Christiane Albert – Chevalier de synergies

Christiane Albert pilote le Cluster GREEN qui a pour vocation de développer des synergies autour de projets relevant de l’économie circulaire. La déléguée générale du SICR vient d’accéder au grade de Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur pour son parcours professionnel exemplaire.

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Pure coïncidence ou ironie du sort, Christiane Albert est née à l’île Maurice en 1953, l’année de création du SICR (Syndicat de l’Importation et du Commerce de La Réunion). La petite fille grandit avec ses deux frères sur la propriété sucrière de Bénarès. Cette enfance dans le Sud sauvage de l’île fut la période bénie de Christiane.

Après ses premières années au sein du cocon familial, Christiane Albert quitte la propriété à 7 ans pour poursuivre sa scolarité. La petite école de Rose-Hill accueille cette jeune enfant précoce. À 12 ans, elle obtient une bourse qui lui permet de poursuivre ses études secondaires au Couvent de Lorette de Curepipe, école très réputée de l’île sœur dirigée par des religieuses. Après avoir obtenu l’équivalent du Bac, elle fait une année d’école de commerce à Vacoas. Elle est repérée à 18 ans par une compagnie d’assurances et se lance très vite dans la vie active. Puis, elle rencontre celui qui deviendra son époux et part s’installer en Vendée.

Christiane Albert pose ses valises à La Réunion en 1982, après une interruption professionnelle d’une dizaine d’années pour s’occuper de ses deux enfants. En 1985, la jeune femme retourne sur les bancs de la faculté. Elle s’inscrit aux cours du soir de l’IAE (Institut d’Administration des Entreprises) pour actualiser ses connaissances et trouve de l’emploi à mi-temps chez René Micaud, le père fondateur d’AOM, pour payer ses études. Elle fait alors partie de l’équipe initiale de la Compagnie et, pour combler un vide, elle supplée le directeur en son absence jusqu’à ce que Jocelyne Bonnal prenne ses fonctions.

«Nous n’étions pas des professionnels du tourisme ni de l’aérien ; la création d’AOM a été une aventure passionnante», raconte-t-elle avec une certaine nostalgie. Après cet épisode professionnel enrichissant, Christiane Albert décroche une maîtrise de gestion à l’âge de 40 ans. Elle occupe un poste de responsable administratif et financier chez Isofer jusqu’à sa fermeture et débute sa carrière en tant que secrétaire générale au sein du Syndicat de l’Importation et du Commerce de La Réunion en 2000.

Issue du monde de l’entreprise, Christiane Albert progresse rapidement dans ses nouvelles fonctions. «Je ne connaissais pas très bien le milieu syndical, mais je savais comment les chefs d’entreprise fonctionnaient et quelles étaient leurs préoccupations. J’avais aussi cette capacité à chercher, à me documenter, à actualiser en permanence mes connaissances pour répondre de manière optimale à chaque entreprise qui venait frapper à la porte du SICR», explique-t-elle.

Répondre aux besoins des chefs d’entreprise

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Christiane Albert prend son métier très à cœur. Elle s’accroche, analyse chaque entreprise qui possède une problématique bien particulière pour aller chercher l’information. «Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas être ce puits de science pour balayer autant de secteurs d’activité. Car un jour on vous parle d’automobile, le lendemain d’importation de sauce de soja ou d’animaux vivants… Il était impératif de mettre en réseau les compétences spécifiques et de jouer le rôle de facilitateur», dit-elle. Dans une logique de professionnalisation, elle développe ainsi des plans de formation pour répondre aux besoins des chefs d’entreprise.

Le SICR était au départ un Syndicat professionnel patronal avec des missions purement traditionnelles. Il prend une ampleur nouvelle en 2011 avec la création de la société Services de l’Importation et du Commerce de La Réunion pour offrir des prestations dans les domaines de la formation et de l’environnement.

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Christiane Albert et son équipe continuent d’œuvrer au sein du SCIR pour une économie plus vertueuse et pour révéler la pugnacité de ses membres. Elle prend des initiatives, des risques pour préserver leur activité, innove pour mieux développer leur compétitivité. Elle milite pour que les règles d’une saine concurrence soient respectées et travaille d’arrache-pied pour que les infrastructures portuaires et aéroportuaires de l’île répondent aux exigences de qualité nécessaires au développement de l’île.

Secondée par une équipe dynamique, Christiane facilite les conditions de mise en œuvre des filières à Responsabilité Élargie du Producteur (REP). Les importateurs introduisent sur le territoire des produits neufs qui, arrivés à leur fin de vie, doivent trouver des solutions de traitement. C’est tout naturellement que Christiane met en place les premières filières REP. «Nous facilitons les échanges entre les services de l’État, les éco-entreprises et les entreprises éco-responsables ; nous sommes en quelque sorte des créateurs de liens. Le SICR est devenu un peu le référant des éco-organismes nationaux», soutient-elle.

Christiane Albert, en lien avec le bureau, définit la politique du SICR, porte les projets d’une centaine d’adhérents avec de grands groupes, soit un réseau de 450 entreprises. «Nous avons mis en œuvre les filières REP, pensé leur fonctionnement, leur organisation et assuré leur pérennité», ajoute-t-elle.

Depuis 2003, 121 500 tonnes de déchets ont été collectées et traitées. Et de conclure : «Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des passerelles à établir, des synergies à trouver, et c’est comme cela que le Cluster Green a été créé». 

le Cluster GREEN

En 2012, le SICR initie le projet du cluster de l’Environnement «GREEN» - Groupement des Entreprises engagées pour l’Environnement, dont l’ambition est de faire de l’environnement un moteur de développement économique et sociétal pour La Réunion. Le Label Régional RSE-QVT sera officialisé lors du deuxième Forum régional des éco-entreprises en octobre prochain. «Pourquoi est-ce que je tiens tellement au label RSE-QVT? Personnellement, si je m’ennuyais au travail, je n’y passerais pas autant de temps. Pour impliquer les gens, ils doivent être au cœur du projet. Cette légion d’honneur ne m’appartient pas ; elle appartient à cette communauté humaine de savoir-faire. C’est un remerciement de l’engagement pour tous ceux qui m’ont accompagnée; ce n’est pas personnel, je le prends comme tel. L’efficience réside dans chacun d’entre nous», fait-elle ressortir.

65 ans pour le SICR 

En 1953, le Syndicat des Commerçants a été constitué par les importateurs pour défendre les intérêts économiques commerciaux et moraux de leur profession. Il devient, en 1971, le Syndicat des Importateurs Grossistes de La Réunion et prend son nom définitif de SICR en 1997.