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Éric Rey : «L’argent liquide ne disparaitra jamais»

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Indubitablement, la sécurité exerce une influence cruciale sur la performance économique d’un pays, mais son impact s’étend bien au-delà de cet aspect particulier. Elle demeure un pilier essentiel de la vie nationale, conservant sa pertinence même en période de crises. Eric Rey, CEO de Brink’s Maurice et Océan Indien, lève le voile sur le fonctionnement de ce secteur. Brink’s Maurice, classée à la 81e place dans l’édition 2023 du top 100 companies, travaille en étroite collaboration avec les différentes industries de l’économie. L’entreprise, dont la maison mère se trouve aux Etats-Unis, vient de lancer son concept store. Un lieu à la fois informatif et ludique permettant de comprendre les pôles d’activités de Brink’s Maurice et sa contribution aux diverses activités économiques du pays.

L’économie mauricienne retrouve son dynamisme, et avec cela, les défis en matière de sécurité connaissent une hausse significative. Pouvez-vous partager les principales tendances que vous observez actuellement dans le secteur de la sécurité à Maurice ?

Dans un contexte économique stabilisé et stimulé par le regain de performance du secteur touristique, il demeure impératif de maintenir Maurice en tant que nation hautement sécurisée. Cela revêt une importance cruciale pour nos perspectives économiques, étant donné que tant les investissements nationaux qu’étrangers reposent sur des fondements de stabilité économique, sociale et sécuritaire.

Effectivement, la sécurité est un facteur positif pour la performance économique d’un pays, mais son importance ne se limite pas à cela. La sécurité constitue un élément constant dans la vie d’une nation, persistant même lors de périodes de crises, qu’elles soient d’ordre économique ou sanitaire, comme lors de la pandémie. Certes, certaines activités ont connu un ralentissement pendant ces périodes exceptionnelles. Par exemple, la demande pour l’installation de systèmes d’alarme chez les particuliers a diminué puisqu’ils étaient confinés chez eux. De même, les déplacements étaient restreints pour éviter la propagation du virus. Cependant, en dépit de ces ajustements conjoncturels, la sécurité demeure une constante fondamentale dans la vie d’un pays.

Les pays confrontés à des défis économiques ou sociétaux considérables ont toujours un besoin essentiel de sécurité, et nous constituons une présence constante au sein de ces pays. À Maurice, l’industrie de la sécurité maintient une stabilité appréciable.

À plusieurs occasions, nous avons évalué financièrement ce domaine. En général, le marché des entreprises de sécurité à Maurice, où nous comptons actuellement une vingtaine d’acteurs, est estimé à environ Rs 3 milliards.

Est-ce qu’après la pandémie, les attentes et les exigences des clients en matière de services de sécurité ont évolué ? Les clients recherchent-ils davantage des solutions qui intègrent des technologies avancées pour garantir des mesures de sécurité solides ?

La pandémie n’a pas fondamentalement changé les attentes en matière de sécurité. Cette évolution était déjà présente avant la crise sanitaire. En effet, depuis un certain temps, nous avions observé et encouragé une transition vers une sécurité plus axée sur la technologie. Cela implique un soutien accru de nos agents de sécurité sur le terrain. La technologie, de plus en plus fiable, performante et innovante, joue un rôle crucial. D’un autre côté, une approche globale combinant la technologie et les ressources humaines, avec un équilibre approprié intégré à la solution, permet d’obtenir des budgets de sécurité mieux maîtrisés par les clients, étant donné que la main-d’oeuvre représente aujourd’hui un coût significatif.

Au niveau de Brink’s, nous avions depuis longtemps initié notre stratégie de modernisation. Aujourd’hui, la domotique fait partie intégrante de la vie de tous les jours pour bon nombre de foyers mauriciens. Voir ce qui se passe à l’instant «T» chez soi via des caméras, programmer, désactiver des appareils à distance sont devenus chose courante.

