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Mathieu Mandeng: Du Cameroun à la tête de la Standard Chartered (Mauritius)

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Mathieu Mandeng: Du Cameroun à la tête de la Standard Chartered (Mauritius) | business-magazine.mu

Le nouveau Chief Executive Officer de la Standard Chartered Bank (Mauritius), originaire du Cameroun, s’est forgé une solide réputation dans le monde des affaires par son engagement et sa persévérance. Portrait d’un banquier au tempérament d’acier.

Né le 10 octobre 1964, à 00 h 04, précise-t-il avec un sourire, Mathieu Mandeng, le nouveau Chief Executive Officer (CEO) de la Standard Chartered Bank (Mauritius) est originaire d’un petit village au Cameroun. Loquace et humble à la fois, il revient sur le parcours académique et professionnel qui a précédé sa prise de fonction à la tête de l’antenne mauricienne de la Standard Chartered Bank.

C’est dans son village natal, nous dit Mathieu Mandeng, qu’il a effectué sa scolarité primaire et secondaire avant d’aller s’installer à Yaoundé, la capitale, afin d’y poursuivre ses études. Puis, en 1987, après l’obtention d’une licence en sciences économiques, il obtient une bourse lui permettant de partir étudier à Bordeaux, en France. Mathieu Mandeng y optera tout d’abord pour une maîtrise en sciences économiques, suivie d’un MBA relations entreprises et finira par un master contrôle de gestion à l’Université d’Orléans. «Voilà à peu près un parcours estudiantin classique, suite auquel j’ai commencé ma carrière», avance-t-il.

Mathieu Mandeng affirme qu’étant donné son bagage académique, il a eu le privilège de ne s’être jamais retrouvé dans la position du demandeur d’emploi. En effet, on lui a souvent proposé de l’embaucher et il lui a fallu faire un choix. Il évoque par exemple cette offre de France Télécom tandis qu’il était toujours étudiant, dans les années ’90. Mathieu Mandeng y opposera un refus catégorique. «Je savais déjà ce que je voulais faire. Je ne voulais pas être noyé dans la masse ; chose qui allait se passer si je rejoignais cette entreprise», confie-t-il. Il cherchera donc à travailler avec des petites et moyennes entreprises dans le but de faire la différence.

Alors qu’il est en France, Mathieu Mandeng intègre le groupe BDE, où il passera trois ans au sein du département de la méthodologie. Au terme de cette expérience, il sera formateur pendant sept ans au Sifor; une étape marquante dans sa progression professionnelle car cet institut n’embauche généralement que des formateurs aguerris.

Mathieu Mandeng reçoit ensuite une proposition d’un cabinet de chasseurs de têtes concernant un poste à l’antenne camerounaise de la Citibank, banque américaine d’envergure internationale. Le professionnel prend pourtant le temps de la réflexion et ne se décide à rentrer au pays qu’au bout d’un an de négociations. «Cela faisait 13 ans que j’étais parti. J’avais presque oublié mon pays et je n’étais pas sûr qu’y retourner serait une bonne idée», justifie Mathieu Mandeng. Il se souvient encore de l’argument de Citibank qui a fait pencher la balance : «Ils m’ont dit: ‘Venez nous aider à gagner de l’argent et nous allons vous aider à connaître votre pays.’ C’est exactement ce qui a conclu nos conversations».

C’est ainsi qu’en janvier 2000, Mathieu Mandeng se retrouve à la Citibank du Cameroun où il sera appelé à exercer plusieurs fonctions. Encouragé par ses employeurs, il redécouvre son pays, non plus avec les yeux du jeune étudiant qui l’avait quitté avec des rêves plein la tête mais en tant que professionnel évoluant dans un secteur clé de l’économie.

À la Citibank, Mathieu Mandeng prend toute la mesure de la vive concurrence que se livrent l’institution bancaire où il évolue et la Standard Chartered Bank du Cameroun. Cette dernière l’invite même à rejoindre ses rangs deux ans plus tard. N’aimant pas se décider à la hâte, Mathieu Mandeng répondra par l’affirmative, certes, mais pas avant 2004.

Une fois en poste à la Standard Chartered Bank (Cameroon), Mathieu Mandeng se voit confier de lourdes responsabilités dont, principalement, la restructuration de la banque. Il faudra deux ans et demi et beaucoup de persévérance au professionnel pour relever ce nouveau défi mais il le fera haut la main et sera promu CEO en 2007. Il occupera cette fonction jusqu’en novembre 2015, avant de faire ses valises pour Maurice.

«I am psyched to  be here», affirme Mathieu Mandeng quant à son état d’esprit depuis qu’il occupe le fauteuil de CEO de la Standard Chartered Bank (Mauritius). Cette opportunité s’est présentée au moment opportun, estime-t-il, si l’on considère le potentiel de Maurice à se positionner en tant que couloir entre l’Asie et l’Afrique. «Maurice pourrait jouer pour l’Afrique un rôle similaire à celui de Singapour pour l’Asie du Sud-Est», insiste le CEO qui entend faire en sorte que la Standard Chartered Bank (Mauritius) soit partie prenante de ce processus. Un défi de plus à relever pour ce battant qui attend de son effectif le même investissement professionnel. Toutefois, reconnaît-il, «j’ai eu la chance de travailler avec de très bonnes équipes».

Très engagé dans le monde des affaires, Mathieu Mandeng cumule, par ailleurs, plusieurs fonctions : lui qui a déjà été Chairman de la Bankers’ Association au Cameroun, est actuellement membre du Cameroon Business Forum et président du Business Council for Africa, entre autres. Il travaille aussi en collaboration avec la Singapore Business Federation pour promouvoir le commerce et l’investissement entre Singapour et l’Afrique de l’Ouest. À la question de savoir où il trouve le temps pour assumer l’ensemble de ses responsabilités, le CEO répond qu’il a l’avantage de dormir peu. «Je suis très passionné. Je lis beaucoup. J’avoue cependant que je dois m’améliorer au niveau du ‘work-life balance’. Ma faiblesse, je le reconnais, est de ne pas consacrer assez de temps à ma famille».

Sa famille lui étant toutefois chère, Mathieu Mandeng nous confie qu’avant que son fils, aujourd’hui âgé de 21 ans, n’entreprenne des études à l’université de Manchester, il l’emmenait avec lui au cours de ses voyages d’affaires.

Et s’il n’avait pas été banquier ? Puisant dans ses aspirations d’enfance, Mathieu Mandeng avoue qu’il voulait devenir médecin, pour pouvoir fournir des services de santé équitables à tous les habitants de son village. «Je ne regrette rien cependant», ajoute-t-il.

À part la lecture, le CEO de la Standard Chartered Bank (Mauritius) nous dit aimer le tennis et la natation. Et de conclure sur une note enjouée : «J’ai joué au golf pendant un an mais on me dit qu’à Maurice on ne peut pas ne pas jouer au golf !»

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