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L’architecture s’allie à la décoration intérieure

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L’architecture s’allie à la décoration intérieure | business-magazine.mu

Les professionnels de la vente, de l’hôtellerie ou de la restauration n’échappent pas au phénomène, même si celui-ci n’est pas nouveau dans le secteur. Magasin, hôtel, restaurant… aucun lieu branché et à la mode ne peut ouvrir sans avoir au préalable été imaginé par un architecte.

« Le marché de l’immobilier a explosé ces dernières années à Maurice. Les appartements en ville ayant la cote, ils sont très demandés suite à la flambée des prix de vente des terrains et des maisons individuelles. Ce facteur résultant lui-même de l’équilibre entre l’offre et la demande. Avec une population grandissante, de plus en plus de jeunes cherchent à avoir leur indépendance, et un des moyens d’y parvenir est d’investir dans un logement. Cette clientèle, qui est devenue de plus en plus exigeante, a poussé les promoteurs à innover », explique Alvin Hurry, architecte de DesignA Consulting, qui est installée à Beau-Bassin. Investir dans l’immobilier reste encore une valeur sûre de nos jours.

L’appréciation d’un bien immobilier reste supérieure au taux d’intérêt proposé dans les banques. « Beaucoup spéculent en investissant dans des biens immobiliers neufs afin de les revendre dans le futur », remarque Alvin Hurry.

Face à la modernisation des logements collectifs, poursuit notre interlocuteur, beaucoup recherchent la tranquillité avec le minimum d’entretien. Tous veulent de l’espace vert mais sans l’obligation de l’entretenir. La plupart des immeubles qui sont sur le marché offrent des espaces verts entretenus par le syndic.

Un avenir prometteur

\Alvin Hurry, architecte de DesignA Consulting.

Par ailleurs, explique Alvin Hurry, les dernières mesures budgétaires ont rendu optimistes les acteurs du secteur. « Les décisions du ministère des Finances ayant trait à l’abolition de la Capital Gains Tax devraient aider à booster l’économie en favorisant la vente des biens immobiliers. Cela devrait favoriser davantage le développement, poussant les promoteurs et architectes ainsi que les autres professionnels du secteur à proposer des espaces de vie encore meilleurs. Des immeubles poussent partout, mais c’est triste de voir que beaucoup ne prennent pas en considération le facteur écologique ; ils ne pensent qu’à leur portefeuille. »

Alors que le secteur de la construction a été le premier à ressentir les effets de la crise financière de 2008, aujourd’hui il doit faire face à l’autre visage sombre de l’économie mondiale avec la versatilité de l’euro et la récession. Mais les architectes ne s’avouent pas vaincus pour autant et ont trouvé la solution à ces difficultés nouvelles : la diversification. Par exemple, en plein coeur de la crise financière (2008 - 2011), avec le gel et parfois même l’abandon de certains projets IRS-RES, les architectes se sont tournés vers la mise sur pied du village de la technologie, la cybercité à Ebène.

Mais aujourd’hui, le moyen le plus sûr de sortir la tête de l’eau est d’amalgamer l’univers de l’architecture à celui de la décoration intérieure. Ainsi, l’architecte et l’architecte d’intérieur, deux professions que tout sépare, s’unissent pour résister aux caprices de l’économie mondiale. Les deux professions dépendent ainsi l’une de l’autre pour survivre.

De nombreuses agences d’architecture proposent les deux services : la conception du bâtiment et l’aménagement visuel de l’espace. Résultat : le marché est fructueux car Mauriciens et expatriés, friands du phénomène de la décoration d’intérieur, déboursent gros pour construire de nouveaux espaces contemporains agréablement pensés et soignés, l’oeuvre de professionnels des deux professions.

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L’inventivité est une qualité essentielle qui est recherchée de nos jours chez un architecte.

L’architecte, cet incompris

Le non-respect de l’environnement et du paysage demeure un casse-tête pour les architectes. Pour Alvin Hurry, Maurice doit suivre l’exemple de la France où le paysage est protégé par le Code de l’Urbanisme. « Le Code de l’Urbanisme exige que l’architecte prenne en considération le contexte du site à l’échelle de la rue, du quartier puis à l’échelle de la ville. » Alors qu’à Maurice, on retrouve souvent dans une rue, un immeuble de dix étages qui côtoie un autre de deux étages, le Code de l’Urbanisme dénonce la pollution visuelle car tous les immeubles et bâtiments sont dans l’obligation d’avoir plus ou moins le même nombre d’étages.

