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Marché Pétrolier : perspectives de croissance avec le bunkering

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Marché Pétrolier : perspectives de croissance avec le bunkering | business-magazine.mu

Ils ne sont que quatre opérateurs. Ensemble, ils occupent les vingt premières places du Top 100. C’est dire l’importance du marché pétrolier dans le paysage économique du pays. Avec l’accroissement du trafic maritime dans le bassin de l’océan Indien, ils se positionnent en vue de la transformation de Port-Louis en un hub pour le bunkering.

Le marché pétrolier mauricien brasse un chiffre d’affaires colossal : près de Rs 35 milliards en 2012. Une manne qui est partagée entre seulement quatre opérateurs : Vivo Energy, Total, IndianOil et Engen. Or, si les recettes de l’industrie sont substantielles, ses coûts le sont tout autant. Pour 2012, l’importation des produits pétroliers raffinés a coûté Rs 29,2 milliards à l’État. Elle s’élevait à Rs 8,6 milliards au premier trimestre, contre Rs 7,3 milliards à pareille période en 2012.

Étant donné que la fourniture des produits pétroliers est considérée comme un service essentiel, c’est la State Trading Corporation (STC) qui dicte les règles du jeu et fixe le prix de l’essence et du diesel – qui comptent pour plus de Rs 12 milliards de notre note pétrolière –, et du gaz ménager qui est vendu à un prix subventionné par l’Etat.

La marge bénéficiaire des compagnies pétrolières est également fixée par les autorités, qui s’assurent que les consommateurs ne fassent, par exemple, pas les frais d’une poussée du cours du Brent, actuellement à 109 dollars contre 95 dollars il y a un an.

Pour Kiran Juwaheer, Chief Executive Officer de Vivo Energy Mauritius, il y a une perception erronée selon laquelle les compagnies pétrolières réalisent des profits énormes. Ainsi, les profits avant impôts du leader de ce marché à Maurice s’élevaient à Rs 240 millions pour un chiffre d’affaires de plus de Rs 12 milliards. Le ratio bénéfice-chiffre d’affaires de Vivo Energy avoisine donc les 2 %. « Sur les dix dernières années, l’industrie pétrolière a été le seul secteur qui a dégagé un ratio bénéfice-chiffre d’affaires de moins de 3 %. L’argent a le même coût pour tout le monde. Nous empruntons et nos investissements sont conséquents », remarque Kiran Juwaheer.

Les marges se rétrécissent

La marge bénéficiaire de Vivo Energy est actuellement de Re 1,67 sur chaque litre d’essence. Et de Re 1,82 sur le litre de diesel. Régulièrement, Vivo Energy et les trois autres opérateurs font des représentations pour réclamer des marges plus confortables. Leurs requêtes sont traitées avec la plus grande attention car toute hausse des marges implique une pression additionnelle sur le prix à la pompe. Actuellement, l’essence est vendue à Rs 52,25 le litre et le diesel est à Rs 43,95 le litre.

À IndianOil, on fait le même constat : les marges se rétrécissent. Troisième compagnie pétrolière avec un chiffre d’affaires de Rs 7,1 milliards pour des profits de Rs 147,7 millions, IndianOil, qui a démarré ses opérations en 2004, s’est appuyée sur le savoir-faire de sa société mère Indian Oil Corporation, pour rapidement s’imposer sur le marché mauricien. « Pensez-vous qu’un ratio bénéfice-chiffre d’affaires de 2 à 2,25 % soit soutenable ? Ce sont notamment des pratiques de gestion saines et centrées sur le client qui permettent aux compagnies pétrolières de se maintenir malgré les obstacles», observe Ranjan Kumar Mohapatra, Managing Director d’IndianOil.

Dans ce secteur hautement concurrentiel, chacun joue sur ses forces pour grappiller des parts de marché. Vivo Energy table sur la qualité de son service en proposant du carburant à valeur ajoutée qui permet une conduite économique grâce à l’ajout d’additifs. Elle propose aussi la Shell Card, qui est un moyen pour l’automobiliste de gérer ses dépenses sur le carburant. De son côté, Total mise sur le concept de biocarburant. La compagnie est, du reste, la pionnière dans le domaine du biocarburant à Maurice, ayant été partie prenante du projet E10, à savoir l’introduction de 10 % d’éthanol au carburant. IndianOil a, quant à elle, été la première à proposer un service opérant 24 heures sur 24 dans deux de ses stations-service. Dans le segment aviation, elle est actuellement le leader, occupant entre 48 et 49 % du marché. Alors qu’Engen capitalise sur ses bonnes performances dans la vente du fioul lourd et du diesel pour bateaux.

Malgré les contraintes inhérentes à leurs opérations, les compagnies pétrolières ont deux atouts qui plaident en leur faveur : leur solidité financière et leur savoir-faire dans un domaine hautement technique. Avec les progrès infrastructurels qui se sont opérés dans la zone portuaire et l’émergence de l’Afrique et des pays du Sud-Est asiatique comme les nouveaux moteurs de croissance, une nouvelle activité se développe : l’avitaillement ou le Bunkering. À savoir le ravitaillement en carburant et en lubrifiant des navires qui transitent par notre port.

Pour Ranjan Kumar Mohapatra, il est clair que Maurice a désormais le potentiel de se transformer en un Bunkering Hub. Il y a de plus en plus de navires qui empruntent notre route maritime, notamment avec les changements d’itinéraires suivant les cas de piraterie. «D’ores et déjà, les compagnies pétrolières ont discuté de la question des tarifs avec le ministre du Commerce et la STC dans le but de libéraliser le ‘bunkering’ afin de permettre aux opérateurs existants d’importer leurs produits. Nous comprenons que d’autres opérateurs ont aussi manifesté leur intérêt. Ce qui est un très bon signal pour le pays. Maurice a le potentiel de devenir un Bunkering Hub majeur », souligne Ranjan Kumar Mohapatra. Avis que partage Kiran Juwaheer, qui est convaincu que nos activités de Bunkeringdevraient bénéficier du développement du trafic Sud-Sud.

Qui plus est, les compagnies pétrolières sont déjà prêtes à l’émergence de ce business, disposant déjà de quatre barges. Mais il faudra compter avec la concurrence d’autres ports plus efficients que Port-Louis. Nos nouveaux concurrents ont pour noms Durban, Colombo et Singapour.

Importation de 1,1 million de tonnes de produits pétroliers

Maurice importe près de 1,1 million de tonnes de produits pétroliers. Ce volume est réparti entre les quatre segments qui englobent les activités pétrolières : le Retail (carburant), l’aviation, les activités maritimes et le segment commercial (fourniture de produits pétroliers aux industries).

Rs 400 millions pour éviter des pénuries

Les quatre compagnies sont en voie de former un consortium pour la construction de cuves d’une capacité de 15 000 tonnes métriques à Mer Rouge afin d’augmenter nos réserves stratégiques en essence. Celles-ci sont actuellement de 28 - 30 jours. Avec ces nouvelles installations, nos réserves devraient grimper à 38 jours. Ce qui devrait nous mettre à l’abri d’une éventuelle pénurie. Ce projet nécessite des investissements d’environ Rs 400 millions.
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