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Marché touristique chinois – Comment stopper la décroissance

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Marché touristique chinois - Comment stopper la décroissance | business-magazine.mu


Le marché chinois est en recul de 15,4 % depuis le début de l’année. Si la Chine a encore un long chemin à faire avant d’aspirer à détrôner l’Europe comme principal marché émetteur, il faut tout de même agir immédiatement pour séduire et fidéliser cette clientèle. 


562 520 touristes ont déjà visité Maurice de janvier à mai 2018, ce qui se traduit par une augmentation de 2,7 % sur la même période l’an dernier (547 671 arrivées). Une tendance commence cependant à se préciser : la décroissance du marché touristique chinois, qui est pourtant le premier émetteur mondial. Un désintérêt pour la destination touristique mauricienne gagnerait-il ces voyageurs ?

En effet, si la Chine conserve son septième rang parmi les plus importants pays émetteurs de touristes à destination de Maurice, seuls 5 622 touristes chinois (5,6 % des arrivées totales) ont foulé le sol mauricien en mai cette année, contre 6 392 touristes (6,6 % des arrivées totales) en mai 2017. Ce qui représente une décroissance de 12 %. Le constat est le même pour les cinq premiers mois de 2018 : l’on note 27 816 arrivées (4,9 % des arrivées totales) contre 32 892 arrivées (6,0 % des arrivées totales) pendant la même période en 2017, soit une décroissance de 15,4 %.

En décembre 2017, le ministre du Tourisme, Anil Gayan, déclarait que la Chine demeurait un marché difficile malgré «beaucoup d’efforts. Pour la Chine, Maurice n’est pas une priorité», déclaraitil. Jocelyn Kwok, Chief Executive Officer de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), fait remarquer que bien qu’on ait commencé avec 21 000 touristes chinois en 2012 pour atteindre 90 000 touristes en 2015, nous sommes descendus à 73 000 touristes en 2017. Les raisons sont nombreuses. Il cite, notamment, la non-reconduction du soutien financier pour la stratégie de lancement, la connectivité, entre autres. L’arrêt de la desserte par China Southern Airlines en raison de sa dépendance d’un tour-opérateur qui a changé d’avis ou encore celui d’AirAsia X, qui n’a pas bénéficié de conditions low-cost à Maurice, accentuent les problématiques de connectivité mais ce n’est pas uniquement cela, observe Jocelyn Kwok.


stade d’apprentissage


«Il est clair que nous avons cerné les spécificités de ce marché, mais nous n’avons pas encore trouvé toutes les solutions. Nous sommes aussi en apprentissage sur les questions de positionnement ou de stratégies de communication vers les Chinois. J’en appelle donc à cette formidable capacité que nous avons dans notre ADN de travailler de concert. Conjuguons nos forces et les connaissances acquises pour affiner notre stratégie sur le marché chinois. Travaillons avec l’ensemble des acteurs concernés : opérateurs, autorités et parties prenantes», fait-il ressortir.

Jocelyn Kwok insiste également sur le fait qu’il y a encore beaucoup à accomplir, car notre produit touristique local n’est pas suffisamment attrayant au regard des visiteurs chinois. Somme toute, il y a toujours des barrières à la langue, la nourriture dans les hôtels n’est pas appropriée. De plus, le Wi-Fi n’est pas gratuit partout à travers l’île. En termes de shopping, là aussi, il faudra faire plus pour satisfaire cette clientèle.

Ce sont d’ailleurs les mêmes questions que se pose Jean-Michel Pitot, le nouveau président de l’AHRIM. Selon lui, le secteur touristique a indéniablement progressé de 2007 à 2017.

La capacité du parc hôtelier mauricien est passée de 14 000 chambres en 2007 à 21 000 aujourd’hui, hébergement hôtelier et chambres hors hôtel tout compris. De 900 000 touristes, nous sommes passés à 1 350 000 aujourd’hui. Quant aux recettes touristiques, elles ont grimpé de Rs 41 milliards (2007) à Rs 60 milliards.

Or, Jean-Michel Pitot se pose la question : disposons-nous de suffisamment d’informations sur les attentes et le comportement de nos touristes ? Connaissonsnous notre clientèle, celle que l’on aspire à conquérir ? L’institut des statistiques nous donne, il est vrai, un tableau de l’évolution du marché à intervalles réguliers. «Mais il y a tant de choses que nous ne savons pas encore, que nous ignorons en fait sur les touristes chinois, notamment, puisqu’ils déchaînent les passions», remarque-t-il.

Il lance à ce sujet des questions rhétoriques comme qu’attendent-ils de leurs vacances ? Que disent-ils de Maurice ? Comment réservent-ils ? Savons-nous comment ils planifient leurs voyages, ce qui influence leur décision d’achat ? Comment leur vendre la destination puisqu’ils n’ont ni Google, ni Facebook ? Notre shopping convient-il à cette clientèle touristique dont les achats sont, dit-on, la priorité numéro 1 ? Les solutions de paiement dans les magasins leur conviennentils? Mais avant tout, pour commencer, quel profil de touriste chinois voulons-nous ? Sont-ils tous les mêmes, quelle que soit la région de cet immense continent ? Cela, dans un contexte où les «mature tourist destinations from the Western world» ont bien signalé leur positionnement en tant que destination «Chinese travellerfriendly», comme le dit Jocelyn Kwok. Maurice peut cependant capitaliser sur l’attrait du golf et du tourisme vert pour ne pas rater le coche, avance-t-il.

Autant de facteurs qui font qu’il y a encore tout un travail à abattre avant que Maurice puisse vraiment se positionner comme une destination touristique de choix au regard des Chinois.

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