Construisons un nouvel avenir !

Sous divers aspects, la société de même que l’économie mauricienne sont aujourd’hui dans un état de décrépitude. Du point de vue sociétal d’abord, cette dégénérescence est visible à travers la dégradation des mœurs et le déchaînement de violence que la presse rapporte quotidiennement.

Une situation qui, selon certains observateurs, ne serait pas étrangère à la performance économique en demi-teinte. Leurs arguments reposent sur le fait que cette période trouble sur le plan économique ne favorise en aucune façon une croissance équitable et inclusive. En d’autres mots, bon nombre de nos compatriotes ont été poussés hors du circuit du développement avec l’émergence d’un paysage socio-économique à deux vitesses.

Ce qui n’a fait qu’accentuer le sentiment de mal-être qui a gagné plusieurs couches de la société mauricienne. D’ailleurs, la récente grève des employés de la Corporation Nationale de Transport témoigne, d’une certaine façon, de ce ras-le-bol qui s’exprimait jusque-là à travers les réseaux sociaux ou encore lors des réunions dans les salons feutrés. Les propos du CEO de GML, Arnaud Lagesse, la semaine dernière, dans nos colonnes sur « la qualité du leadership de notre pays » donnent aussi un aperçu du moodau sein de la communauté des affaires. Les commentaires qui ont été publiés sur Facebookdans le sillage de la publication de cet entretien démontrent que la question ne laisse pas insensible. Outre le fait qu’on déplore les nombreux scandales qui secouent le pays actuellement, il est important de s’interroger sur leurs origines voire les facteurs qui ont incité certaines personnes à prendre autant de liberté avec les lois de la République.

Cet exercice permet de découvrir que l’élément central, pour ne pas dire le détonateur, dans plusieurs des cas qui dominent ou qui ont dominé l’actualité, ces temps derniers, se trouve être une absence de planification et un manque de vision. Des déficits énormes qui ont des retombées très lourdes sur notre quotidien. L’érosion continue de notre croissance économique en est une preuve accablante.

Le fait de ne pas avoir une vision claire soutenue par les outils de planification modernes permet à des forces obscures motivées par des intérêts autres que ceux de la nation d’exercer une certaine influence sur l’appareil d’Etat. D’où le fait que des décisions sont constamment remises en question. Alors que si elles avaient été prises à l’issue d’un exercice de réflexion tenant en compte tous les paramètres, nous ne serions pas en train de faire un pas en avant et deux pas en arrière à chaque fois.

La preuve a été faite en plusieurs occasions où des décisions prises au petit bonheur, si ce n’est pour satisfaire certains lobbys, ont fini par coûter aux contribuables des millions de roupies. Nous n’allons pas dans le cadre de cette réflexion établir la liste. Toutefois, il est important de souligner que dans le contexte de la transformation socio-économique en cours, plusieurs questions d’intérêt national méritent urgemment d’être adressées. Ce n’est certainement pas en prenant des détours avec la planification que nous allons y parvenir.

L’année dernière, lors de son assemblée générale, l’association des exportateurs soulignait la nécessité d’avoir un ministère de Planification économique. Cette question est plus que jamais d’actualité dans la conjoncture actuelle.

Certains analystes croient savoir que des solutions auraient pu être trouvées et plusieurs problèmes évités si le pays disposait d’un organisme dédié à la planification. L’accès aérien, les besoins énergétiques et la pertinence du charbon, le développement du réseau routier et le choix du métro léger, le projet de téléphérique, la gestion des déchets, la réforme du système éducatif, la sécurité, les besoins en eau, la diversification économique sont autant de sujets qui auraient pu faire l’objet de recherches et d’analyses approfondies de la part d’une unité spécialisée. Ce qui aurait permis aux autorités de prendre des décisions informées, favorisant ainsi une plus grande cohérence dans les actions tout en évitant au pays de se tromper de priorités.

La crise est une opportunité à saisir pour changer nos mentalités et notre mode de fonctionnement. Cependant, pour y arriver, nous avons besoin d’un leadership éclairé pouvant nous montrer la voie en mettant fin à ce climat de soupçon qui règne actuellement dans le pays.