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2016 : l’année des PME ?

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2016 : l’année des PME ? | business-magazine.mu

Les PME ont le potentiel de devenir dans les années à venir le moteur de l’économie mauricienne. Le gouvernement a, en mainte occasion, signifié son intention de promouvoir l’esprit entrepreneurial en agissant sur plusieurs fronts. Parmi, la facilitation de l’accès au crédit, la réduction du temps imparti pour l’octroi de permis et la formation.

Aussitôt après son installation en décembre 2014, le gouvernement a évoqué sa vision de créer une nation d’entrepreneurs. Et de redynamiser les petites et moyennes entreprises (PME), un secteur trop longtemps oublié.

Dans le Budget 2015-16, le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, est passé à l’action en annonçant une série de mesures en faveur des PME. D’abord, la création d’une banque dédiée avec un capital de Rs 10 milliards, qui sera provisionné sur cinq ans. Ensuite, la mise en place d’un guichet unique, lequel sera baptisé MyBiz. Troisième mesure : l’accès à un fonds de roulement à travers la State Bank of Mauritius, afin de permettre aux PME d’avoir du cash.

La Small and Medium Entreprises Development Authority (SMEDA) est, quant à elle, amenée à être plus proactive en allant récolter elle-même les Trade fees pour le compte des collectivités locales. L’organisme doit également agir avec plus de célérité s’agissant de l’octroi de permis. Pour alléger le fardeau des PME tombant sous le SME Development Scheme, celles-ci seront exemptées du paiement de la Corporate tax pendant huit ans.

Dans cette même logique, toutes les PME brassant un chiffre d’affaires de moins de Rs 6 millions ne seront plus assujetties à la TVA. Ce seuil était auparavant de Rs 4 millions. De même, les frais annuels d’enregistrement au Registrar of Companies sont ramenés de Rs 2 500 à Rs 500 pour les PME générant un chiffre d’affaires inférieur à Rs 10 millions. De plus, seules les PME avec un chiffre d’affaires d’au moins Rs 10 millions auront l’obligation de soumettre leur rapport trimestriel à la Mauritius Revenue Authority. Et finalement, il est prévu la création de sept parcs industriels additionnels.

Dans l’attente des offres de la MauBank

Onze mois plus tard qu’en est-il de l’adoption de ces mesures? Le mois dernier, le Cabinet a approuvé le SME Development Scheme. En sus de l’exemption du paiement de la taxe corporative sur huit ans, les PME ayant un certificat de développement disposeront d’une aide spéciale à hauteur de Rs 150 000 pour la formation de leurs employés. Autre volet du plan d’aide aux PME : la MauBank sera en mesure de financer les études de faisabilité jusqu’à un montant de Rs 10 000. Cette aide sera étendue aux entreprises opérant dans le Tic, le secteur manufacturier, l’aquaculture, les énergies renouvelables et l’artisanat.

Dans le but d’optimiser les ressources, la banque des PME a été incluse dans le projet de fusion de la MPCB et de la Bramer. Opérationnelle depuis le 4 janvier, cette nouvelle institution baptisée MauBank opère comme une banque commerciale, mais possède dix branches dédiées aux PME.

Les PME ont cependant dû attendre un mois et demi avant de pouvoir accéder au programme de financement que leur propose le gouvernement. Si la MauBank est opérationnelle depuis le 4 janvier, ce n’est que le lundi 15 février que les PME ont pu commencer à s’enregistrer afin de bénéficier de cette aide.

Le ministère des Finances a planché jusqu’en janvier dernier pour finaliser les plans d’aide et les travaux de coordination entre MyBiz et MauBank ont nécessité deux semaines de plus afin de les proposer. Il a finalement été décidé que seuls les détenteurs du SME Development Certificate et qui se sont enregistrés après le 2 juin 2015 bénéficieront d’un taux d’intérêt annuel de 3,4 %, soit 1 % de moins que le taux Repo. Les autres devront se satisfaire d’un taux d’intérêt de 7,4 % l’an. Par ailleurs, le SME Development Scheme propose également un financement à hauteur de 90 % de la valeur du projet sur une période de remboursement étendue sur dix ans ainsi qu’un moratoire de deux ans.

