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Restructuration: un cycle vital dans la vie de l’entreprise

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Restructuration: un cycle vital dans la vie de l’entreprise | business-magazine.mu

La restructuration est une étape cruciale dans le monde du « Corporate ». Quatre raisons motivent le recours à un tel exercice. Dans le cas d’une entreprise dans le vert, la restructuration sert à optimiser ses lignes de production. Pour une société en détresse financière, elle est un outil de sauvetage. La restructuration entre aussi en jeu dans les décisions d’investissement et quand il faut lever des capitaux.

La vie d’une entreprise n’est pas un long fleuve tranquille. Dans le monde des affaires, on ne peut jamais s’endormir tranquillement sur ses lauriers. Les nouvelles technologies et la mondialisation ont une influence directe sur la stratégie opérationnelle de l’entreprise. Un modèle économique qui a eu du succès hier n’est pas forcément valable aujourd’hui. Et le sera sans doute encore moins demain.

Rien n’est acquis. Des multinationales, à l’instar de Nokia et de Kodak, qui n’ont pas su s’adapter au rythme auquel évoluent les nouvelles technologies en savent quelque chose. Pour rester dans le circuit, les entreprises doivent constamment se réinventer et repenser leurs opérations. Cette responsabilité incombe au Board des directeurs qui, dans l’intérêt des actionnaires, doit prendre les bonnes décisions pour assurer la pérennité des opérations de l’entreprise.

Comme le souligne Gérald Lincoln, Country Managing Partner et Chief Executive Officer (CEO) d’Ernst & Young, la restructuration, quand elle est appliquée pour optimiser la base opérationnelle de l’entreprise et sa structure capitalistique, est un « cycle normal de la vie d’une société ».

La restructuration peut prendre trois autres formes. Primo, elle peut servir à lever des capitaux en ayant recours au marché par le biais d’opérations comme le financement des dettes, le capital-investissement (Private Equity) ou la cessation d’actifs. Secundo, la restructuration agit comme un moteur d’investissement, à travers notamment des acquisitions et alliances. Et tertio, elle est un outil de sauvetage susceptible de permettre à une entreprise en détresse financière de sortir du rouge. Dans ce dernier cas, on parle de procédures de Business Review.

Le piège de la dette

Il existe deux méthodologies de Business Reviews adoptées par les firmes comptables pour aider les sociétés, indique Rajeev Basgeet, Director, PwC. Quand c’est le Board des directeurs qui prend la décision d’avoir recours aux services d’un consultant pour l’aider à redresser sa situation financière, on parle de Corporate Review. Si la démarche pour une Business Review émane de la banque qui est créditrice auprès de l’entreprise, la procédure qui est enclenchée est une Independent Business Review. « Nos expériences ont démontré que les banques apprécient que ce soient leurs clients qui prennent l’initiative pour de telles ‘Reviews’ », observe Rajeev Basgeet.

Une entreprise ne se retrouve pas du jour au lendemain en situation de difficulté financière. Plusieurs facteurs font que graduellement ses comptes basculent dans le rouge. Le principal coupable est l’endettement. Un fort taux d’endettement peut asphyxier l’entreprise, surtout quand celle-ci doit composer avec un problème de manque de liquidités. Lors de l’exercice de Business Review, on identifie les causes de l’endettement. « Il s’agit de comprendre qu’est-ce qui a provoqué une situation d’endettement élevé. Est-ce que ces dettes élevées ont été contractées parce que l’entreprise a eu une vision trop optimiste sur son secteur d’activité, ce qu’on appelle aussi de l’overtrading ? Cela a-t-il un lien avec l’effet d’éviction, autrement dit, lorsqu’on se retrouve avec trop d’acteurs qui se surexposent à un secteur particulier », se demande Rajeev Basgeet.

