Faire le plongeon

Beaucoup s’inquiètent de leur vie et de ce qu’ils ont à faire… et n’avancent plus, comme « mangés » par le stress ou la crainte des difficultés à venir, la peur de ne pas contrôler les choses, de se tromper, de décevoir. D’autant plus que le climat du monde ou des affaires autour de soi est rude, compétitif, sous pression, cruel même. Pour bien vivre sa vie en capacité, pour s’épanouir, évoluer, grandir et apprendre, rencontrer, partager et contribuer, la personne humaine aujourd’hui doit batailler à la fois contre la tendance de son esprit qui la pousse à adopter une attitude gagnante ou perdante sur la vie et les autres, et à la fois contre la morosité ambiante et les attaques de la vie. Autrement dit, il faut développer un mental de champion, un moral rempli d’optimisme, une logique prudente et réaliste, un cœur déterminé à l’espérance, un regard de gratitude, des mains capables d’actions concrètes et courageuses. 

L’anxiété peut miner votre avancée et vous immobiliser. Dans ce cas, les personnes font de leurs problèmes le tout de leur vie, et ceux-ci prennent vite une ampleur terrible en devenant le point focal de leurs pensées. Pour renverser la vapeur, remplacez les problèmes par un but qui vous mobilise tant que vous êtes stimulé à avancer et progresser et que les défis du chemin soit pris dans un esprit de résolution de problèmes avec créativité et habileté. Il faut avancer avec l’anxiété de la hâte vers le but qui vous est important, et non plus avec l’anxiété du but. Un bon niveau d’anxiété est salutaire ; il mobilise votre envie et vos talents et vous garde « au taquet ». Comme le plongeur de haut vol, qui n’a plus peur de se lancer dans le vide, et cependant maintien la pression du moment pour restituer parfaitement toute la préparation des gestes et mouvements pour favoriser le meilleur impact dans l’eau. Le secret du plongeon ce n’est pas le saut, ni les acrobaties en plein air, mais bien l’impact et l’entrée dans l’eau. Le plongeur effectue son plongeon de 27 mètres de haut avec l’espoir et la certitude de le réussir, confiant que c’est le bon moment et que son corps et son esprit sont unis dans ce même but. 

Voilà une bonne analogie pour nous. Le plus important c’est le point d’arrivée du but que nous nous fixons. Il est essentiel de l’avoir bien clairement à l’esprit. Il doit être si important qu’il nous saisit tout entier. Puis, la manière de regarder ce but est déterminante.  Il convient de s’entraîner à espérer et rester déterminé et confiant que nous l’atteindrons. C’est ce regard optimiste et réaliste qui libère le bon moment, pas le contexte externe. Ce n’est pas parce que le ciel est bleu, ou pas, que le plongeur suspend son saut.  C’est lorsqu’il ne se sent plus connecté, qu’il se sent comme « vaseux ». Alors, il suspend son action pour revenir concentré et mobilisé vers l’objectif.  Il le fait en se fixant dans l’immédiateté du moment.  Au lieu de basculer dans le cyclone de ses pensées de doutes ou de craintes, et d’extrapoler un échec prochain, il se centre sur le présent pour vivre le moment avec calme, confiance et contrôle et revenir à son point d’élan. Cette approche est clef pour libérer l’excellence et la performance.

L’expérience du saut dans le vide estpropre à notre existence humaine. Puisque nous sommes fabriqués pour le « en avant », la perte de contrôle est toujours présente à nos actions et nos rencontres. Le principe de faire confiance appelle au risque de la foi en l’autre et en la vie. Beaucoup, suite aux blessures de la vie et aux coups durs, développent la conviction qu’il faut justement s’armer contre les autres pour ne plus souffrir ou être déçus. Ce faisant, ils se refusent à aimer, à se révéler, à s’attacher, à aller vers les autres.  Avec comme résultat une plus grande difficulté que la plupart à se projeter dans l’avenir, à se voir avancer dans leur vie. Le plongeur qui rate son saut se blesse à coup sûr e tsérieusement.  Il sait que pour se remettre totalement, il lui faut remonter sur la rampe de lancement au plus tôt pour retrouver sa liberté et sa foi en lui et dans la vie. Il en va de même pour nous. Chaque blessure est l’occasion pour nous d’apprendre, d’évoluer et de reprendre de l’élan. Le plongeur sait que son passé réussi ou non n’équivaut pas à son futur. Il plonge. Il poursuit son rêve.