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Les investissements français en hausse malgré une baisse des exportations

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Les investissements français en hausse malgré une baisse des exportations | business-magazine.mu

Au premier trimestre de 2015, la France était le quatrième acheteur et troisième marché à l’importation de Maurice. Elle demeure aussi notre principal pourvoyeur d’investissements directs étrangers (IDE). À l’approche de la fête nationale française, le mardi 14 juillet, Business Magazine revient sur les relations d’affaires fructueuses entre nos deux pays.

Si en 2013 et en 2014, la France était le deuxième marché d’exportation de l’île Maurice, après le Royaume-Uni, tout porte à croire qu’elle va acheter bien moins cette année. Selon les chiffres de Statistics Mauritius, les exportations vers la France se chiffraient à Rs 8,6 milliards en 2013, pour grimper à Rs 9,2 milliards en 2014 mais une baisse de 24,5 % a été notée au premier trimestre 2015. Comparé au premier trimestre 2014 quand les exportations représentaient de Rs 2,3 milliards, au premier trimestre 2015, elles ont chuté à Rs 1,7 milliard.

Qu’est-ce qui explique cette chute dans les exportations françaises ? Est-ce la dépréciation de l’euro ? L’économiste Eric Ng fait remarquer que l’euro s’est stabilisé autour de Rs 40 depuis plus d’un an. Ainsi, observe-t-il, ce n’est pas la dépréciation de l’euro qui a impacté sur les exportations françaises. Il pointe du doigt le volume d’exportations qui s’est amoindri non sans oublier une diversification de nos marchés d’exportation.

Les données de Mauritius Statistics indiquent que les secteurs d’exportation qui ont été touchés sont le poisson et les préparations à base de poisson (-4,4 %) et les vêtements et accessoires de vêtements (-1,1 %). Mais il y a parallèlement une percée remarquable des exportations vers les Émirats arabes unis, qui bondissent de 917,2 % au premier trimestre 2015 ; elles comprenant principalement des produits de télécommunications et accessoires pour la téléphonie mobile.

Les chiffres de Statistics Mauritius indiquent une baisse de 12 % des importations de produits pétroliers raffinés français pour le premier trimestre 2015. Mais la baisse est plus prononcée (-23 %) pour les mêmes types de produits en provenance de l’Inde. À titre de comparaison, la hausse constatée des importations chinoises dans ce secteur de 53,3 % et sud-africaines de 7,2 %. S’agissant des importations de produits et marchandises divers, de pétrole brut, de machines et d’équipements de transport, la France recule de 23,5 % ainsi que l’Inde (31,8 %), l’Afrique du Sud (19,2 %) et la Chine (17,7 %).

Les investissements français en hausse

Si un recul dans les exportations et importations françaises est noté, l’investissement français ne chute pas ; bien au contraire, il est en hausse. Depuis 2008, les investissements directs étrangers (IDE) sont en constante augmentation en provenance de ce pays qui demeure toujours le premier investisseur à Maurice. Au premier trimestre 2015, les entreprises françaises ont injecté Rs 767 millions dans l’économie mauricienne sur un montant total d’IDE de Rs 2,4 milliards. Pour toute l’année 2014, les entreprises françaises ont investi Rs 3,4 milliards à Maurice sur des IDE de Rs 14 milliards au total. Il est à noter que pour le premier trimestre 2014, les IDE français se situait à Rs 599 millions.

Mais c’est l’année 2012 qui marque le pic des investissements français à Maurice, avec Rs 4,3 milliards. En 2008, ils se chiffraient à Rs 1,2 milliard, en 2009 à Rs 2,3 milliards, Rs 1,6 milliard en 2010 et Rs 4 milliards en 2011. En 2013, le pays attirait Rs 3,434 milliards de la France et légèrement plus l’année suivante avec Rs 3,486 milliards. On peut aussi mentionner les investissements directs réunionnais, qui totalisaient en 2014 Rs 81 millions, soit une chute de plus de moitié en comparaison avec l’année 2013 où elle se situait à Rs 168 millions. S’agissant des entrepreneurs mauriciens qui investissent en France, ils y ont consacré quelque Rs 669 millions en 2014, soit trois fois plus qu’en 2013, avec Rs 214 millions.

Expliquant la hausse des investissements directs français, l’avocat mauricien François de Senneville, qui est responsable de l’Africa desk du cabinet parisien Lazareff Le Bars, trouve que Maurice constitue aujourd’hui une solution pour les groupes français qui souhaitent se développer en Afrique. L’émergence du continent africain ces dernières années a été un élément catalyseur. Pour les grands groupes français qui cherchent à se rapprocher des nouveaux marchés sur les continents africain et asiatique, «l’île Maurice est la porte d’entrée évidente pour la constitution d’une holding intermédiaire, un service hub destiné à soutenir le développement continentale de leurs filiales», soutient notre interlocuteur.

140 à 150 sociétés à participation française à Maurice

Pour François de Senneville, le fait que le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, a profité de son escale à Paris du 22 au 26 juin, pour signer un accord de financement à hauteur de Rs 1 milliard avec l’Agence Française de Développement et approcher quelques grands groupes français est un signal fort de la solidité des relations bilatérales entre les deux pays. La nouvelle équipe gouvernementale souhaite, pour François de Senneville, «se donner les moyens de dynamiser les relations franco-mauriciennes et pour cela s’adresse directement aux grands groupes français comme Engie (ex-GDF Suez) ou Bolloré».

La rencontre entre le ministre des Finances et les dirigeants d’Engie à Paris va contribuer à dynamiser les relations d’affaires avec Maurice et booster les investissements dans l’île, confirme Sanjay Chinasamy, Manager de Manser Saxon Facilities, dont Engie possède la moitié des actions. À noter que le groupe énergétique français Engie est depuis le 1er juillet le numéro un de l’énergie solaire en France, après avoir finalisé l’acquisition d’une rivale Solairedirect.

François de Senneville, qui traite régulièrement avec les entreprises françaises souhaitant s’installer à Maurice, note une accélération dans «le mouvement» de ces entreprises vers Maurice. Il explique cette progression par le nombre de conventions destinées à protéger les investissements réalisés à partir de sociétés mauriciennes sur le continent. Non sans oublier l’appartenance de Maurice au COMESA, à la SADC et la signature à Charm el-Cheikh le 10 juin du traité de libre-échange liant 26 pays d’Afrique de l’Est. Ce traité vient créer une zone tripartite de libre-échange qui permettra notamment aux produits transitant par l’île à travers quelques opérations de bénéficier du label Made in Mauritius, et d’entrer ensuite en Afrique en franchise douanière, dans les États signataires.

Les entreprises françaises ont une présence de longue date dans l’économie mauricienne. Selon les chiffres de la section économique de l’ambassade de France, l’on recense entre 140 et 150 sociétés à participation française, métropolitaine ou réunionnaise, majoritaire ou minoritaire, à Maurice. Les grandes enseignes, parmi d’autres, sont France Télécom qui à travers son partenariat stratégique avec Mauritius Telecom est présent à Maurice ; Le Club Med et Sofitel dans l’hôtellerie, Casino, Bricolage et Super U dans la grande distribution, Total dans la distribution des produits pétroliers et le groupe français Caisse d’Épargne qui opère une banque de détail via la Banque des Mascareignes dans l’île.

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