Type to search

Portrait Rencontre

Richard Wooding: le goût de l’aventure

Share
Richard Wooding: le goût de l’aventure | business-magazine.mu

Ce natif de la Grande-Bretagne a bâti sa carrière loin de son pays, notamment en Afrique et à Maurice. Il met désormais ses compétences au service de Tiremaster, dont il est le nouveau Chief Executive Officer.

C’est dans les locaux de Tiremaster à Phoenix que nous accueille Richard Wooding. Le souriant quinquagénaire y occupe depuis quelques mois le poste de Chief Executive Officer (CEO). Comptant une riche expérience dans le secteur de la grande distribution et des biens de consommation en Afrique mais également à Maurice, il revient sur le parcours qui l’a amené à mettre ses compétences au service d’une des références de l’île en matière de commercialisation de pneus. Un brin d’humour dans la voix, il lance, avant de commencer: «Vous voyez bien que j’ai une chevelure grisonnante. Dites-vous que cela vous prendra une journée !»

Richard Wooding fait ses premiers pas dans le monde du travail en 1980, en Angleterre, pays dont il est originaire. Il avoue toutefois ne pas apprécier le temps pluvieux de même que l’atmosphère pesante de sa terre natale. Le jeune homme qu’il est alors se met à rêver de belles contrées lointaines, en particulier de la savane et de la chaleur africaines. «Passer ma vie avec des Anglais, avec le même train-train quotidien, franchement, cela n’avait rien de passionnant», confie-t-il. Animé du désir de relever des défis, Richard Wooding met donc le cap sur l’Afrique dès que l’occasion se présente.

L’aventure africaine démarre, pour le Britannique, en 1983. Embauché par Rothmans International, société spécialisée dans la vente de cigarettes, il se retrouve confronté aux dures réalités du terrain mais fait preuve de persévérance. «J’étais basé en Afrique de l’Ouest et plusieurs pays comme le Togo, le Bénin, le Niger et le Gabon étaient en voie de développement», se souvient-il. Onze ans plus tard, en 1994, ayant fait ses premières armes dans le commerce des cigarettes, Richard Wooding décide de se joindre au groupe British American Tobacco (BAT).

Ses responsabilités au sein de la BAT l’amèneront à mieux connaître l’île Maurice, où il occupe, à ce moment-là, le poste de directeur général de la société. S’il avait déjà séjourné à Maurice en 1983, c’était néanmoins la première fois qu’il y travaillait et devait ainsi se familiariser avec l’environnement des affaires où il évoluerait dès lors. Richard Wooding souligne d’ailleurs qu’à son arrivée, fin 1994, l’un des aspects qui attirent son attention est le développement qu’a connu l’île depuis sa première visite, soit durant la période qualifiée de «premier miracle économique», placée sous les auspices du tandem sir Anerood Jugnauth-Vishnu Lutchmeenaraidoo. Au bout de deux années, la BAT envoie notre interlocuteur en Asie du Sud-Est, où il est basé pendant trois ans à Singapour et en Malaisie. S’ensuivra un retour aux sources, au siège de la BAT, à Londres.

Une fois de plus, cependant, Richard Wooding ne peut résister à l’appel de l’Afrique. «Je ne suis pas ‘So British’. Je ne pouvais me faire à l’idée de construire ma vie professionnelle en Angleterre», commente-t-il. Aussi saisit-il l’opportunité, fin 2001, d’intégrer Heineken International, société hollandaise réputée pour son savoir-faire en matière de production de bière. Au début de l’année suivante, la multinationale confie à Richard Wooding une mission de six mois au Tchad puis il endosse le rôle d’administrateur délégué pour une brasserie de la société, basée au Rwanda. Cette incursion dans le secteur des boissons lui plaît, semble-t-il, puisque fin 2005, notre interlocuteur retourne à Maurice pour siéger au poste de CEO de Phoenix Beverages Ltd (PBL). Il restera en fonction d’avril 2006 à juin 2013. «Après PBL, j’ai de nouveau tenté l’aventure africaine en dirigeant la société qui fabrique du Coca-Cola au Kenya. Cela a duré 15 mois.»

Depuis mars 2015, tout en demeurant dans le secteur de la grande distribution et des biens de consommation, Richard Wooding a décidé de s’intéresser, cette fois, à un tout autre domaine : celui des pneus. Le nouveau CEO de Tiremaster avance que trois éléments l’ont incité à revenir à Maurice : «Tout d’abord, je pense sincèrement que Tiremaster est une entreprise à grand potentiel. Il faut ajouter que la compagnie évolue dans le domaine de la consommation et de la grande distribution. Or, dans ce segment, les clients restent les mêmes. Enfin, c’est un défi de mettre les compétences que j’ai acquises auprès des autres sociétés que j’ai côtoyées au service de Tiremaster.» Son attachement à l’île Maurice a été, dit-il, une source de motivation supplémentaire : «C’est toujours un plaisir de revenir à Maurice car je m’y sens très bien. C’est un des environnements dont je ne peux me passer.»

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le poste qu’occupe Richard Wooding au sein de Tiremaster ne sera pas de tout repos. D’autant plus que le nouveau CEO n’a nullement l’intention de déroger à un modèle de gestion qui a fait ses preuves. En effet, bien qu’il soit d’un naturel amical, quand il s’agit du travail, sa priorité est l’obtention de bons résultats. Richard Wooding, en gestionnaire exigeant, a, de fait, une réelle aversion pour l’échec. Pour ce qui est de Tiremaster, il laisse entendre que sa première année en tant que CEO sera axée sur la consolidation de l’entreprise qu’il ambitionne de mettre sur la voie de la croissance. «Aujourd’hui, il est impératif d’augmenter le chiffre d’affaires de la compagnie et, en même temps, de faire grimper sa rentabilité. Pour atteindre cet objectif, nous avons une bonne stratégie

Dans cette optique, les réseaux de distribution de Tiremaster seront améliorés alors que la gamme de produits proposée sera diversifiée. Parallèlement, en interne, Richard Wooding encouragera le développement de «best working practices» pour accroître la productivité des employés. Par ailleurs, le CEO a l’intention de mieux faire connaître les autres activités de Tiremaster, à l’instar de son service de réparation de voitures accidentées ou de la distribution de produits alimentaires. «À Maurice, Tiremaster est connue dans le domaine du pneumatique mais l’entreprise évolue à bien d’autres niveaux. La distribution de produits alimentaires, par exemple, représente 80 % du chiffre d’affaires de la compagnie.»

Interrogé quant à la tendance sur le plan de la consommation à Maurice, Richard Wooding affirme, en observateur averti : «Bien que le marché se développe, nous constatons qu’actuellement, les habitudes des consommateurs connaissent un changement. En effet, ils sont en quête de ‘value for money’ et freinent leurs dépenses. Bref, le consommateur mauricien est en ce moment proche de ses sous.»

Tags:

You Might also Like