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Sharmilla Bhima : un sens aigu de la justice

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Sharmilla Bhima : un sens aigu de la justice | business-magazine.mu

«Counsel» à Appleby, société spécialisée dans les services juridiques, fiduciaires et administratifs ayant trait à l’offshore, Sharmilla Bhima a côtoyé, lors de son parcours, des pointures de la sphère légale, à Maurice comme à l’étranger. Rencontre.

L’air déterminé tout en étant charmante, Sharmilla Bhima, avocate et Counsel à Appleby, est éprise de justice. Un trait de caractère qui s’est développé en partie grâce à son père, ancien commandant de la Special Mobile Force (SMF). Elle acquerra ainsi très tôt les valeurs inhérentes à cette unité chargée de faire respecter la loi. 

Après sa scolarité au Queen Elizabeth College, à Rose-Hill, Sharmilla Bhima met le cap sur l’Angleterre où elle entreprend des études de droit – incluant une année de droit français – à l’université de Reading. Son diplôme en poche, en 1995, elle passe son examen d’entrée au barreau à la BPP Law School puis fait son apprentissage au sein d’un prestigieux cabinet d’avocats de Londres, Thomas More Chambers, avec pour «pupil supervisor» Geoffrey Cox. 

En 1999, Sharmilla Bhima foule à nouveau le sol mauricien pour prêter serment en tant qu’avocate en septembre de cette année-là. Débute alors un riche parcours dans la sphère légale du pays. «J’ai travaillé pendant deux ans à Clarel Benoit Chambers dans le domaine de l’offshore. Cependant, cela m’a fait réaliser que j’apprenais à courir avant de marcher. J’ai donc fait une pause», confie Sharmilla Bhima. 

Par la suite, elle intègre «l’équipe de la famille Glover», où elle est appelée à intervenir principalement sur des dossiers relatifs au droit pénal, avant de se joindre au cabinet de Mes Maxime Sauzier et Patrice de Speville. Elle y restera quatre ans. Son parcours l’amènera à travailler sur des dossiers d’envergure nationale, à l’instar du procès intenté à la Mauritius Commercial Bank par la Commission anti-corruption pour blanchiment dans le cadre de la fraude de Rs 881,6 millions au détriment du National Pension Fund. Elle interviendra en tant que «Junior advocate» dans cette affaire.

En 2007, lorsque Sharmilla Bhima reçoit une offre d’Appleby, société de renommée internationale spécialisée dans l’offshore et plus précisément les services juridiques, fiduciaires et administratifs, l’avocate se laisse tenter. Elle qui avait déjà de l’expérience dans le domaine de l’offshore mais avait fait le choix de s’en éloigner temporairement, remarque que «cette fois, le challenge était vraiment de savoir si je pouvais m’adapter dans une firme légale telle qu’Appleby, disposant d’un réseau international et administrée selon des règles globales». À Appleby, Sharmilla Bhima débutera comme associée puis sera promue «Senior Associate» et cette année, Counsel. 

Revenant en arrière, Sharmilla Bhima se souvient qu’au départ, la voie professionnelle où elle allait s’engager n’était pas forcément toute tracée. Sa famille comptant plusieurs médecins, enfant, elle nourrissait l’ambition, elle aussi, de se mettre au service des malades plus tard. Toutefois,  étant donné que son père évoluait dans la force policière, elle a eu l’occasion d’intégrer les «Girl Guides», mouvement institué par l’épouse d’un officier de police. Elle y prendra conscience des injustices de la vie. 

Une visite à l’une des écoles spécialisées de l’Association de parents d’enfants inadaptés de l’île Maurice (Apeim) en particulier est restée gravée dans sa mémoire. Cette expérience, dit-elle, a «réveillé» quelque chose en la «girl guide» qu’elle était, «car je pense que nous avons tous un sens et une définition de la justice qui nous sont propres». L’avocate évoque, en outre, la campagne «Hearts and Minds» de la SMF qui comprend des visites chez les démunis et des travaux sociaux. «Tous ces évènements m’ont poussée vers le droit simplement», résume Sharmilla Bhima. 

Elle sera confortée dans son choix de carrière quand elle assistera, des années plus tard, à une plaidoirie devant le juge Jocelyn Forget de feu Me Madun Gujadhur, auprès duquel elle avait fait une courte période d’apprentissage après ses études à Reading. «J’ai su à cet instant-là que j’avais bien choisi et que je voulais devenir avocate», souligne-t-elle avant d’ajouter, quelque peu émue, «C’est Me Gujadhur qui m’a fait réaliser mon potentiel». 

Être convaincu que l’on est fait pour un métier spécifique n’écarte pas les défis à relever. Pour Sharmilla Bhima, le premier d’entre eux est de comprendre ce qu’est vraiment la justice. «

Nous avons tous notre notion de la justice, mais cette perception change quand on commence à pratiquer le métier d’avocat. Cela fait 15 ans déjà que j’ai prêté serment et je suis toujours en train de me poser la question : ‘What does justice truly mean?’» Un autre challenge, indique-t-elle, est la gestion de son temps, «car il faut pouvoir s’accorder du temps à soi-même». 

Malgré la nature difficile de son métier et le niveau de recherche qu’il exige, Sharmilla Bhima assume avec motivation ses responsabilités à Appleby, encouragée par l’esprit d’équipe qui y règne. Ses compétences sont également mises à contribution dans d’autres instances et circonstances : «Je suis présidente de l’Intellectual Property Tribunal depuis 2006, soit avant de rejoindre Appleby. Je suis passionnée par ce sujet et j’aime aussi l’arbitrage. J’ai ainsi fait partie de l’équipe qui a apporté son soutien à l’inauguration du LCIA-MIAC Arbitration Centre (NdlR : partenariat entre le gouvernement mauricien, la London Court of International Arbitration et le Mauritius International Arbitration Centre) à Maurice». Sharmilla Bhima a même collaboré avec Marie-Lourdes Lam Hung pour son livre Investing in Mauritius. 

Mue, aujourd’hui encore, par la fibre sociale, Sharmilla Bhima vient en aide aux personnes défavorisées lorsqu’elle en a l’occasion. À Appleby, elle est de ceux qui ont lancé l’Appleby Legal Education Scholarship permettant aux boursiers d’étudier le droit à l’Université de Maurice ; un accomplissement dont elle est très fière. 

S’agissant de son style de leadership, Sharmilla Bhima dit être plutôt du genre à déléguer, car selon ses convictions, un bon leader est celui qui donne la chance aux autres de s’épanouir. 

Lorsque l’avocate met ses dossiers de côté, c’est pour se consacrer à des occupations de Mme Tout-le-Monde : faire du shopping dans les centres commerciaux et aller au cinéma, entre autres. Elle aime, en sus, découvrir des recettes et avoue avoir un penchant pour les «gâteaux piment» et «dipin frire», «même si ce n’est pas trop recommandé». 

Pour meubler ses moments de loisir, elle s’adonne aussi à la lecture mais est «partante pour toute activité ‘outdoor’», soit de plein air, qu’il s’agisse de natation ou d’escalade. «J’ai gravi le Piton de la Petite Rivière Noire l’âge de dix ans», évoque-t-elle à ce chapitre. 

Passionnée de voyages, Sharmilla Bhima a pu découvrir, dans le cadre de ses déplacements d’ordre professionnel ou privé : l’Inde, les États-Unis, l’Afrique du Sud, l’Angleterre et l’Égypte, où les pyramides l’ont fascinée. Autant d’expériences qui ont contribué à forger sa personnalité.

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