Type to search

Archives Autres

L’art du cheminement

Share
L’art du cheminement | business-magazine.mu

Dans la vie, un des aspects qui comptent le plus, c’est d’être en chemin, de se savoir en cheminement. Nous sommes un « work in progress». Toujours. C’est une expérience pleine d’optimisme et d’espérance que de prendre la route de sa vie. Devenir le vrai sujet de votre vie, c’est faire l’expérience que vous êtes vivant au sein d’un système vivant lui aussi. Et que vous avez une valeur personnelle infinie.

Beaucoup des personnes qui viennent me voir en hypnothérapie vivent comme arrêtées, immobilisées, bloquées, paralysées dans leur vie. Beaucoup vivent les yeux fixés sur le rétroviseur qui leur renvoie l’image déformée, amplifiée de ce moment de leur vie passée, où ils ont été blessés, déçus, secoués, rejetés, choqués même ou agressés.

Beaucoup vivent comme un conflit en eux-mêmes : une partie d’eux veut avancer, alors qu’une autre, qui les domine actuellement, sabote leur vie. Beaucoup vivent dans leur tête en rationalisant à l’extrême, intellectualisant les événements de leur vie, se maintenant eux-mêmes et les autres dans des jugements permanents. Ils en oublient d’espérer, de croire dans un futur, de regarder en avant. Ils ont cessé de marcher leur vie. Ils ne voient plus leur valeur intrinsèque comme une personne humaine digne et infiniment estimable.

Bien sûr, le chemin de la vie est difficile. Nous tombons et parfois durement ! Ce qui compte, ce n’est pas notre capacité à chuter mais bien notre potentiel infini à nous relever et reprendre la route. Nous ne pouvons nous empêcher de tomber, mais toute notre responsabilité réside en notre volonté de rebondir. Le rebond nous définit bien mieux que la chute. Peu importe le temps passé « nez à terre». Notre nature, c’est d’être un marcheur.   

J’ai eu la chance de faire le chemin de pèlerinage de St Jacques de Compostelle en Espagne, en partant du Puy en Velay, en France durant mes années d’étudiant. Avec mon meilleur ami, nous avions parcouru 1 700 km à pied pendant deux mois, sac en bandoulière, avec 5 francs de l’époque en poche par jour et par personne, mendiant le gîte et le couvert.

Ce pèlerinage est comme une analogie de votre vie. J’ai compris plusieurs choses : 1) que la vie passe par les pieds, 2) comme on marche, on vit, 3) ce que tu prends pour l’arrivée n’est qu’une étape sur ta route, 4) le chemin est plus grand que vous, et 5) on ne marche jamais seul.

« La connaissance n’est rien jusqu’à ce qu’elle devienne un muscle». Autrement dit, à moins de vivre une expérience, rien ne change dans sa vie. A moins que vous ne fassiez de votre vie une expérience qui connecte votre cœur, vos pensées, vos émotions, votre corps, vous passez à côté de vous-même. Notre vie a du poids. Chaque moment compte. Ma vie, c’est la direction que je donne à mes pas, ici et maintenant. Je suis libre car le chemin s’offre à moi toujours, peu importe le tracé du passé.

Inutile de chercher à se comparer aux autres. Cela donne lieu à des regrets et à un esprit envieux.  Chacun a son pas dans la vie. Chacun a ses forces. Votre empreinte vous suffit. Vous ne pouvez que chercher à laisser une trace qui est personnelle, singulière.

Même si beaucoup vous ont précédé, vous seul pouvez décider de faire votre pas. Marcher dans les traces veut dire avoir le courage au quotidien de marcher sa propre vie. Votre pas, c’est vous tout entier. Ce n’est pas extérieur à vous. Vous êtes le pas que vous faites.

Et pour faire un pas, il vous faut respirer, regarder en avant, imaginer l’étape d’arrivée, croire que vous y serez ce soir, apprendre de chaque relief de la route pour s’y adapter, éviter les pièges de la route ou serrer les dents quand il faut, faire de la place aux autres qui s’avancent aussi, savoir d’où l’on vient et être convaincu que ce point n’est qu’un point de départ.

Un moine me l’a dit sur le chemin alors que j’avais parcouru 800 km déjà, et que fatigué et fier, je rêvais du moment où j’atteindrais enfin mon but : St Jacques. Sur le coup, je n’ai pas compris. Après, je me suis souvent surpris à rire seul, comme déconfit, en repensant à cette parole tellement vraie.

Il n’y a pas d’arrivée dans notre vie, que des haltes pour mieux voyager après. L’être humain est un itinérant dans l’âme. Etre un marcheur est dans son ADN. A chaque fois que vous pensez poser votre valise, il faut redémarrer. Ceux qui s’installent vivent et projettent l’ennui : ce sont les gens sérieux décrits dans le Petit Prince de St Exupéry. 

Il est vital de se laisser conduire plus loin que soi, de laisser les autres nous faire voyager hors de nous-mêmes, de nos frontières. De laisser la vie nous apprendre à vivre, plutôt qu’à tout contrôler, tout dominer. Le chemin existe bien avant nous et il porte les traces de tant de passages et de tant de grands marcheurs. Cela nous inspire et reste pour nous un exemple au quotidien. Nous avons tant à apprendre de ceux qui nous précèdent et nous pouvons choisir de cheminer avec ceux qui nous font le plus de bien.

Sur le chemin de St Jacques, j’avais coutume de dire que le chemin s’imposait à soi, pas après pas. Au début, vous faites le chemin, puis doucement, c’est le chemin qui vous fait et vous devenez un marcheur. C’est le fait de marcher, de faire chemin, qui vous enseigne. Au début, vous marchez seul, puis vous marchez avec d’autres, puis vous marchez à la suite des autres, puis vous marchez pour les autres. 

Jamais. La route, c’est la rencontre. Et il y a toujours à côté de nous,quelqu’un qui nous veut du bien. Ou qui attend notre signe. C’est avec les autres que l’on arrive au but plus vite et plus joyeusement, dans l’énergie. Etre un marcheur, c’est pouvoir célébrer la rencontre.

Tags:

You Might also Like