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Agences immobilières, à quand un cadre légal ?

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Agences immobilières

Le métier d’agent immobilier ne se résume pas à simplement mettre deux clients en contact et à toucher une commission. Selon les agences immobilières, il y a actuellement un désordre total dans  ce secteur, où n’importe qui s’improvise agent immobilier.

Il y a à ce jour un total de 30 agents immobiliers licenciés à l’île Maurice, qui font partie de l’Estate Agents Association (EAA). Ces dernières années, il y a eu une recrudescence d’agences immobilières qui ont vu le jour, causant une dilution des revenus provenant des ventes et des locations sur ce marché. « Nous rencontrons sur ce marché beaucoup d’agences qui ont cru qu’ils allaient devenir multimillionnaires en l’espace de quelques années», laisse entendre Daniel Poupinel de Valencé, directeur de RE/MAX.

« Actuellement, il n’y a aucune restriction empêchant n’importe qui de s’improviser ‘agent immobilier’. Ces nouveaux ‘agents immobiliers’ se retrouvent dans tous les créneaux. Ce manque de réglementation amène les gens à penser qu’ils peuvent faire un ‘quick deal’ et devenir des agents immobiliers à temps partiel», soutient Daniel Poupinel de Valencé. À ce propos et afin de pouvoir régulariser le secteur de l’immobilier, l’EAA soumettra bientôt aux autorités un projet de loi, qu’elle espère, viendra épurer ce secteur.

« Les agences ‘low cost’, ou ‘courtiers marrons’ comme on les appelle, sont venues nuire aux professionnels du secteur. Ils travaillent dans leur arrière-boutique et ne paient ni licence, ni taxes. Et quand un agent est ambigu, il travaillera bien sûr dans l’ambiguïté. Et cela malheureusement au détriment du client», poursuit notre interlocuteur. Dans bien des cas, ce secteur manque de professionnalisme, mais les agences membres de l’EAA se font un devoir de travailler dans des paramètres bien définis. « Si nous avons des soucis concernant la partie légale, nous n’hésitons pas à nous tourner vers un conseiller légal», indique Daniel Poupinel de Valencé.

Clients mal  conseillés

Philippe de Beer, Director & Partner de Park Lane Properties, rejoint Daniel Poupinel de Valencé dans ses propos : « Il est vrai que tout le monde se déclare trop facilement courtier ou agent immobilier à Maurice, sans aucune expérience ni connaissance du marché, puisque le métier n’est pas régulé. Malheureusement, ce sont les clients qui en paient les conséquences ; ils sont souvent mal conseillés, et même abusés avec des pratiques malhonnêtes fréquentes. Beaucoup de petits courtiers veulent parfois nous « tenter » en nous proposant des propriétés que supposément ils ont dans leur portfolio, pour lesquels d’ailleurs ils n’ont que très rarement un mandat proprement dit du propriétaire, et qu’ils proposent à un prix supérieur au prix demandé par le propriétaire».

Et cela, avec l’intention de prendre pour eux le montant qu’ils auront ajouté au prix demandé par le propriétaire».

« L’acheteur ne le saura jamais, et c’est une pratique courante à Maurice. Le courtier est attiré par l’argent facile, pensant qu’il suffit de montrer une propriété à un client pour toucher une commission par la suite. Le métier de l’agent professionnel est un réel métier, impliquant des procédures bien précises pour assurer les intérêts des acquéreurs ou locataires et des propriétaires. Il y a des aspects légaux à considérer et le rôle de l’agent immobilier est primordial pour protéger les intérêts des deux parties, en toute objectivité, parfois sans considérer ce qu’il va peut-être perdre un peu en termes de commission. Mais très peu d’agents immobiliers sont disposés à accepter cela et vont mettre leurs intérêts avant ceux de leurs clients», déplore Philippe de Beer.

Aujourd’hui et ce afin d’évoluer pour le bien des clients, beaucoup d’agences immobilières fonctionnent en partenariat ; chose qui est venue rendre le domaine de l’immobilier beaucoup plus sain. « Avant, les agences gardaient le produit en exclusivité, et souvent au détriment du client. Mais plus maintenant ; il y a beaucoup plus d’échanges entre les agences. Si j’ai un produit et qu’une autre agence a un client pour celui-ci, alors nous travaillons ensemble et partageons les commissions », dit-il.

Daniel Poupinel de Valencé note que l’internet est devenu un média incontournable dans le secteur de l’immobilier. Les statistiques font ressortir que de plus en plus d’affaires se font à travers cette plate-forme où se retrouvent vendeurs, acheteurs et agents. « Je pense que dans les années à venir, la publicité sur papier, qui est très onéreuse, va progressivement disparaître au bénéfice des portails et réseaux sociaux comme Facebook. Seuls les gros développeurs et certaines agences immobilières continueront d’utiliser les journaux, les magazines et ‘billboards’ pour leur publicité.»

