment en listant la société sur le marché boursier, souligne son General Manager. Dans cet entretien, Megh Pillay revient sur les récents accords passés avec les Seychelles qui, selon lui, permettront, entre autres, d’accélérer la mise en place du projet d’un pôle pétrolier pour Maurice.

BUSINESSMAG.La restructuration de la State Trading Corporation est-elle encore d’actualité ?

À ce jour, la question de la restructuration n’a été pas évoquée. Néanmoins, c’est un de mes souhaits que la STC restructure ses opérations. La STC compte 30 ans d’existence. Elle opère avec un cadre légal qui a été mis en place en 1982-1983. Depuis, bien des choses ont changé, à commencer par le monde de l’économie et celui des affaires. Il faut savoir que la STC brasse un chiffre d’affaires de Rs 40 milliards. Rs 37 à 38 milliards de ce chiffre d’affaires concernent uniquement le pétrole et le montant restant touche à la farine et au riz. C’est un mélange indigeste !

C’est la raison pour laquelle il est grand temps de revoir la structure de la STC, voire le cadre légal dans lequel elle opère. Les autorités auraient dû permettre à la STC d’opérer comme une compagnie privée, comme cela a été le cas avec Mauritius Telecom et Air Mauritius où le gouvernement reste l’actionnaire majoritaire. Ou encore réfléchir à la possibilité de lister les actions de la STC sur la Bourse de Maurice ou de les ouvrir aux stakeholders avec lesquels nous entretenons des liens étroits.

BUSINESSMAG.Lors de la récente mission du ministre de l’Industrie et du Commerce et de la Protection des Consommateurs aux Seychelles dans le cadre du forum d’affaires Maurice-Seychelles et de la Mauritius Exhibition and Trade Fair, la STC a ratifié deux accords. Qu’en est-il ?

Le premier accord a été signé avec la Seychelles Trading Company et le second avec la Seychelles Petroleum Company (SEYPEC). Ces deux accords ont des objectifs différents.

BUSINESSMAG.Quels sont les créneaux d’activités dans lesquels la SEYPEC est engagée aux Seychelles ?

La SEYPEC est responsable du stockage et de la distribution des produits pétroliers à travers les Seychelles. De plus, elle propose au niveau local les services d’avitaillement (bunkering) et possède des stations-service. Mais, comme les Seychelles ne sont pas un grand pays – avec uniquement 88 000 habitants comparé aux 1,3 million de Maurice – la SEYPEC compte deux stockages, quelques camions citernes pour la distribution et neuf stations-service.

La compagnie a également créé l’entité PetroSeychelles, qui se dédie à l’exploration des produits pétroliers dans cette partie de l’est de l’Afrique. Après des études géosismiques, il a été découvert que dans les fonds marins, il existe une certaine quantité de réserve de gaz naturel et d’autres produits pétroliers. Dans cette optique, la PetroSeychelles a lancé il y a peu des appels d’offres pour l’exploration pétrolière.

BUSINESSMAG.Dans quelle mesure cette activité pétrolière aux Seychelles est-elle différente decelle pratiquée à Maurice ?

Les Seychelles ont une longueur d’avance sur Maurice en matière de stockage de produits pétroliers. Même si la SEYPEC possède deux stockages, elle a néanmoins une capacité de stockage de 190 000 tonnes contre 120 000 à 130 000 tonnes pour Maurice. Cependant, même si nous sommes en retard au niveau du stockage, nous brassons et traitons une quantité de 1,2 million à 1,3 million de tonnes, contre seulement 350 000 tonnes seulement pour les Seychelles. Aujourd’hui, les quatre compagnies pétrolières ainsi que la Mauritius Molasses se partagent 16 000 tonnes de pétrole. Une partie du pétrole est attribuée au Central Electricity Board (CEB) qui consomme de l’huile lourde. Autrement dit, les Seychelles brassent quatre fois moins que nous. À Maurice, pour cette filière, nous brassons un chiffre d’affaires qui est dix fois supérieur à notre capacité de stockage.

BUSINESSMAG.Comment cet accord avec la SEYPEC est-il bénéfique à Maurice ?

