Type to search

Archives Autres

Hôtellerie: le cri d’alarme

Share

«L’heure est grave ». Le fait qu’Herbert Couacaud, le CEO de New Mauritius Hotels (NMH) réputé pour sa discrétion, prenne la plume pour signer l’éditorial de Beachnews, le journal interne du groupe, souligne l’urgence de la situation dans l’hôtellerie et le tourisme en général à Maurice. Les chiffres sont là pour le prouver. Pour le trimestre terminé au 30 juin, NMH a enregistré Rs 172,3 millions de pertes et Sun a vu les siennes atteindre Rs 145,8 millions.
nLes causes du marasme sont connues. Depuis le début de l’année, les arrivées de touristes stagnent. Mais parallèlement, le nombre de chambres disponibles ne cesse d’augmenter. Les groupes hôteliers se sont, en effet, lancés dans des travaux de rénovation et d’agrandissement et la construction de nouveaux établissements. Il s’agissait à l’époque de développer la capacité d’accueil dans la perspective de recevoir deux millions de touristes à l’horizon 2015, un objectif fixé lors des assises du tourisme en 2006. Mais il apparaît clair aujourd’hui que cet objectif a fort peu de chances d’être réalisé.
nFin 2011, les professionnels sont tombés d’accord pour estimer qu’il manquait 400 000 touristes par an pour le réaliser. « Au cours de la seconde moitié de l’année 2012, cette inadéquation va s’accentuer car quelque 2 500 lits additionnels seront en opération dans l’hôtellerie et encore un certain nombre dans la para-hôtellerie », écrit Herbert Couacaud. D’autant plus que la suppression de plusieurs vols en provenance d’Europe (Allemagne, Italie, Suisse) laisse entrevoir une baisse des arrivées de touristes d’ici à la fin de l’année. « Le manque de places d’avion sur la destination fait que la demande excède l’offre et que donc les principales lignes aériennes qui desservent Maurice pratiquent des tarifs excessifs », remarque, pour sa part, Robert de Spéville, le directeur commercial de Beachcomber.
nFrançois Eynaud, le président de l’Association des Hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), fait le même constat sur le secteur en soulignant la nécessité de réduire le déséquilibre entre la croissance du parc hôtelier, la stagnation des arrivées de touristes et la baisse du nombre de sièges d’avion.
nLa situation est d’autant plus alarmante que la crise dans l’hôtellerie débouche sur une crise globale du secteur touristique qui affecte les réceptifs, les taxis ou les beach hawkers. « On a trop accordé de permis et de licences. Il va y avoir de la casse. Et avant la casse, nous allons assister à une baisse de la qualité de service. Par exemple, les taxis vont de plus en plus arnaquer les touristes, ce qui ne va pas arranger l’image du pays », prévient un observateur.
nQue faire pour remédier à la situation qui pourrait déboucher sur une véritable crise sociale ? L’AHRIM a beau annoncer qu’elle travaille de concert avec le ministère de tutelle et la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) pour redéfinir une stratégie afin de relancer les arrivées touristiques, beaucoup de professionnels restent sceptiques. Il est vrai que par le passé, ils ont été échaudés par les actions éparpillées sinon contradictoires des autorités dites compétentes.
nBeaucoup prônent de véritables états généraux du tourisme qui regrouperait toutes les parties prenantes autour de la table afin de définir de grands axes de relance et de mettre en place les financements pour les développer. Car il ne faut pas se leurrer. Après avoir défini une stratégie commune, Air Mauritius, l’État, la MTPA et les hôteliers vont devoir mettre la main à la poche. « On n’investit pas assez d’argent pour promouvoir la destination. Il faudrait doubler le budget marketing de Maurice », déclare d’ores et déjà Jean-Michel Pitot, le CEO du groupe Attitude. L’éternel problème du nerf de la guerre.

Tags:

You Might also Like