Sridhar Nagarajan, directeur de la MauBank, annonce que la banque se prépare à évaluer les projets. «MauBank is gearing up internally to assess the projects and deliver credit once the Letter of Intent is issued by the Selection Committee of the Ministry of Business for the deserving projects. Additionally, MauBank have solicited “Expression of Interest” from Accountancy Firms and Consultancy Firms specializing in SMEs. 12th Feb was the last date and we are in receipt of quite a few applications to consider. This is towards creating an intermediary Eco-system which will aid the projects / SME promoters to make a success of their ideas. We are approaching the SME project in a systematic and unique manner. Thus, MauBank is fully committed to the Special SME development program and will work closely with MyBiz to make this a reality», nous a-t-il déclaré.

Un Local Handicraft Steering Committee institué

Un Local Handicraft Steering Committee a été institué par le ministre Soomilduth Bholah à la suite d’une rencontre avec les artisans à la SMEDA, le 25 janvier dernier. 90 % des produits artisanaux en vente à Maurice sont issus de l’importation. Ce qui se traduit par des importations de Rs 200 millions chaque année. Le ministre Bholah a soutenu, dans son discours à l’inauguration de la plateforme en ligne MCCI SME Marketplace, que les artisans mauriciens doivent «aller au-delà des maquettes de bateaux, dodos ou tee-shirts.» Il a annoncé l’arrivée prochaine d’experts indiens pour former les 750 artisans mauriciens en vue de rehausser la qualité de la production.

Deven Padayachee, ancien responsable de la Mauritius Business Growth Scheme (MBGS), organisme qui a été rattaché à MyBiz, croit fermement que les PME ont le potentiel de créer bien plus que les 9 000 emplois visés par le gouvernement sur les cinq prochaines années. Selon lui, 87 % des PME sont de très petites entreprises (TPE) avec un chiffre d’affaires annuel d’au moins Rs 1 million. On en compte environ 100 000. Si chaque TPE pouvait recruter un employé, on arriverait au chiffre de 100 000 emplois, soit l’objectif du gouvernement sur cinq ans.

Miser sur la création d’incubateurs

Le ministre des PME, Soomilduth Bholah, de retour de mission en Inde, a annoncé la création d’incubateurs pour les PME. Parama Valaydon et Phalraj Servansingh, Chairman et directeur de la SMEDA, étaient, quant à eux, en mission en Malaisie où ils ont pu se familiariser avec le fonctionnement du guichet unique malaisien, le One Referral Centre, et les incubateurs pour PME. Ce qui laisse présager que quatre business incubators vont ainsi bientôt voir le jour.

Utiliser la voie aérienne pour faciliter les exportations

Le ministre Soomilduth Bholah s’est appesanti sur le problème du coût du fret et du temps que prennent les navires pour arriver à destination. «Il faut considérer la voie aérienne. Le corridor Shangi - Maurice peut faire de Maurice un hub. Et quand Maurice deviendra un hub, il y aura une plus grande connectivité aérienne dans plusieurs régions d’Afrique. L’AGOA démontre que les exportations peuvent se faire par voie aérienne et il s’agit donc pour nous de voir quels sont les produits qui peuvent s’exporter par avion.»

Afrique : les obstacles que rencontrent les PME

Pour les opérateurs, un des gros soucis des entreprises mauriciennes exportant vers l’Afrique vient du refus des PME africaines d’accepter les lettres de crédit, qui garantissent le paiement par voie bancaire. Selon Vishwa Veeramootoo, Customs House Broker, «beaucoup d’Africains ne font pas confiance aux institutions bancaires. Au Mali, par exemple, même à la douane il faut payer cash. C’est aussi en raison du fait que beaucoup de PME cherchent des moyens d’éviter de déclarer leurs revenus. Les lettres de crédit se font par voie bancaire et toute la transaction est enregistrée. Ce problème existe aussi à Maurice mais il est de moindre ampleur.»

Nichal Panchoo, Manager d’OPP Contracting, qui exporte des ouvertures en aluminium et PVC dans la région océan Indien, cherche à vendre en Afrique. Après avoir été en Zambie, il souligne que le problème pour les entreprises mauriciennes, c’est qu’elles ne disposent pas d’informations pratiques, comme les frais ferroviaires pour les conteneurs. Le risque de se faire escroquer est aussi bien présent, avertit-il.

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