Au cours des cinq dernières années, la rémunération et le pouvoir d’achat des agents de sécurité ont connu une hausse dépassant les 60 %. Auparavant, un agent travaillait 72 heures par semaine, tandis qu’aujourd’hui, la norme est de 48 heures par semaine. Cette évolution s’accompagne d’une révision de la grille salariale assortie de divers avantages. En conséquence, la masse salariale a augmenté de manière significative, nécessitant une adaptation de nos tarifs. Pour contrebalancer ces coûts salariaux, nous avons rééquilibré notre approche en incorporant davantage de technologies dans nos solutions de location et en adoptant un modèle de sécurité mixte. Ce réajustement a permis à nos clients de mieux maîtriser leur budget de sécurité.

Est-ce que la technologie résulte dans une diminution du nombre d’agents de sécurité et à leur remplacement, d’une certaine manière, par des systèmes de sécurité ? Est-ce une tendance qui se dessine à Maurice ?

Il s’agit d’une tendance mondiale que nous nous efforçons d’implanter à Maurice depuis plusieurs années. Nous progressons rapidement, et nos clients expriment clairement leur satisfaction à l’égard de cette évolution. Notre objectif est de conférer aux missions de nos agents de sécurité une dimension plus technique et de les impliquer davantage dans le processus global de sécurité.

Naturellement, notre approche par site entraîne une réduction globale du nombre d’agents par emplacement. Cependant, avec la croissance que nous connaissons, nous avons toujours la possibilité de redéployer ces agents vers de nouveaux sites que nous prenons en charge. Ainsi, sur chaque site, nous constatons une réduction effective du nombre d’agents dans notre processus de sécurité, mais ces agents ne perdent pas leur emploi. Nous pouvons les réaffecter à de nouveaux clients, car nous attirons continuellement de nouveaux partenaires.En réalité, nous sommes actuellement en sous-effectif, ce qui nous contraint à refuser des clients cherchant nos services de sécurité en raison d’une pénurie de main-d’oeuvre.

Donc, effectivement, la réponse est affirmative : comme je viens de l’expliquer, le processus instauré représente un équilibre optimal entre la technologie et les agents de sécurité et les intérêts de nos clients. Bien que nous réduisions le nombre d’agents site par site, la demande soutenue sur l’ensemble de notre marché garantit que ces agents de sécurité sont systématiquement redéployés vers d’autres sites.

D’où le démarrage prochain d’une grande campagne de recrutement au niveau de Brink’s. Cela dit, les métiers de la sécurité attirent-ils les jeunes ?

Nous sommes constamment en phase de recrutement, avec notre département des ressources humaines orchestrant des initiatives permanentes tout au long de l’année, incluant généralement trois à quatre grandes campagnes. Nous accordons une importance particulière à la communication autour des besoins en recrutement. La prochaine campagne sera encore plus poussée, notamment en raison de l’augmentation des besoins en sécurité en fin d’année, associée à la saison festive et à l’acquisition de nouveaux clients. Pour nous préparer à cette demande croissante, nous devons être prêts à former notre personnel.

Malgré une diminution des départs grâce à l’amélioration des conditions salariales dans le secteur, les recrutements continuent de poser problème, et l’attrait des jeunes pour ces métiers demeure limité. Cette année, notre campagne de recrutement intègre de nouveaux éléments, notamment un système de cooptation interne.

Chez Brink’s, chaque employé a la possibilité de recommander un candidat, de devenir son parrain pour Brink’s, et à chaque embauche réussie de ces candidats, nous attribuons une prime à l’employé recommandeur. Si le candidat reste et franchit la période de confirmation, les primes pour l’employé parrain peuvent atteindre jusqu’à Rs 3 000 sur une année. Par ailleurs, nous réfléchissons également aux emplois à temps partiel, car nous comprenons que beaucoup de personnes préfèrent ne pas travailler à temps plein. Une autre question à laquelle nous réfléchissons concerne les opportunités d’emploi saisonnier.

Cela n’implique pas une diminution de la qualité ; au contraire, nous envisageons de recruter des talents qui seront formés mais qui travailleront pour des périodes de trois à six mois. Cette approche pourrait également susciter l’intérêt des jeunes ou d’autres personnes. Nous considérons qu’il serait également bénéfique de revoir notre uniforme pour attirer une population plus jeune. Un aspect crucial est l’évolution de la profession et de la rémunération, qui font aujourd’hui de cette carrière une option attrayante même sans une qualification de base spécifique.

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