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Arnaud Mayer: «L’investissement étranger dans l’immobilier est crucial pour l’économie»

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Arnaud Mayer: «L’investissement étranger dans l’immobilier est crucial pour l’économie» | business-magazine.mu

Engagé dans la commercialisation de biens immobiliers, le groupe Evaco a connu une expansion rapide. Ce qui lui a valu de faire son entrée dans le classement des 100 meilleures compagnies. Le point avec son CEO.

BUSINESSMAG. Evaco Group signe son entrée dans le Top 100 Companies. Quels sont les facteurs sous-jacents à cette performance ?

Le groupe Evaco trouve sa place parmi les 100 premières compagnies mauriciennes. Avec un chiffre d’affaires de Rs 1,6 milliard en 2015 et des profits avant impôts de Rs 394 millions, nous avons été classés au 61e rang au niveau du chiffre d’affaires, 26e en termes de profits et enfin troisième groupe mauricien au niveau de la profitabilité (profits par rapport au chiffre d’affaires). C’est une performance qui découle directement de notre stratégie d’intégration verticale mise en œuvre ces dernières années.

Nous avons récemment fait beaucoup d’efforts afin d’accroître notre performance sur le marché de l’immobilier, en réalisant des projets immobiliers novateurs qui plaisent à nos clients tout en étant plus rigoureux au niveau de la gestion interne. Nous avons beaucoup investi au sein de nos équipes ainsi que dans de nouvelles technologies entraînant une amélioration dans la maîtrise des coûts, ce qui contribue beaucoup à la profitabilité du groupe.

Par ailleurs, le groupe Evaco a émis des obligations (Secured notes) pour un montant de Rs 169,05 millions. Ces obligations émises sur cinq ans sont garanties et sont frappées d’un taux d’intérêt de 7,4 % (Repo rate + 3,4 %). Elles ont été listées en Bourse le 1er juillet. Lors de cette séance, la valeur a progressé de 5 %.

À travers cette émission d’obligations, le groupe entend refinancer une partie de ses investissements à long terme tels que l’achat de terrains et la construction de son usine.

BUSINESSMAG. Quelles sont les ambitions du groupe ?

Figurer dans le Top 100 Companies n’est pas un objectif en soi. Le chiffre d’affaires d’un promoteur peut varier d’une année à l’autre selon qu’il est dans une phase préliminaire, de construction ou de signature d’actes de ventes ; ou encore à cheval entre plusieurs projets à des stades d’avancement différents. Les performances sont à regarder sur le moyen - long terme. Notre objectif aujourd’hui est de nous concentrer plus encore sur notre concept de promoteur intégré tout en augmentant nos parts de marché à Maurice sans oublier le développement de projets à l’étranger. Nous ambitionnons de réaliser le gros de notre chiffre d’affaires hors de Maurice avec une prédilection pour l’Afrique de l’Est.

BUSINESSMAG. Comment le groupe s’en sort-il dans un contexte où le secteur de la construction et de l’immobilier est en pleine stagnation ?

Il est important de faire la distinction entre Evaco, dont l’activité principale est la promotion immobilière – même si nous sommes intégrés verticalement au niveau de la construction –, et les compagnies de construction, dont le métier est de construire pour des promoteurs ou autres clients. Celles-ci souffrent d’un ralentissement dans le nombre de projets immobiliers mis en chantier, comme c’est le cas depuis quelques mois. La promotion immobilière est un métier difficile qui demande de l’expérience, un savoir-faire et un solide réseau de clients.

Le groupe Evaco a été le précurseur de l’immobilier de prestige à Maurice, il y a 15 ans. Nous avons réussi, au fil des années, à développer des compétences inédites qui ont fait leurs preuves et qui nous ont permis de développer le groupe tout en marquant de notre empreinte les progrès réalisés dans ce secteur important de l’économie mauricienne.

Nous avons toujours privilégié l’avis de nos clients et ainsi attaché beaucoup d’importance à réaliser des projets correspondant à une demande précise. La demande étant en perpétuelle évolution, il est important de se remettre en question et de s’adapter. Contrairement à d’autres promoteurs immobiliers, nous ne sommes pas liés à une région précise. Nous achetons nos terrains dans des zones géographiques que nous estimons à fort potentiel.

À Maurice, seulement une minorité de promoteurs réalisent des profits. La concurrence est importante. Ce secteur d’activité est loin d’être l’eldorado qu’on s’imagine trop souvent.

BUSINESSMAG. L’immobilier résidentiel de luxe est désormais commercialisé sous le régime Property Development Scheme (PDS). Comment voyez-vous l’avenir de ce secteur ?

Il existe plusieurs schémas juridiques qui permettent aux étrangers d’acheter de l’immobilier dans le pays (Integrated Resort Scheme, Real Estate Scheme, Invest Hotel Scheme et, à présent, le PDS). Les différents schémas ont évolué à travers le temps afin de mieux s’adapter aux objectifs définis par le gouvernement. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’acquisition de biens immobiliers par des étrangers nous a permis d’ouvrir le pays afin d’attirer de l’investissement. Si demain, nous ne pouvions plus vendre d’immobilier aux étrangers, notre île serait bien moins attractive.

Fermer les frontières aux investisseurs et aux étrangers en général ne peut qu’aller à l’encontre des ambitions de développement accéléré que recherche le pays. Ce n’est qu’à travers l’accueil des investisseurs, le savoir-faire, les technologies et les travailleurs étrangers que nous arriverons à faire progresser notre économie en développant le marché intérieur et les entreprises, afin de créer plus d’emploi pour les Mauriciens et de revenus pour le pays. C’est ce qu’a fait, par exemple, Singapour.

L’investissement à travers les projets immobiliers représente la majorité des investissements directs étrangers. Il n’est, selon moi, pas correct de dire que l’immobilier est un secteur non productif. Quand les étrangers font l’acquisition de biens immobiliers à Maurice, ce sont des milliards en devises qui entrent dans le pays tous les ans. Cet argent est utilisé pour payer des entreprises locales, qui elles-mêmes l’utilisent pour rémunérer leurs employés, etc. Cet argent est directement injecté dans l’économie du pays et cela s’en ressent. Notre groupe fait vivre 300 familles et encore environ 400 autres de façon indirecte. Les étrangers venant vivre à Maurice dépensent tous les ans de l’argent provenant de leurs pays d’origine. Ils achètent chez nous des articles de la vie courante, font l’acquisition de voitures, consomment de l’essence, vont dans les restaurants et dépensent dans les commerces. Ils emploient du personnel de maison, des jardiniers, petits ouvriers pour des services d’entretien, entre autres.

BUSINESSMAG. La présentation du Budget approche à grands pas. En tant qu’opérateur, quelles sont vos attentes ?

Il y a un certain nombre d’améliorations qui peuvent être apportées. Par exemple, il faut comprendre que quand un étranger achète un bien immobilier à Maurice, il a un permis de résident permanent, qui ne lui donne pas toutefois le droit de travailler. Je pense que le pays gagnerait beaucoup à pouvoir bénéficier du savoir-faire de beaucoup de ces propriétaires de villas à Maurice. La plupart des investisseurs dans les projets IRS/RES/PDS sont de grandes fortunes étrangères. Des professionnels à la retraite qui ont souvent dirigé de grandes entreprises en Europe ou ailleurs dans le monde. En d’autres mots, ce sont des gens ayant de grandes compétences qui auraient pu être d’une grande utilité aux entreprises locales en tant que directeurs indépendants siégeant dans des conseils d’administration ou encore en tant que consultants. Malheureusement, la loi ne leur permet pas de travailler même à temps partiel.

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