Subhas Purgus, Partner Audit à KPMG, est du même avis. « Une entreprise se retrouve en détresse financière quand elle ne peut repayer ses dettes. Dans la majorité des cas, c’est le niveau d’endettement qui est trop élevé par rapport au capital social. Cela est bien souvent le cas si la dette a été contractée pour financer une expansion organique ou acquisitive qui, au bout du compte, ne se matérialise pas. La détresse financière peut ainsi avoir comme cause des facteurs internes et externes à l’entreprise impactant sur les attentes ou hypothèses d’un plan de croissance », remarque-t-il.

Se faire payer plus vite

Associés au problème d’endettement, les longs délais pour le recouvrement des dettes auprès des débiteurs constituent un autre facteur qui met à mal la trésorerie de nombre d’entreprises, souligne Ravi Kowlessur, Managing Partner de Margéot Associates. « Il faut faire entrer l’argent plus rapidement. C’est le rôle du consultant qui entreprend la Business Review de conseiller l’entreprise sur les procédés à adopter pour se faire payer plus vite. Il s’agit là d’un problème chronique dans plusieurs entreprises. Dans le secteur de la construction, par exemple, c’est une spirale infernale. Il y a des retards dans les paiements à tous les niveaux. Quand l’entrepreneur est payé avec du retard, ceux avec qui il sous-traite des travaux se retrouvent aussi à court de liquidités. C’est l’une des raisons pour lesquelles la situation empire dans ce secteur », poursuit Ravi Kowlessur.

Le Managing Partner du cabinet Russelwitt, Ritesh Rajkumarsingh, abonde dans le même sens. Il est non seulement nécessaire que les entreprises ayant des difficultés de trésorerie revoient leur modes de facturation afin de faire entrer l’argent plus vite, mais aussi elles doivent faire preuve de prévoyance en prenant une assurance couvrant les imprévus liés à tout retard de paiement. Il s’agit là d’une forme de hedging. « Il y a des entreprises viables qui se retrouvent en situation de stress pour un retard de paiement. Il est important de prendre une assurance comme couverture pour parer à ce genre de situation. Pour une couverture moyennant une prime de Rs 2 millions, on peut éviter de perdre plus de Rs 20 millions», souligne Ritesh Rajkumarsingh.

Supprimer les dépenses inutiles

Il n’y a pas de mauvais soldats, mais de mauvais généraux, dit-on. Un laisser-aller de la part du management plonge souvent une entreprise en situation de crise. Ainsi, lors d’un exercice de Business Review, on passe au crible le processus de gestion des ressources humaines, les coûts fixes, ainsi que les frais généraux (overheads) de l’entreprise pour voir comment ceux-ci impactent sur les charges de l’entreprise. «Il y a, par exemple, des dépenses qui sont inutiles qu’on peut supprimer. Ainsi, une entreprise peut payer un loyer élevé parce qu’elle opère dans un trop grand local. Dans certaines sociétés, il y a souvent un ratio managers:employés trop élevé », constate Yuvraj Thacoor, Managing Partner à Grant Thornton.

Afsar Ebrahim, Deputy Group Managing Partner à BDO, est également d’avis qu’il faut situer la cause du mal dont souffrent de nombreuses entreprises à un niveau décisionnel. «De manière générale, le fait d’adopter la mauvaise stratégie ou sa mauvaise exécution sont les principales causes de la détresse financière. Celle-ci commence par une mauvaise performance sur le plan opérationnel en raison d’une faible demande, de prix plus bas sur les ventes ou de coûts plus élevés qui sont passés aux consommateurs parce que la concurrence est intense. Sinon, un mauvais service au regard du client peut faire baisser la demande», analyse-t-il.

Bien souvent, comme c’est le cas actuellement dans le tourisme, le secteur du bâtiment et le textile, la cause du mal qui affecte les opérateurs est externe. C’est toute l’industrie qui souffre parce que le marché est en crise. Pour ces opérateurs, avoir recours aux services d’un consultant pour restructurer leurs opérations est souvent l’option à envisager. Celui-ci, à travers un diagnostic rigoureux, sera dans une meilleure position de prodiguer des conseils précieux sur les options qui sont à la disposition de l’entreprise pour lui permettre de s’alléger tout en n’entamant pas sa productivité future.

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