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Taux de change : le raffermissement de l’euro profite aux exportateurs et hôteliers

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La décision de la banque centrale européenne de relever son taux directeur de 50 points de base va faire se raffermir l’euro. Une situation qui profitera autant aux exportateurs qu’aux acteurs du tourisme.

C’était attendu ! La Banque centrale européenne (BCE) donne finalement la réplique à la Réserve fédérale (Fed) en initiant son premier tour de vis monétaire. Jeudi dernier, sa présidente, Christine Lagarde, a annoncé une hausse du taux directeur de 50 points de base, inaugurant du coup la fin d’une ère de taux négatifs qui avait débuté en 2014. À -0,50 %, le taux directeur est remonté à 0 %. Cette intervention de la BCE survient cinq semaines après l’intervention record de la Fed qui, le 15 juin dernier, relevait les FED Funds de 75 points de base.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre sur l’économie mondiale, notamment sur le marché des changes. Après une courte période où le dollar et l’euro étaient arrivés à parité, l’intervention de la BCE a permis de replacer le curseur. Au lundi 25 juillet, l’euro s’échangeait à 1,02 dollar. Mais la question qui demeure est : comment les taux de change de ces monnaies vont-ils évoluer dans les mois à venir ?

De l’avis d’Imrith Ramtohul, Senior Investment Consultant à Aon Solutions, il est assez difficile de prévoir l’évolution de l’euro d’ici à la fin de l’année. Pour cause, il évoque le manque de visibilité dû au risque de récession en Europe, mais également l’impact de la guerre en Ukraine. Qui plus est, les Américains vont continuer à revoir leurs taux directeurs lors de ce second semestre, ce qui donnera une nouvelle impulsion au dollar. «Il ne faut pas oublier que la Fed pourrait relever ses taux d’intérêt d’au moins 0,75 % cette semaine. Cela pourrait entraîner une reprise de l’appréciation du dollar américain par rapport à l’euro», analyse-t-il.

À Maurice, l’appréciation de l’euro n’est pas forcément vue comme une mauvaise nouvelle puisqu’elle profitera au secteur d’exportation et à l’industrie touristique. Rien qu’entre les 12 et 25 juillet, l’euro s’est apprécié de 2,86 % face à la roupie.

Mais dans ce débat sur le taux de change euro-roupie, il est nécessaire de prendre en considération des facteurs exogènes qui mettent la pression sur l’économie mondiale. Imrith Ramtohul fait l’analyse suivante : «Si cette appréciation persiste, il est indéniable que les exportateurs et groupes hôteliers en profiteront. Car la plupart de leurs factures sont libellées en euros. Ils enregistreront des revenus plus élevés lorsque ces euros seront convertis en roupies mauriciennes. Si l’on maintient nos prix sur le marché des exportations et sur notre marché touristique, l’on pourra devenir plus compétitif. Les touristes et les étrangers qui achètent nos produits trouveront les choses «moins chères» et cela en raison de l’appréciation de l’euro. Cependant, il ne faut pas oublier que le contexte international demeure imprévisible. Avec la guerre en Ukraine et les politiques monétaires des grandes puissances, l’incertitude demeure présente».

RISQUE INFLATIONNISTE

Avec la volonté de la BCE et de la Fed d’accélérer leur processus de normalisation des taux – une stratégie qui devrait pousser la valeur de l’euro et du dollar vers le haut –, est-ce que la Banque de Maurice ne devrait pas en faire autant ? Le risque, on le connaît, c’est que la roupie glisse et que l’inflation se creuse davantage.
Pour Imrith Ramtohul, l’on est là face à un dilemme cornélien. Oui, il faut combattre l’inflation, mais une politique de resserrement monétaire mal planifiée aura un impact sur le plan macroéconomique. «Avec une inflation qui augmente à Maurice, la Banque de Maurice pourrait effectivement envisager d’augmenter le taux repo pour combattre l’inflation. Surtout que la majeure partie de notre inflation est importée et dépend du marché des changes. Or, un taux directeur plus élevé n’empêchera pas automatiquement la roupie de s’affaiblir. La raison étant simplement que de nombreux pays dans le monde augmentent également leurs taux d’intérêt. Il faut se rappeler que des taux d’intérêt plus élevés peuvent avoir des effets inattendus sur l’économie. Par exemple, ils sont susceptibles d’entraîner une baisse des emprunts, une réduction des dépenses de consommation et donc une baisse de la croissance. Une telle situation ne sera pas la bienvenue dans le contexte actuel», observe-t-il. Quelle est la meilleure décision à prendre ? La balle est dans le camp des décideurs.

 

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