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Or et confiance

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Début novembre, les Mauriciens pourront acheter des lingots d’or mis en vente par la Bank of Mauritius (BoM). Jusqu’à présent, ils ne pouvaient acquérir de l’or que sous forme de pièces et de barre, mais sans garantie de disposer d’un marché secondaire afin de réaliser leurs plus-values éventuelles.

Pour la Banque centrale, il s’agit de mettre à la disposition des particuliers et des entreprises un nouvel instrument d’épargne. La BoM entend promouvoir la culture de l’épargne. On le sait, l’institut d’émission déplore depuis plusieurs années la baisse continue du taux d’épargne dans le pays qui est passé de 20 % à moins de 15 %. Le problème c’est que l’achat d’or ne constitue pas exactement un acte d’épargne, mais plutôt une thésaurisation. L’épargne placée sur un compte rémunéré, dans un plan d’assurance-vie ou encore investie en Bourse est, en général, réinjectée dans le circuit économique et peut aboutir à un gonflement des investissements. Pas la thésaurisation. Une fois acheté, le métal disparaît du circuit économique. La BoM conseille d’ailleurs aux candidats à l’investissement dans l’or de laisser dormir leurs lingots dans ses coffres afin d’avoir la garantie de pouvoir bénéficier de l’option de rachat. Elle offre ainsi un service de garde évitant l’altération de l’emballage certifié du lingot qui sera gratuit durant la première année de détention.

À noter aussi que l’or n’est pas un vecteur d’investissement comme les autres. Il s’agit avant tout d’un métal, d’une matière première, dont le cours évolue avec l’offre et la demande. Sans parler de la spéculation qui, elle aussi, provoque une volatilité des cours. Selon les chiffres du World Gold Council, la demande mondiale d’or a baissé de 7 % en passant de 1 065 tonnes au deuxième trimestre 2011 à 990 tonnes au deuxième trimestre 2012. Dans le même temps, l’offre s’est contractée de 6 % à 1 059 tonnes du fait d’une diminution du recyclage. La demande du secteur de la joaillerie a reculé de 15 % et la demande d’investissement a plongé de 23 %. Quant à la demande d’or technologique (électricité, électronique…), elle a reculé de 5 %. En Inde, premier pays consommateur, la demande d’investissement et de joaillerie a baissé de 38,4 %, mais pourrait reprendre dans la perspective de la fête Divali.

Les banques centrales sont également de grosses acheteuses d’or. Elles devraient en acheter 600 tonnes cette année après en avoir acquis 400 tonnes en 2011. Le niveau de l’or est aussi intimement lié à l’évolution du dollar car sa cotation un peu partout dans le monde est libellée en billets verts. Toute hausse du dollar ralentit la demande en or puisque les investisseurs doivent d’abord acheter du dollar avec leur monnaie nationale avant d’investir dans l’or.

Au gré de ces données parfois contradictoires, les cours de l’or sont donc particulièrement volatils. La semaine dernière, sur le marché de Chicago, le prix de l’or a par exemple plongé de 2 %, alors que les hedge funds ont allégé leur position de 8 %. L’once troy de métal fin (31,10 grammes) vaut actuellement aux alentours de 1 700 dollars se situant ainsi à son plus bas niveau depuis 6 semaines. Le plus haut historique a été atteint en novembre 2011 à 1 811 dollars l’once et le récent plus bas est intervenu en mai dernier à 1 542 dollars l’once.

S’il veut être averti, l’investisseur devra donc consulter régulièrement les cours sur les sites des agences de presse spécialisées comme Reuters ou Bloomberg. Car les mouvements de cours peuvent se révéler très brutaux. En effet, si les places de cotations sont multiples, le marché de l’or est un marché mondial très liquide qui réagit très rapidement à tous les évènements.

En poussant les investisseurs à investir dans l’or, la BoM lance par ailleurs un signal clair : l’avenir ne s’annonce guère encourageant. En effet, le métal jaune a toujours joué le rôle de valeur refuge en tant de crise. L’or a notamment souvent constitué une protection contre l’inflation. Le succès du Gold Bar Project sera ainsi un bon indicateur de la confiance à quelques jours de la présentation du budget.

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