Cadeaux d’affaires L’art d’entretenir sa marque et ses relations
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Du calendrier de la quincaillerie du coin au cooler box offert par son employeur, en passant par les agendas qu’on reçoit de ses partenaires d’affaires, les stylos reçus çà et là ou encore le carnet de notes personnalisé donné par une relation professionnelle privilégiée…
Les corporate gifts ou cadeaux d’affaires affluent tout le long de l’année lors d’échanges commerciaux et de relations d’affaires. Que ce soit dans le cadre de la présentation d’un produit, de l’inauguration d’une nouvelle boutique, de la signature d’un nouveau partenariat, pendant la tenue d’un événement sponsorisé… Le cadeau d’affaires ne doit pas être perçu comme un gaspillage d’argent ou encore moins un objet de corruption éventuelle. Dans le management moderne, il est devenu un outil de « relationship building » et de « branding », si sa fonction est bien comprise.
« Le présent n’est pas qu’une formalité. Il est l’expression même de l’identité de la marque », souligne Nanda Pavaday, qui était Creative Director chez l’ex-agence Amadeus. Le cadeau d’affaires s’inscrit dans le processus d’une opération de branding car l’entreprise cherche à offrir un présent qui correspond le mimeux à la personnalité de sa marque.
S’inspirer du domaine d’activité
Nanda Pavaday nous révèle plusieurs anecdotes. Ainsi, au lancement d’un hebdomadaire local, son ancienne agence avait été approchée pour concevoir un cadeau. « Puisque la filière d’activité était le journal, nous avons pensé à l’utiliser pour réaliser le cadeau. Nous avons pensé à enrouler le journal pour en faire un pétard avec le message : ‘Compte lor nu pu fer la vérité éclaté. »
Un autre exemple qui pourrait illustrer la portée d’un cadeau d’entreprise, comme beaucoup plus qu’une futilité, est le sablier offert par une banque locale à ses clients high end. Ce présent est accompagné d’un message qui dit que le temps est le plus précieux des cadeaux à optimiser.
Si ces deux cadeaux peuvent être considérés comme des babioles vu qu’ils n’ont pas de valeur financière, il n’en est pas moins qu’ils ont une valeur hautement symbolique, qui cadre avec l’image que le demandeur veut projeter de ses marques, ses services, ses produits. Le cadeau d’affaires est généralement de valeur moyenne.
Rester visible
« Le cadeau est destiné aux clients afin de les fidéliser, aux salariés afin de les motiver et de leur donner un sens d’appartenance à l’entreprise, aux fournisseurs afin de les remercier de la collaboration pendant toute l’année », nous explique-t-on du côté de Verso Pub, entreprise spécialisée dans « la communication par l’objet » depuis 15 ans.
Les corporate gifts, aussi dénommés promotional items, ont une autre fonction à caractère plus marketing et commercial, affirme Nanda Pavaday : celui de créer ou de maintenir des relations avec ses récipiendaires. C’est dans cette optique que des cadeaux plus traditionnels, comme des agendas, sont utilisés afin que le logo et les corporate colors de l’entreprise visibles sur ces items restent ancrés dans la tête des bénéficiaires.
« Je pense qu’à la base même de cette offre de cadeaux, repose l’idée de faire plaisir, de remercier les destinataires ou alors de se complaire à une pratique à laquelle s’adonnent les concurrents. L’utilité principale de ces cadeaux d’affaires pour les entreprises est de maintenir une visibilité, que les récipiendaires pensent à elles, de fidéliser et de véhiculer leur image. Tout le monde a besoin d’un maximum de visibilité », fait remarquer Nikhil Awootar, directeur de Sudo Pub.
Les mois d’octobre, de novembre et de décembre seront chargés pour les concepteurs de cadeaux d’affaires. En dépit d’une conjoncture économique difficile, les demandes affluent et certains prestataires de cadeaux d’affaires s’attendent même à des commandes de dernière minute. « Il y a toujours autant de commandes et nous sommes toujours prêts à satisfaire la clientèle », fait part le porteparole de Verso Pub.
Dorinne Ducasse note néanmoins que le budget cadeaux est celui qui trinque en premier « dès qu’il y a restriction budgétaire » mais, comme l’ajoute Nikhil Awootar, ce sont moins sur les commandes que les prix que les entreprises vont vouloir négocier à la baisse. Chaque entreprise, nous rappellent nos interlocuteurs, débourse selon ses moyens.
