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Shirin Gunny: « Le Made In Moris est devenu un nouveau mouvement économique»

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En dix ans d’existence, le label Made in moris a joué un rôle pivot dans la valorisation du savoirfaire des producteurs locaux tout en appelant au sens du patriotisme des mauriciens en leur faisant prendre conscience de l’importance de soutenir pleinement l’industrie locale. jusqu’ici, un bout de chemin a été parcouru même si Shirin Gunny, la CEO de l’association of mauritian manufacturers et de Made in moris, insiste que le label n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière et qu’il devra encore relever de nombreux défis.

Dix ans après sa création, le label Made in Moris a franchi de nombreuses étapes significatives au sein de l’industrie locale. Il s’est étendu avec succès à travers sept secteurs clés : la production industrielle, le textile, l’agroalimentaire, l’agriculture, le domaine culturel et créatif, l’industrie hôtelière, ainsi que le secteur des services. Parlez-nous de cette évolution.

Évolution est le bon terme car le Made in Moris est dans un processus de progression constante et de transformation perpétuelle. Nous célébrons nos dix ans aujourd’hui mais j’aime rappeler qu’en 2013, certains sceptiques avaient prédit que ce label ne durerait pas. Dix ans plus tard, le Made in Moris est tellement plus qu’un label. Aujourd’hui, c’est un nouveau mouvement économique appelé à façonner, je le souhaite, la prochaine phase de notre histoire commune. D’un simple identifiant visuel, le label a évolué pour devenir une marque nationale, totem d’un plaidoyer essentiel, une plateforme pour accompagner la transformation de la production locale, élaborer des projets publics-privés et finalement un écosystème unique et «extraordinaire». Saluons donc l’audace et la vision de l’Association of Mauritian Manufacturers pour avoir doté le pays d’un outil stratégique pertinent pour la gestion des enjeux sociétaux, environnementaux et économiques. Ce sont de vrais pionniers. Valeur du jour, le Made in Moris fédère près de 160 entreprises et représente plus de 350 marques et 3 800 produits. Face aux pressions et tensions liées à la sécurité alimentaire ou au développement durable, le Made in Moris encourage la recherche de solutions sur des projets que nous pensons sur le long terme. Notre parcours est marqué, ainsi, par la patience. Nous avons su, année après année, construire un réseau solide et solidaire d’industriels engagés pour le pays. Nous sommes particulièrement fiers d’avoir pu renverser le regard sceptique ou légèrement complexé que portaient les Mauriciens sur la production locale.

En 2012, une étude montrait que 60 % des Caddies étaient remplis de produits mauriciens que les consommateurs prenaient pour des produits importés. Nos derniers sondages montrent que 98 % des Mauriciens estiment que l’industrie locale est importante. Mieux encore, ils estiment que l’industrie locale est importante pour l’autosuffisance alimentaire, la création d’emplois ou le soutien aux PME, entre autres.

Autre résultat significatif : 92% estiment qu’il est important d’acheter des produits labellisés Made in Moris. D’après un sondage Future Life de Kantar TNS de novembre 2020, 69 % des Mauriciens estimaient que les marques et entreprises devraient favoriser la production locale. Grâce à notre cahier des charges rigoureux élaboré avec notre partenaire stratégique SGS, nous avons réussi à donner de la crédibilité à la notion de qualité des produits locaux. Le produit Made in Moris est décomplexé et affiche fièrement sa qualité, souvent supérieure aux produits importés et de plus en plus régulièrement reconnue à l’international. Notre mission a ensuite évolué de façon organique, en phase avec les préoccupations économiques, sociales et environnementales. Désormais, nous nous inscrivons dans la réflexion sur la production responsable, le développement durable, l’économie inclusive, le tourisme responsible ou l’approvisionnement en circuit court, entre autres.

Comment cette diversité de secteurs vient-elle renforcer le label ?

