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La pourfendeuse du développement sauvage

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La pourfendeuse du développement sauvage | business-magazine.mu

Parlez-lui de patrimoine architectural en péril, de planification urbaine, de développement durable, et Sylvie de Leusse, d’apparence mesurée, s’anime. Architecte spécialisée en urbanisme, attachée au cabinet Ahmed Rawat Architects, basé à Curepipe, actuellement présidente de la Mauritius Association of Architects, formule, en ce sens, un ensemble de revendications et considérations qui tendent vers une île Maurice pérenne et plus harmonieuse. Du moins sur le plan du paysage urbain et rural.

« Quand nous construisons, nous devons prendre en compte l’environnement dans lequel nous le faisons, afin de respecter la nature, ainsi que les volumes déjà construits. Il y a des outils, tels que l’Étude d’Impact (EIA), obligeant chaque pétitionnaire à intégrer cette démarche à sa demande de permis de construire. Si les règlements d’urbanisme restent trop vagues et ne prennent pas en considération la particularité des zones ou quartiers précis, cela peut résulter en une catastrophe urbanistique. Des zones à risques – par exemple, les terrains inondables – devraient être répertoriées et interdites à la construction pour parer à des situations périlleuses », confie, avec passion, Sylvie de Leusse.

Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille (ENSAM) en 1980, cette ancienne élève du Queen Elizabeth Collège a, au tout début de sa carrière, travaillé à Marseille avant de se mettre à son propre compte en Corse en 1987. « C’est en laissant mon empreinte à chaque construction que je me suis inévitablement penchée sur la question de l’urbanisme dans l’acte de bâtir et que j’ai trouvé que les écoles d’architecture ne traitaient pas assez cette question », souligne cette engagée de l’urbanisme. Tout en préparant son Diplôme d’étude supérieure spécialisée (DESS) en Urbanisme, Sylvie de Leusse participera à l’élaboration de Plans d’Occupation du Sol (POS) dans plusieurs communes de la Corse du Sud et de Haute Corse, et d’autres plans d’aménagement de zone et de quartier pour le Département de la Corse du Sud et de plusieurs municipalités.

« Si les règlements d’urbanisme restent trop vagues et ne prennent pas en considération la particularité des zones ou quartiers précis, cela peut résulter en une catastrophe urbanistique. »

Pour Sylvie de Leusse, on ne peut séparer la planification urbaine de l’architecture. L’harmonisation dans la construction de maisons et bâtiments passe par un règlement d’urbanisme plus précis, soutient-elle.

Ce qui alimente deux de ses revendications : celle concernant la participation des architectes professionnels aux plans et schémas directeurs tant au niveau national que local. Et celle d’avoir des architectes conseils dans les services d’urbanisme délivrant des permis de construire.

Or, l’expertise de l’urbaniste n’est pas encore reconnue à sa juste valeur à Maurice, déplore Sylvie de Leusse : « Nous déplorons de n’être pas plus concertés pour le National Development Strategy qui est en cours d’élaboration par le ministère du Logement et des Terres ».

Avant-gardiste, Sylvie de Leusse estime que le ralentissement dans le secteur du bâtiment devrait être considéré comme une opportunité pour mettre en place un vaste chantier d’embellissement à Maurice. Celui-ci inclurait l’aménagement des trottoirs ou encore la réhabilitation des bâtiments vieillissants. « Nous souhaiterions que les gens soient tenus de faire des ravalements de façades pour maintenir leurs propriétés dans un état correct. En même temps, cela éviterait le délabrement et dépeuplement des centres villes auxquels nous assistons impuissants », fait-elle valoir.

Dans ce contexte, les poches de terrains plus ou moins abandonnés en centre-ville, suggère-t-elle, devraient être réquisitionnées pour y abriter des activités sociales.

Sylvie de Leusse poursuit son réquisitoire : les bâtiments historiques n’ont pas besoin d’être en bon état pour être sauvés, préservés et restaurés, lance-t-elle. Avec le concours d’autres associations et organisations non gouvernementales militant pour la conservation des bâtiments historiques, insiste- t-elle, la Mauritius Association of Architects doit veiller au grain pour éviter qu’on ne démolisse ces patrimoines culturels.

Ensemble, ces pourfendeurs du développement sauvage et mal planifié doivent conscientiser les pouvoirs publics et la population « sur l’importance de transmettre notre héritage à nos enfants et petits-enfants », plaide Sylvie de Leusse. Une cause en laquelle elle croit dur comme fer et qu’elle défendra jusqu’au bout.

Elle aime

  • La simplicité
  • La nature 
  • Les considérations esthétiques

Elle n’aime pas

  • L’hypocrisie 
  • La vanité
  • L’injustice
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