Comment le marché se porte-t-il. « Bien », lâchent sans la moindre hésitation et de concert les représentants de Sudo Pub, Verso Pub et Dando Pub. « Dans le secteur grand public, nous pouvons même avancer que la crise a aidé à améliorer le chiffre d’affaires car l’objet pub est souvent utilisé pour booster les ventes… », confie Dorinne Ducasse de Dando Pub. Si ce marché n’a pas un chiffre d’affaires fixe, il est toutefois « très compétitif ». Outre le nombre restreint d’agences qui se spécialisent dans l’offre de corporate gifts et de promotional items, il y a beaucoup qui proposent des produits et services pouvant être utilisés comme des cadeaux d’entreprises. Ils sont ainsi nombreux les ‘freelancers’ à opérer sur ce marché. « Cette filière d’activité semble lucrative », constate Nikhil Awootar de Sudo Pub. Ce qui révèle la bonne santé de ce marché.La pratique de l’offre de cadeaux d’affaires, particulièrement à la fin de l’année, est de nos jours largement démocratisée, soulignent nos interlocuteurs. « Il n’y a pas réellement de profil pour offrir des cadeaux d’affaires ; toute entreprise peut offrir des cadeaux d’affaires, dépendant, bien sûr, de son budget », nous assure le représentant de Verso Pub. « Cette culture d’entreprise permet de rester en contact avec tout le monde, tout en permettant de travailler davantage sur les offres corporatives », fait remarquer Priya Napaul, responsable du marketing et de la communication chez Adamas Ltd, compagnie qui représente, entre autres, les stylos Montblanc. Il n’est pas étonnant alors que petites, moyennes et grandes entreprises, tous secteurs confondus, s’investissent dans cette culture même si les entreprises évoluant dans le secteur des services – les maisons d’assurances, les banques, les hôtels, les compagnies offshore, entre autres – sont plus amenées à se plier à cette tradition, comme nous le rappellent Dorinne Ducasse de Dando Pub et Nikhil Awootar de Sudo Pub. Or, c’est précisément l’attrait et l’étendue de cette culture d’entreprise qui expliquent la compétitivité inhérente du secteur. Avec la vitesse d’évolution des tendances, les prestataires et les concepteurs de cadeaux sont amenés à innover continuellement pour satisfaire une clientèle toujours plus exigeante et encore plus près de ses sous.
« La compétition est si présente que les grandes entreprises utilisent des outils promotionnels pour avoir un ascendant sur le marché, pour être plus visibles… Elles s’attellent ainsi à la distribution de ces produits en masse. Sinon, tout le monde veut faire des cadeaux selon son budget. »
Consciente des dynamiques et de la compétition dans le secteur, Françoise Lo, directrice de Sandel Ltée, est constamment à l’affût des nouveautés. « Très exigeants, les clients cherchent toujours de nouveaux produits et ce, à des prix toujours plus bas. Pour être en mesure de les satisfaire continuellement, nous participons annuellement aux ‘trade fairs’ à l’étranger, afin de repérer les nouveaux produits », explique- t-elle.
Ajouté à ce marché de plus en plus concurrentiel, le ralentissement de la situation économique se relève un facteur décisif dans la perpétuation de l’offre du cadeau d’entreprise et de l’importance qu’on lui accorde.
« Il existe bel et bien une tradition en ce sens à Maurice. Mais étant donné le ralentissement économique, certaines entreprises se voient contraintes de revoir leur adhérence à cette pratique. Certains envisagent même de réduire leur budget global pour l’achat des cadeaux de fin d’année », constate Françoise Lo. Elle ajoute que certains ont même réduit le budget alloué par tête, ce qui explique que la limite inférieure du prix d’un cadeau d’affaires s’élève à Rs 10, selon elle.
Forte de ses 15 ans d’existence et visiblement du portfolio de clients fidèles, Verso Pub soutient que le budget alloué par tête aux destinataires des cadeaux n’a subi aucune réduction. « Cela dépend des entreprises. De nos jours, le montant accordé aux cadeaux varie de Rs 100 à Rs 650 », renseigne l’agence. Rejoignant cette réflexion, Priya Napaul note cependant que ce phénomène s’applique surtout aux cadeaux destinés aux masses. « Les firmes en quête de produits haut de gamme, pour quelques récipiendaires sélects, sont moins susceptibles de baisser leur budget cadeaux », fait-elle ressortir.
Jason Gunness, d’Unicorn Trading, abonde dans le même sens, rappelant que « c’est important d’offrir un cadeau qui vaut la peine. C’est bête de rentrer dans la logique qu’il faut donner un cadeau pour donner… La conjoncture économique actuelle va définitivement avoir des répercussions sur les cadeaux ; on va davantage trier sur le volet. Il faut offrir des cadeaux plus sélectifs dans ce contexte-là.»