Grâce à cet accord, la STC et la SEYPEC échangeront des informations et partageront leurs expériences sur le commerce des produits pétroliers. Cet accord entre la STC et la SEYPEC est étalé sur deux ans. Il est important que les îles de l’océan Indien s’orientent davantage vers des accords mutuels, que ce soit avec l’île de la Réunion, Madagascar ou les Seychelles. Il faut aussi savoir que l’accord qu’ont signé la STC et le SEYPEC ne concerne en aucun cas l’exploration pétrolière. L’exploration pétrolière n’est ni de notre ressort, ni de celui du ministère de l’Industrie et du Commerce et de la Protection des Consommateurs.

Ce sera un accord gagnant-gagnant qui nous aidera à mettre en place l’un des projets annoncés par le gouvernement lors du Budget 2014, à savoir le Petroleum Hub. La vision du gouvernement est de positionner Maurice comme un Petroleum Hub pour la région, c’est-à-dire devenir un centre régional pour l’échange physique de ce produit. Mais, pour cela, nous devrons développer une relation régionale afin d’imposer Port-Louis comme un Petroleum Hub. Les Seychelles et même l’île de la Réunion pourront s’approvisionner à Port-Louis au lieu de se rendre à Singapour ou dans le Golfe. Grâce à cet accord, nous bâtissons en amont le Petroleum Hub. Bref, la STC ne fait que jeter les bases.

Si les pays de la région commencent à s’approvisionner à Port-Louis, il est tout à fait logique que le futur développement du port suivra. Si la demande se fait sentir, Port-Louis devra subir des changements, comme c’est le cas pour le Golfe où des installations ont été littéralement construites en mer, afin d’accueillir les pétroliers et les autres navires.

BUSINESSMAG.Qu’en est-il de l’accord signé avec la Seychelles Trading Company ?

Tout comme la State Trading Corporation, la Seychelles Trading Corporation Company (STCL) est un importateur de commodités. Ce qui nous différencie, c’est le nombre de produits dont nous nous occupons. À la STC, en sus du pétrole, nous nous penchons sur les commodités suivantes : la farine et le riz. Mais la Seychelles Trading Company s’occupe d’une large gamme de produits. Dans le cadre de cet accord, nous sommes appelés à partager nos expériences, à coopérer ou encore à établir des joint-ventures.

BUSINESSMAG.Justement, quels sont les facteurs qui sont à l’origine du succès commercial des deux types de riz basmati mis sur le marché par la STC ?

Le riz basmati de la STC a été bien accueilli par les consommateurs mauriciens. Bien que nous ne jouissions pas des mêmes facilités de distribution que les importateurs de riz, nous notons que notre riz basmati se vend bien. Notre but n’est pas d’investir dans une chaîne de distribution; nous voulons offrir aux Mauriciens un riz avec un bon rapport qualité/prix.

À l’instar du pétrole, le prix du riz fluctue selon sa production. Quand la production est moindre, le prix du riz grimpe. Toutefois, nous avons constaté que quand la production de riz est en hausse, son prix ne baisse pas. La menace d’une hausse de prix de 18 % planait.

STC agit comme un baromètre. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé début février ce riz basmati. Depuis, le prix du riz reste stable. Cette menace d’une hausse des prix du riz ne s’est jamais matérialisée. À la STC, nous ne sommes pas intéressés par les parts de marché. Tout ce que nous voulons, c’est réguler le marché du riz.

BUSINESSMAG.Comment évolue le prix du carburant, cette année ?

Le prix de carburant fluctue tous les jours. Il est difficile de dire s’il baisse ou grimpe. À Maurice, afin d’éviter que les prix ne fassent l’effet yo-yo, nous préférons prévoir une stabilité. Néanmoins, nous calculons la moyenne du prix du carburant pour 2014 en nous basant sur les chiffres des années 2010, 2011, 2012 et 2013. Ainsi, nous estimons si le prix augmentera ou pas. Grâce à ce calcul, nous pensons que pour 2014, le prix du carburant sera stable, fluctuant de $104 à $112.

}]
Tags:

You Might also Like