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Inflation maîtrisée ?

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La dernière livraison de chiffres par Statistics Mauritius le confirme : les tensions inflationnistes ont pratiquement disparu. Au mois de juillet dernier, l’inflation annuelle (year-on-year inflation) est ressortie à 3,7 % contre 3,9 % en juin. L’inflation moyenne sur 12 mois (headline inflation), elle, est passée de 5,1 % à 4,9 % sur la même période. En fait, l’inflation moyenne sur 12 mois n’a cessé de baisser depuis décembre 2011 quand elle se situait à 6,5 %. Ces chiffres ont de quoi réjouir Rundheersing Bheenick, le gouverneur de la Bank of Mauritius (BoM), qui aura beau jeu de démontrer le succès de sa politique monétaire. De fait, certaines décisions comme le relèvement du ratio de liquidités des banques, qui avait à l’époque fait grincer des dents, semblent manifestement avoir porté leurs fruits.

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Mais l’absence de tensions inflationnistes va également donner des arguments aux partisans d’une baisse du loyer de l’argent. En effet, du fait de la sagesse des prix, la mission première de la Banque centrale, à savoir la lutte contre l’inflation, commence à apparaître à certains comme secondaire. Ils estiment notamment que la BoM dispose d’une marge de manoeuvre pour baisser le taux repo qui reste perché à 4,90 % alors que le Port-Louis Interbank Offered Rate (PLIBOR) à 3 mois se situe à 3,7 %.

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Il est clair qu’une baisse franche (de 100 à 150 points de base) du loyer de l’argent pourrait donner un coup de fouet à la croissance en facilitant l’accès au crédit. Elle pourrait ainsi relancer l’investissement dans le secteur privé qui ne cesse de ralentir. Car la résilience de la croissance est actuellement beaucoup plus portée par les investissements publics notamment dans les infrastructures que par les investissements privés. Cette détente monétaire pourrait aussi inciter davantage les particuliers à emprunter afin de financer leurs projets.

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Toutefois, certains observateurs font remarquer que le recul de l’inflation serait plus le fait d’un ralentissement de la demande intérieure que l’aboutissement de l’action de la Banque centrale. Et ils estiment que la dépréciation actuelle de la roupie pourrait inverser la tendance. Selon les indices de taux de changes MERI 1 et MERI 2 publiés par la Banque centrale, qui prennent respectivement en compte les devises du commerce international et les devises des revenus touristiques, la roupie s’est nettement dépréciée depuis mai dernier.

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De fait, sur la période, le dollar a gagné plus de 6 % face à la monnaie nationale. Dès lors, on peut s’attendre à plus ou moins courte échéance, à voir les prix des produits importés augmenter puisque nos achats extérieurs sont essentiellement libellés en dollars. En clair, l’inflation importée risque de refaire son apparition.

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D’autant plus qu’il n’est pas garanti que les marchés mondiaux de matières premières (pétrole et produits agricoles) ne connaissent pas prochainement une surchauffe avec l’instabilité croissante au Moyen-Orient et une situation toujours tendue en matière d’alimentation notamment du fait de la sécheresse dans les zones céréalières aux Etats-Unis. Les prix du riz et du pain ont déjà augmenté récemment. Et du fait de la hausse du dollar, on attend une hausse des prix du ciment avant la fin de l’année alors que le prix des barres de fer vient de grimper de 3 %.

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L’inflation importée est difficilement maîtrisable car ses composantes échappent au contrôle de la Banque centrale. Actuellement, la parité du dollar dépend avant tout de l’évolution de la crise dans la zone euro. Si elle devait s’accentuer, le billet vert jouerait les valeurs refuges et s’apprécierait irrémédiablement. Et la BoM n’y pourrait rien. Cependant, si l’inflation devait repartir du fait de la hausse des prix des produits importés, on la voit mal lâcher du lest sur les taux d’intérêt. Dans un tel scénario, sa marge de manoeuvre s’évanouirait et la détente monétaire attendue par nombre d’acteurs économiques serait des plus compromises.

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