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Innovation : comment gagner le pari de la compétitivité

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Innovation : comment gagner le pari de la compétitivité | business-magazine.mu

La crise a remis en question le mode opératoire des entreprises. Alors que le centre de gravité économique bouge de l’Ouest vers l’Est, Maurice a une belle carte à jouer en misant sur l’innovation de ses produits et services pour capter de nouveaux marchés. Or, le dernier classement du Global Innovation Index a eu l’effet d’une douche froide : nous ne sommes pas suffisamment novateurs.

Dans le monde des affaires, l’innovation est un facteur de compétitivité incontournable. Dans le contexte de la mondialisation, elle est centrale à la prospérité économique, dixit Michael Porter, Bishop William Lawrence University Professor au Harvard Business School. Il n’y a pas d’innovation – donc pas de gains de productivité – sans changement et si on n’investit pas dans la recherche et la nouveauté.

Cela dit, faisons-nous suffisamment en matière d’innovation ? Le Global Innovation Index 2013, qui est réalisé annuellement par l’INSEAD Business School, apporte une réponse cinglante à cette question. Sur une liste de 142 pays, Maurice recule de la 49e à la 53e de 2012 à 2013.

àMaurice, l’innovation a été à l’ordre du jour dans l’agro-alimentaire et le textile, deux industries qui se sont grandement mécanisées, ainsi que le tourisme, où l’on n’a eu cesse d’innover pour proposer de meilleurs services. Avec l’affaiblissement du marché touristique européen et l’émergence d’une clientèle venant des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), le secteur doit ces jours-ci se remettre en question. Et s’adapter aux exigences de cette nouvelle clientèle touristique.

Dans le secteur sucrier, dans le sillage de la réforme sucrière et la baisse des prix de 36 % sur le marché européen, les opérateurs ont dû se repenser. La centralisation s’est imposée comme une nécessité pour réduire les coûts. L’industrie est ainsi devenue beaucoup plus Capital Intensive et a amorcé sa transformation en un secteur cannier qui génère des produits à valeur ajoutée. Il est aussi devenu un producteur incontournable dans le domaine de l’énergie. Vincent d’Arifat, président de la Mauritius Employers’ Federation (MEF), note que ces dernières années, le gouvernement a pris les devants en adoptant des stratégies en vue d’instiller une culture d’innovation chez les entreprises à Maurice. Parmi, il y a le Mauritius Business Growth Scheme, un système de remboursement proposé par le Human Resource Development Council (HRDC) aux entreprises qui investissent pour faire venir des experts, afin d’octroyer une formation approfondie aux employés, les Business Excellence Awards ou encore le Mauritius Innovators’ Award qui s’était tenu sur une base annuelle de 2004 à 2008.

Ces initiatives sporadiques, souvent méconnues, sont loin d’être suffisantes à un moment où le monde change et où le centre de gravité économique bouge de l’Ouest vers l’Est. S’il est un fait que nous sommes stratégiquement bien positionnés pour capter de nouveaux marchés, n’empêche, nous devons faire preuve d’inventivité si l’on veut donner de la substance au Made in Mauritius.

Investir dans la recherché

Pour le professeur Soodursun Jugessur, Pro-Chancellor à l’Université de Maurice et Chairman du Mauritius Research Council, c’est en développant le domaine de la recherche et du développement qu’on sera en mesure de booster l’innovation.

«Il y a eu pas mal d’avancées dans le secteur de la recherche et du développement ces dernières années suite aux recherches qui ont été entreprises. Le pays ne pourra pas aller de l’avant, surtout face à la compétition,  si ce secteur n’évolue pas », observe-t-il.

De son côté, Vincent d’Arifat souligne que nous avons besoin d’améliorer l’efficacité du secteur portuaire pour être vraiment novateur. Une telle stratégie nous permettra de doper le commerce extérieur et intérieur. « Maurice doit pouvoir accueillir au port les plus grandes lignes maritimes du monde», souligne-t-il.

L’innovation rime aussi avec jeunesse. À la Junior Chamber International (JCI) Mauritius, l’innovation est perçue comme un facteur clé de la compétitivité. Dans cette optique, l’association a lancé en juin dernier le JCI Mauritius Creative Young Entrepreneur Award pour élire l’entrepreneur le plus novateur de Maurice.

Pritty Padaruth, présidente de la JCI Port Louis, souligne que ce concours est un pari risqué, mais qu’il est essentiel d’avoir foi dans nos jeunes. Ces derniers sont appelés à devenir de vrais ambassadeurs de l’innovation. « Si nous nous permettons un regard sincère sur notre économie, on constate que les entreprises mettent souvent en avant les améliorations, mais parlent très peu d’innovation. Il est clair que l’innovation comporte une part de risque que certaines entreprises ne souhaitent pas prendre. Et il y a aussi la résistance au changement et une culture qui ne reconnaît pas les idées novatrices émergentes. Il est donc difficile de soutenir l’innovation», observe Pritty Padaruth.

L’innovation est ainsi un couteau à double tranchant. En innovant, les entreprises prennent le risque d’être mal reçues par les clients. Alors que l’absence d’innovation implique une approche conservatrice qui peut jouer à la longue contre les intérêts de l’entreprise. C’est d’ailleurs dans cette optique que de nombreuses entreprises s’engagent dans la voie du rebranding, afin de dynamiser leurs opérations.

Shanaka Katuwala, Executive Director de Grant Thornton (Specialist Services), firme qui propose des solutions novatrices aux entreprises pour affronter la crise financière, explique que le fait que certaines entreprises s’engagent dans la voie de l’innovation est un signal pour les autres entreprises qui sont toujours réticentes « qu’elles doivent, à leur tour, innover pour rester compétitives.»

La recherche de l’innovation répond aussi à une demande pour des produits et services sophistiqués de la part d’une population qui jouit désormais d’un niveau de vie plus élevé. Ce qui amène Shanaka Katuwala à faire l’observation suivante : « Les entreprises sont poussées à innover pour combler une demande pour un niveau de vie plus élevé. Dans ce sens, l’innovation est un processus d’évolution qui dépend des employés d’une organisation, de sa culture et de l’environnement compétitif dans lequel elle opère. Une crise ne concerne non seulement une organisation, mais aussi l’ensemble du paysage économique. Elle peut donc activer le besoin d’innover». La crise peut représenter une opportunité, s’accordent à dire nombre d’observateurs. Cette opportunité, elle peut se dessiner grâce à l’innovation. n

Maurice perd 4 places

Dans le Global Innovation Index 2013 de l’INSEAD Business School, Maurice recule de la 49e à la 53e place. Au niveau du Human Capital & Research, nous nous positionnons à la 95e place. à l’indice Knowledge & Technology Output, nous occupons la 100e place. Aux indicateurs Infrastructureet Business Sophistication, nous sommes à la  101e place. Dans certains segments, nous réalisons des scores encourageants. Nous nous classons ainsi à la 30e place pour les segments Institutions et Market Sophistication. Et à la 31e place à l’indice Creative Output.
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