Les concessionnaires automobiles durement touchés par la contrefaçon

La contrefaçon des pièces de rechange et des accessoires automobiles prend de l’ampleur, selon les concessionnaires. Ils réclament un contrôle plus strict à l’importation de ces produits.

L’industrie de l’automobile mauricienne subit de plein fouet la concurrence déloyale, notamment des pièces de rechange et des accessoires contrefaits. Ce phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il est difficile de distinguer ces pièces détachées des originales. Dans la plupart des cas, on ne pourra juger de la qualité d’une pièce contrefaite qu’après l’utilisation.

La contrefaçon des pièces détachées est non seulement une atteinte à la protection des droits intellectuels, mais elle comporte aussi un gros risque sur le plan de la sécurité du conducteur et des passagers, ainsi que la performance du véhicule.

« Le parc automobile mauricien étant dominé par les véhicules d’origine japonaise, il est un fait que ceux-ci sont davantage touchés par le phénomène de la contrefaçon. Avec la croissance soutenue de la vente des marques japonaises, la demande pour les pièces de rechange est en pleine expansion. Ce qui attire les importateurs peu scrupuleux vers ce marché », explique Rahel Moossun, Marketing Officer, Parts & Accessories Department d’ABC Motors.  

Différents produits sont touchés par la contrefaçon comme les tapis, enjoliveurs, lampes, garde-boue et pièces électriques. En général, les contrefacteurs concentrent leurs efforts sur des produits à durée de vie limitée, comme des pièces standard qui peuvent être vendues en magasin et s’adapter à différents modèles.

Le consommateur n’étant pas suffisamment sensibilisé sur les risques liés aux produits contrefaits et étant plus sensible au prix, a tendance à se tourner vers les pièces contrefaites. Ce qui impacte négativement sur le chiffre d’affaires des concessionnaires. « Nissan étant l’une des principales marques japonaises distribuées à Maurice, la contrefaçon nous affecte de manière considérable. Le manque à gagner est difficile à évaluer car le marché en est complètement dérégulé avec tout ce que cela induit comme confusion. Mais, en définitive, cela doit représenter un manque à gagner colossal vu l’ampleur du phénomène », souligne Rahel Moossun.

Malgré la vigilance et la répression au niveau douanier, on constate une recrudescence du phénomène. Les pièces et accessoires contrefaits sont de plus en plus disponibles sur le marché. Cela pourrait s’expliquer par des lacunes au niveau du contrôle à exercer sur les importations douteuses et un manque de rigueur dans l’application de la loi.

Qualité et sécurité négligées

Le prix demeure un facteur déterminant dans la décision d’achat. C’est ce qui pousse pas mal de gens à opter pour des pièces contrefaites au détriment de la qualité et de la sécurité. « Le marché des pièces détachées contrefaites va même très loin dans certains cas où les emballages du ‘genuine’ sont carrément reproduits. Cela représente, bien sûr, un manque à gagner conséquent pour les concessionnaires et les automobilistes. C’est une solution à court terme avec des risques très élevés », précise Pascal Lelong, National Sales and Marketing Manager à
Toyota (Mauritius).

La contrefaçon inquiète au plus haut point les concessionnaires. Depuis l’année dernière, ABC Motors mène une campagne sur la question. Celle-ci est inscrite dans la durée car le consommateur ne change pas ses habitudes du jour au lendemain. Mais, d’ores et déjà, le concessionnaire note que les gens recommencent à faire preuve d’une plus grande exigence lorsqu’il s’agit de l’entretien de leurs véhicules. Et Rahel Moossun de préciser : « Notre stratégie à long terme est de rendre les pièces d’origine plus accessibles au plus grand nombre pour que les gens n’aient plus de choix entre quelques économies immédiates et la sécurité. »