C’est important, une fois de plus, de rappeler notre mode d’évolution organique. Le label est le reflet de la diversité de notre paysage économique. Nous l’avons lancé avec deux secteurs : la production industrielle et l’agroalimentaire. Nous avons graduellement intégré d’autres secteurs pour répondre à une demande des opérateurs de ces secteurs, soucieux de valoriser la qualité de leurs produits et services. C’est ainsi que nous avons développé un cahier des charges pour les services hôteliers et l’industrie des services. Nous sommes reconnaissants aux entreprises pionnières comme le groupe Attitude et nos cinq premiers adhérents dans les services qui acceptent de nous suivre dans ce processus. Cette diversité est vitale pour nous car elle nous permet de créer des ponts et des passerelles entre opérateurs de divers secteurs.

Le label évolue au même rythme que l’évolution de notre économie. La montée en qualité des différents pans de notre économie est un élément très prometteur pour nous. Aujourd’hui, l’on parle de nouveaux hubs, de Blue economy, de Silver economy, du secteur pharmaceutique ou de la fintech, par exemple. Nous suivons tout cela avec attention, mais aussi avec lucidité. Nous sommes à un point de bascule avec la problématique du manque de main-d’oeuvre. Cela reste un point préoccupant pour nos industriels. Nous avons un secteur manufacturier de qualité, un savoir-faire industriel et des activités sophistiquées. Nous ne pouvons faire de compromis sur la qualité de notre production.

L’Association of Mauritian Manufacturers et Made in Moris s’appuient, depuis dix ans, sur SGS Mauritius pour définir le cahier des charges du label et ses critères de qualité. Comment ces critères de qualité contribuent- ils à renforcer les entreprises adhérentes ?

Nous avons, en effet, choisi de travailler avec un organisme certificateur, SGS Mauritius, dont la réputation n’est plus à faire sur notre territoire. C’est un choix déterminant qui nous a permis, dès le départ, d’établir la crédibilité et le sérieux de notre démarche. SGS Mauritius agit en tant qu’organisme certificateur indépendant et impartial du label via des visites de conformité. Elle intervient sur le terrain pour vérifier si les entreprises sont conformes aux exigences des cahiers des charges. Les processus de fabrication doivent répondre à certains critères spécifiques en matière de qualité en conformité avec les normes exigées, les bonnes pratiques industrielles mais aussi les attentes de plus en plus exigeantes des consommateurs. Ils ont rendu mesurables les critères de qualité que nous voulions évaluer. Cela nous a permis de convaincre nos premiers adhérents.

Nos cahiers des charges avec leurs critères de qualité nous servent de boussole. À titre d’exemple, nos adhérents dans l’agroalimentaire doivent se conformer à 126 critères et ceux dans le secteur culturel, créatif et numérique sont tenus de respecter 92 critères. De plus, nous valorisons les modes de production responsables. Selon notre cahier des charges, un adhérent doit obligatoirement s’engager sur trois Objectifs de développement durable. En général, nos industriels s’engagent sur les ODD 8 (travail décent et croissance économique), 9 (industrialisation durable qui profite à tous), 12 (modes de consommation et de production durables) et 17 (partenariats efficaces entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile).

Nos différents adhérents reconnaissent que le processus d’adhésion au label Made in Moris est rigoureux mais structurant à la fois. Ce processus leur permet parfois d’identifier leurs forces et leurs lacunes tout en découvrant les bonnes pratiques qui vont assurer la pérennité de leur entreprise. Nous les encourageons aussi à s’engager dans une démarche d’amélioration continue. Certaines entreprises prennent deux à trois ans parfois avant d’obtenir le label. Je souligne également que le label n’est pas octroyé à vie mais que nous effectuons tous les deux ans des visites d’anniversaire. Entre les visites d’anniversaire, nous procédons parfois à des visites inopinées pour des vérifications. Fait intéressant, nous avons constaté que les entreprises Made in Moris ont mieux résisté aux effets de la pandémie, car elles étaient mieux structurées. Chose certaine, le simple fait d’entamer la démarche pour l’obtention du label Made in Moris permet à tout un chacun, de la plus petite à la plus grande entreprise d’amorcer le sujet et les conversations autour de l’approvisionnement local et une vraie prise de conscience quant au rôle prépondérant que peuvent jouer les entreprises mauriciennes en matière de développement économique, environnemental et social. L’on parle souvent d’engagement en faveur du territoire. L’on sous-estime souvent à quel point nos entreprises sont moteurs de ces différents pans de l’économie.

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