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Industrie manufacturière Relancer la machinerie

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Industrie manufacturière Relancer la machinerie | business-magazine.mu

Augmenter la production locale pour diminuer les importations. Tel est le défi du secteur manufacturier mauricien. Mais cette industrie dispose-t-elle de toutes les armes nécessaires pour croître de manière optimale ?

Avec la crise qui perdure sur nos principaux marchés d’exportation, le secteur manufacturier, qui est le poumon de notre économie, est à la croisée des chemins et a un besoin pressant d’être revitalisé.

\« Les difficultés économiques de nos principaux partenaires commerciaux et le taux de change roupie-euro ont mis les entreprises locales en difficulté », résume le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, Cédric de Spéville.

Le secteur manufacturier repose sur quatre sous-piliers : l’industrie textile et habillement, le Seafood et la production alimentaire, la joaillerie et l’ingénierie légère. Il représentait, il y a quelques années encore, 22 % du PIB et a reculé aujourd’hui à 17,5 %, alors que la base industrielle dans des pays comme la Malaisie et la Thaïlande constitue 25 % et 34 % de leur PIB respectivement. À Maurice, le secteur ne croîtra, cette année, que de 1 %, contre 2,2 % en 2011.

Opportunités et diversification

Malgré son déclin, ce secteur – devenu le parent pauvre de l’économie, comme le reconnaît lui-même le ministre de l’Industrie, Cader Sayed Hossen –, mérite d’être redynamisé et reconnu à sa juste valeur. Il est générateur de richesses et d’emplois et a démontré, à ce jour, sa résilience au choc économique. C’est aussi un secteur porteur qui doit être soutenu et diversifié. Car des opportunités existent pour le développement de certains sous-secteurs comme la production de dispositifs médicaux, produits pharmaceutiques et d’équipements légers.

Le secteur manufacturier exportateur (Export Oriented Enterprises) aura également des défis à relever. Alors qu’on dénombrait 372 EOE en 2010, ce chiffre a baissé à 344, selon les derniers chiffres de Statistics Mauritius. Au deuxième trimestre, cinq entreprises avaient cessé leurs opérations dans le domaine de l’habillement, trois autres dans la bijouterie. Et dans le créneau bois et papier, il y a eu deux fermetures. Le manque de main-d’oeuvre qualifiée est aussi un problème pour 63 % des entreprises, comme le révèle une étude du Human Resources Development Council.

Avec la crise économique, l’abaissement des tarifs douaniers, l’accroissement des importations qui creuse chaque année un peu plus la balance commerciale, l’industrie manufacturière locale (Domestic Oriented Enterprises) qui représente 60 % du secteur manufacturier est, elle aussi, confrontée à des menaces.

\Si l’apport des DOE a décliné sur la dernière décennie – de 23 % du PIB en 2000 à 18 % en 2011 – il a quand même réalisé une bonne performance. Il représente désormais 11 % du PIB. Mais les défis qui menacent cette industrie sont nombreux. La forte croissance des importations – qui ont crû en moyenne de 18 % de 2002 à 2010 – signifie que l’industrie locale perd graduellement des parts de marché. « Le pays s’est focalisé sur un développement ‘importdriven’ avec, pour résultat, un déficit commercial disproportionné, et c’est pour cela que le secteur manufacturier domestique est en souffrance », analyse Robin Ramhit, Research Manager chez DCDM Research qui a récemment réalisé une étude sur les DOE.

Compétitivité entamée

Paradoxalement, soulignet- il, Maurice, dont la compétitivité est faible en comparaison à nos compétiteurs que sont la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud, tend à ouvrir son marché. Cette politique d’ouverture est loin de bénéficier au secteur manufacturier local.

« En ouvrant notre économie de la sorte, nous avons engendré une forte croissance de nos importations. Il fallait parallèlement trouver un moyen de favoriser un environnement de croissance pour le secteur DOE qui demeure l’épine dorsale de notre économie. Il faut encourager la production locale et les exportations au lieu d’avoir une politique qui tend à favoriser l’importation », souligne Robin Ramhit.

L’abaissement des tarifs douaniers handicape lourdement le secteur. C’est la raison pour laquelle Vincent d’Arifat, président de l’Association of Mauritian Manufacturers, insistait récemment qu’on « tempère » notre politique d’ouverture commerciale.

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Il s’agit, selon lui, de définir les conditions pour que les produits locaux opèrent sur un pied d’égalité avec les produits importés. L’association préconise ainsi une politique de droits de douane adaptée selon le caractère stratégique des produits, et leur degré d’exposition à la concurrence : gel de la baisse des droits de douane et définition d’un Minimum Residual Duty pour certaines positions tarifaires, l’application de règlements et standards locaux aux produits importés et un contrôle plus efficient de la qualité aux frontières du pays, notamment.

De son côté, Cédric de Spéville évoque un changement de mentalité nécessaire : « Le ‘Made in Mauritius’ doit nous rendre fiers et rester une priorité. Il faut que les industriels continuent de monter en valeur dans un environnement où les produits locaux et importés sont mis sur un pied d’égalité avec le support des décideurs et des autorités. Le ‘Level Playing Field’ impose, dans bien des cas, le maintien des droits de douane résiduels pour les produits sensibles. »

Les acteurs du secteur réclament une politique gouvernementale sensée, une nouvelle vision et direction car l’avenir du secteur manufacturier réside dans le développement de la production locale et non dans l’importation. Encourager la production locale est aussi crucial pour assainir les finances publiques.

La crise économique a démontré à quel point il est important d’avoir un tissu industriel solide, explique Cédric de Spéville pour qui le secteur manufacturier a un bel avenir : « Si l’industrie manufacturière représente aujourd’hui un peu plus de 17 % du PIB, nous devons toutefois continuer à innover à tous les niveaux pour atteindre l’objectif de 25 %. »

Politique de détaxe nuisible à l’industrie locale

La concurrence que représentent les produits importés pour l’industrie manufacturière locale s’est accentuée ces quinze dernières années avec la détaxe sur une série de produits. Ainsi, en 1996, pas moins de 4 000 produits étaient frappés par les droits de douane. En 2010, ceux-ci ne couvraient plus que 323 articles.

 

 

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