Autre problème auquel font face les architectes à Maurice : l’impopularité de leur métier. À ce jour, il n’y a que 160 architectes à Maurice. C’est principalement dû à l’ignorance des Mauriciens. Bien plus qu’un simple « concepteur de plan », l’architecte est un « chef d’orchestre », qui a une vision globale de son projet qu’il a pour mission de mener à bon terme. Ainsi, l’architecte veille à ce que le service offert soit de qualité tout en évitant des désagréments. Néanmoins, la nouvelle notion que cultivent les Mauriciens au sujet de cette profession, qui pour eux ne se résume qu’à un « concepteur de plans », les incite à confier leurs projets de construction à des ingénieurs ou des Project Managers, dont la responsabilité se concentre, à vrai dire, que sur la partie du bâtiment. « Souvent, en se passant des services de l’architecte, les clients ont affaire à des personnes peu scrupuleuses, qui ne respectent pas les délais de livraison. Ce qui occasionne des pertes financières », explique Alvin Hurry.

Avec un marché étriqué, tous les aspects de l’architecture ne sont pas exploités à Maurice. A l’étranger, les architectes sont pour la plupart attachés à des firmes de construction et il existe toute une panoplie d’architectes qui se spécialisent dans divers domaines : le théâtre, la décoration ou encore le cinéma, entre autres. Sur le marché local, les multiples facettes de ce métier ne sont pas dévoilées car l’architecte est ici uniquement sollicité pour le secteur de la construction ou de la rénovation. Alvin Hurry note que même si les architectes sont plus prisés par le secteur de la construction, ils représentent uniquement 5% de ce marché. Aujourd’hui, la MAA (Mauritius Association of Architects) se penche sur la vulgarisation de l’architecture à Maurice, comme c’est le cas en Europe, afin d’encourager les jeunes à exercer ce métier.

La maison idéale du Mauricien

Depuis plus de vingt ans, l’évolution du parc de logement est régulière. Ce facteur sert de levier dans l’évolution du marché de l’architecture d’intérieur. En particulier, le fait d’être propriétaire est une incitation forte à l’aménagement et la décoration de son habitat pour son plaisir. Cette évolution est soutenue par des logements de plus en plus modernes, spacieux et confortables, incitant des investissements de confort de plus en plus importants. Parmi les évolutions notables, on remarque le rôle croissant du salon comme lieu de rencontre modulable et multifonctionnel (salle à manger, lieu de travail, salle de jeu, chambre d’appoint, salle de spectacle) et de nouvelles pièces apparaissent dans l’architecture de la maison « idéale » : le bureau et la salle de télévision, deux pièces qui ont largement profité des dernières évolutions en matière de technologies (Home Studio Video, consoles de jeux, Internet, WIFI, multimédia, nouveau design des produits…). De nouvelles pièces apparaissent de plus en plus fréquemment (bureau, pièce multimédia, chambre d’amis). Les fonctions de chaque pièce ont tendance à être mieux définies. Une plus grande polyvalence est demandée pour les pièces principales comme le salon. La maison idéale du Mauricien aujourd’hui se trouve être la propriété individuelle avec jardin, confort, lumière et fonctionnalité. C’est une maison qui préserve l’intimité mais permet aussi de se rapprocher de l’extérieur. « On a vu également l’arrivée d’appartements de plus en plus modernes. Il y a ensuite eu l’apparition de condominiums. De nos jours, on voit pousser des bâtiments qui tiennent davantage compte de l’environnement ; ils séduisent les acquéreurs. Ceux qui investissent dans des maisons neuves, privilégient l’utilisation de panneaux solaires, photovoltaïques et la récupération des eaux pluviales. Les Mauriciens sont de plus en plus conscients de l’importance de protéger l’environnement et cela reste un marché prometteur », souligne Alvin Hurry.

Par ailleurs, la maison style « cocooning », qui a fait son apparition ces dernières années, fait beaucoup parler d’elle. Face au stress, le foyer devenait un refuge confortable, un lieu de bien-être. C’est un fait : la maison a toujours eu pour les Mauriciens une valeur fondamentale, se plaçant juste après la famille et devant les loisirs et le travail.
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