« L’internet est devenu un des outils utiles pour diffuser les offres de propriétés en vente aux clients intéressés. La mise en ligne de propriétés facilite les recherches. Mais l’accompagnement du client par la suite par un agent immobilier professionnel, reconnu sur la place, est déterminant pour la sélection des biens répondant à tous les critères du client, et ainsi à une conclusion heureuse d’une affaire pour le propriétaire comme pour l’acquéreur », souligne, pour sa part, Philippe de Beer. Ce qui fait qu’Internet ne permet finalement que la première prise de contact. Il est assez rare qu’un client loue ou achète finalement le bien qu’il avait sélectionné sur internet, d’où le rôle essentiel que joue l’agent immobilier – et que les courtiers ‘marrons’ ne peuvent assurer car ils n’ont pas un portfolio étendu permettant aux clients d’avoir un grand choix de propriétés.

Affiner la recherche

« Nous ne pouvons venir dire qu’Internet a boosté les ventes de biens immobiliers. Mais il a joué un rôle facilitateur, aidant ceux qui cherchent à acheter ou louer à identifier plus facilement des biens correspondant à leurs critères. Finalement, même après avoir fait une sélection, quand le client vient visiter les propriétés, un agent immobilier professionnel saura faire le point avec le client et affiner sa recherche. Il pourrait même lui proposer des propriétés qu’il n’avait peut-être pas sélectionnées», remarque Philippe de Beer.

Cédric Marin, directeur de Park Lane Properties pour la région Nord, fait, lui, ressortir qu’Internet est un atout pour ceux qui l’utilisent correctement mais peut constituer un désavantage à ceux qui l’utilisent à tort et à travers, en affichant des prix ne reflétant pas la situation sur le marché immobilier.

Le rôle d’un agent immobilier

Daniel Poupinel de Valencé souligneque l’agent immobilier est une bonne chose pour ceux qui veulent acheter car il joue un rôle important dans une vente. « On a tendance à croire que l’agent immobilier fait ce travail juste pour obtenir une grosse commission et s’asseoir dessus. Loin de là : un agent a toute son importance. Il aide à l’aboutissement d’une vente en conseillant et guidant ses clients à travers le ‘proper channel’. Le vendeur et l’acquéreur ne connaissent pas forcément les rouages d’une vente immobilière. Bien souvent quand ils sont laissés à eux-mêmes, il s’ensuit une grande confusion. Le projet que nous allons soumettre aux autorités viendra poser des paramètres pour le bien de toutes les parties concernées.»

« L’agent immobilier doit conseiller au mieux les deux parties. Il doit agir comme un arbitre ; il doit être juste pour les deux parties et s’assurer que tout va dans la bonne direction et que surtout, tout se termine comme il le faut afin que les deux parties, au bout du compte, se sentent en de bonnes mains et en sécurité », souligne Cédric Marin.« Notre rôle est d’offrir un service de sélection et d’identification de biens immobiliers, de conseiller objectif, de facilitateur, de négociateur et d’accompagnateur. Un rôle complet, commercial et administratif à la fois», ajoute Philippe de Beer.

Trop d’agences immobilières ?

« Ce n’est certainement pas une bonne chose qu’il y ait autant d’agences immobilières. Car souvent le client a affaire à un inconnu qui ne connaît pas son métier et qui offre par la suite à ce client une image négative de la profession », estime Cédric Marin. Brian Blatch, directeur de Park Lane Properties pour la région Centre. Celui-ci ajoute: « À cause de mauvaises expériences vécues avec des mauvais agents ou courtiers immobiliers, les clients se font une mauvaise image de l’agent immobilier. »

« Toutefois, je pense que le marché est suffisamment clair aujourd’hui pour qu’un acheteur puisse se diriger vers les agences immobilières reconnues et doivent pouvoir recevoir d’elles un service professionnel. Les clients doivent savoir qu’en s’adressant aux courtiers « marrons » et freelancers, ils courent des risques. S’ils souhaitent prendre ces risques, nous ne pouvons les en empêcher », précise Philippe de Beer. Pour Maurice Planel, directeur de l’agence De Lastel International Properties Ltd, le problème n’est pas le nombre d’agences mais la qualité du service assuré par certaines. « Il y va de la réputation de notre île. Aussi, vu l’absence d’un cadre légal, tous s’improvisent courtiers immobiliers avec les dégâts auxquels on assiste. De plus, comme bien des promoteurs commercialisent eux-mêmes leurs propres produits, la concurrence est accrue. »

En parlant de concurrence, Cédric Marin pense qu’elle « est malheureusement très rarement loyale. Quand c’est le cas, c’est au meilleur de gagner en servant le client de son mieux ; ce qui à mon sens est le plus important. Il est malheureux de constater souvent un manque d’intégrité et des coups bas de plusieurs de nos confrères. »

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