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Recyclage: en pleine croissance, mais sans une vision claire

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Recyclage: en pleine croissance

Segmenté par les différentes catégories de déchets traités, le secteur du recyclage connaît un nouveau dynamisme depuis environ deux ans. Comptant une vingtaine d’opérateurs, les papiers-cartons, déchets textiles et plastiques usagés sont les segments les plus prisés. Le manque de rentabilité, de réglementation, d’incitations fiscales et de subsides nuit cependant à ce secteur.

Papiers-cartons, plastiques, piles, portables, batteries, pneus, appareils électriques et électroniques, cartouches d’imprimante, huiles, verres, ampoules… usagés ; rien ne se jette, tout (ou presque) peut aujourd’hui être traité à Maurice afin d’être recyclé. Axe prioritaire de la consommation et de la production responsable et durable – à l’instar du projet de société Maurice Ile Durable (MID) –, la gestion des déchets suscite l’entrée récurrente de nouveaux opérateurs sur le marché du recyclage et du traitement des déchets. Repliés dans les divers segments de déchets traités, certains recycleurs sont plus confrontés que d’autres à la concurrence, mais bon nombre d’entre eux font face au manque de rentabilité.

Y a-t-il un manque de conscientisation, de volonté ou de réactivité des entreprises, des commerces, des organismes publics/privés, ainsi que des individus à la nécessité de réduire, de récupérer, de recycler et de valoriser les déchets ? peut-on se demander. Pourtant, la problématique est imminente : Maurice produira 410 000 tonnes de déchets solides chaque année à partir de 2014 selon le Programme des Nations unies pour le Développement. L’enfouissement n’est plus la solution à la gestion des déchets. Selon l’organisation, le volume de déchets solides produit chaque année à Maurice décroît depuis 2002. La somme totale de déchets solides enfouie à Mare Chicose a diminué de 6,4 %, passant de 414 543 tonnes en 2011 à 387 925 tonnes en 2012. Entre 75 % et 80 % de ces déchets sont constitués de matières organiques.

L’on compte actuellement sur le marché local une vingtaine d’entreprises engagées dans la collecte de déchets et le recyclage si l’on se fie aux données sur le portail du ministère des Collectivités locales. Le recyclage du papier-carton, des déchets textiles et du plastique sont les segments intéressant le plus grand nombre d’opérateurs.

Recyclage: forte concurrence

Lubna Moosa, directrice de Mafta International, compagnie spécialisée dans le recyclage du papier et du carton, explique que ce segment est fortement concurrentiel mais pas forcément saturé. « Avec une jeune génération de plus en plus informée et préoccupée par les problèmes environnementaux actuels au niveau mondial, il est devenu primordial de centrer notre attention sur ce qui peut être fait pour sauver notre petite île et prévenir les catastrophes », soutient-elle.

Engagée dans une « approche intégrée de la gestion des déchets », avec la collecte de papiers, de cartons et de bouteilles en plastique pour l’exportation comme pour le marché local, Atics est dirigée par Raj Essoo. Celui-ci déplore le fait que le coût de la collecte « pénalise » ses activités : « Nous ne récupérons pas assez lors d’une tournée pour pouvoir rentabiliser l’opération. » Bon joueur, écoresponsable ou patriote, ou les trois à la fois ? Notre interlocuteur ajoute cependant que si ses concurrents arrivent à récupérer assez de matières pour rentabiliser leurs entreprises et que dans la foulée cela est bénéfique au pays, « nous ne pouvons que nous réjouir ».

Mafta International traite, selon les indications de sa directrice, entre 200 et 250 tonnes de carton par mois, 100 tonnes de papier et environ 60-90 tonnes métriques de matériel de journal sans oublier d’autres types de déchets recyclables qui sont également reçus en petites quantités. Considérant Atics comme un petit opérateur dans ce secteur, Raj Essoo soutient que son entreprise n’exporte qu’environ 250 tonnes de papier / carton par an, même si l’entreprise collecte également des bouteilles en plastique.

Les cartouches d’imprimante usagées

Autre segment, même état des lieux. Le recyclage des cartouches d’imprimante (les modèles à jet d’encre et laser), nous assure Clément How de Printer Gadgets Ltd, est également concurrentiel. Ce marché est investi, dit-il, par « pas mal d’opérateurs de nos jours ». Le volume de traitement de ses déchets peut varier d’une simple cartouche à jet d’encre jusqu’à une quinzaine de magasins de toner laser à être recyclés par client/entreprise.

Huiles usées: créneau pas encore saturé

Magalie Thomas agit, elle, comme Business Developer à Ecofuel Ltd. En opération depuis 2006, cette entreprise est dans le recyclage des huiles usées. « Le marché, à mon avis, n’est pas encore saturé. Mais je ne crois pas qu’il y ait de l’espace pour plus d’opérateurs au vu de la quantité d’huiles usées disponible sur l’île. L’un des problèmes majeurs et récurrents rencontrés avec les acteurs existants est le manque de respect de la légalité et d’une concurrence loyale. Nous avons lutté contre la collecte illégale des huiles usées avec les ministères, et cela nous attriste de voir les concurrents encourager ce que nous appelons des braconniers à leur avantage, au lieu de se joindre à nous dans cette bataille pour la régularisation d’un environnement sûr pour la collecte des huiles », souligne-t-elle. À l’heure actuelle, nous avance notre interlocutrice, le taux généré d’huiles usées est estimé à environ 6 millions de litres par année. « Ecofuel à elle seule pourrait avoir la capacité de traiter toute cette huile », ajoute-t-elle.

Pionnière dans le recyclage de verre usagé depuis 20 ans (activité initiée par Phoenix Be-verages Ltd), « Mauritius Glass Gallery est la seule compagnie à être entièrement dédiée au recyclage du verre », comme le dit sa porte-parole, Annette Treebhoobun. En revanche, comme elle l’ajoute, des ONG et des fondations telles que Bel Ombre Foundation for Empowerment et Mission Verte sont également engagées dans ce segment. Une estimation du volume annuel de ce type de déchets est de 9 000 tonnes mais ce chiffre, comme nous le dit notre interlocutrice, n’est pas confirmé. Outre le recyclage du verre usagé, la Mauritius Glass Gallery s’attelle à leur valorisation en proposant des objets de verre à partir des déchets de verre.

La locution

*Déchets solides. Cette locution se réfère, selon Statistics Mauritius (dans Environment Statistics 2012, rapport publié en juillet 2013) aux ordures ménagères, déchets industriels et commerciaux, dépôts d’épuration, déchets issus des exploitations agricoles et de l’élevage et autres activités connectées tels les déchets de démolition et de résidus miniers.
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