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Interview Rencontre

Bipin Ragoo, Technical Manager à la Swan : «La Captive Insurance Act intéressera les multinationales de la région»

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Bipin Ragoo

Maurice figure parmi les rares juridictions à avoir légiféré sur la captive d’assurance. Cette loi est un atout supplémentaire, selon Bipin Ragoo, Technical Manager, Short Term Operations à la Swan, car elle ouvre la porte à de nouvelles opportunités d’affaires, en incitant les multinationales de la région à venir s’implanter dans l’île.

BUSINESSMAG. Cela fait longtemps qu’on l’attendait ; la loi sur la l’assurance captive est désormais une réalité. Est-ce une bonne chose ?

Le secteur de l’assurance est en constante mutation. Il est impératif de rester à l’avant-plan des développements sur la scène internationale. En ce qui concerne la législation sur la captive d’assurance – la Captive Insurance Act –, elle permet à Maurice de rejoindre ces quelques rares juridictions au monde, notamment Guernesey, l’île de Man et Gibraltar, qui ont une loi sur la captive d’assurance. Cette nouvelle loi vient complémenter celle qui existe déjà, qui régule les sociétés captives protégées, à savoir la Protected Cell Companies Act de 1999.

Il faut préciser que la loi-cadre sur l’assurance, l’Insurance Act de 2005, permettait déjà la création d’une captive d’assurance. Cela dit, l’avènement de la nouvelle loi permet de voir distinctement l’intention du législateur, qui est de promouvoir cette ligne spécialisée comme une flèche additionnelle dans notre carquois de services financiers proposés actuellement.

Nous disposons donc désormais d’un cadre réglementaire pertinent qui inspire confiance et qui est une condition sine qua non pour intéresser les multinationales opérant en Afrique et dans l’océan Indien à s’implanter dans l’île et, par la même occasion, assurer une croissance systématique de l’assurance captive à Maurice.

BUSINESSMAG. L’assurance captive est l’un des créneaux enregistrant la plus forte croissance dans le domaine de l’assurance à l’échelle mondiale. Depuis 1970, plus de 5 000 sociétés captives ont été créées. Concrètement, quelles sont les opportunités réelles pour Maurice ?

Les opportunités peuvent être intéressantes. À titre d’exemple, étant membre des différents blocs régionaux, tels que la SADC et le COMESA, nous sommes bien placés pour intéresser les grosses pointures de la région et du continent.

De plus, l’apport de primes brutes contribuera significativement, à terme, à notre investissement direct étranger. Les îles Bermudes en sont un exemple concret.

Une fois que la directive établissant le montant du capital requis pour chaque captive est émise par le régulateur, nous pouvons anticiper que le volume des capitaux investis contribuera autant à l’investissement direct étranger du pays.

Maurice regroupe déjà les caractéristiques essentielles d’un centre financier offshore de niveau international. Nous opérons avec une réglementation des services financiers mondialement respectée, avec une transparence sur la fiscalité et un cadre robuste contre le blanchiment d’argent. Nous nous positionnons ainsi favorablement pour tirer pleinement profit de cette présente loi.

BUSINESSMAG. Le pays pourrait-il se positionner comme un «Captive hub» dans la région, en attirant des «First party insurance captives» créées par des compagnies et multinationales opérant en Afrique et dans l’océan Indien?

Maintenant que la loi-cadre sur l’assurance captive est chose faite, je pense qu’il faut établir des actions concrètes en ce qui concerne la promotion de l’île comme un domicile de choix. Nous devons admettre que Maurice a évolué de manière tout à fait structurée dans le secteur de la haute finance quand on prend en considération notre régime fiscal conçu pour attirer les investisseurs étrangers, les conventions sur la non-double imposition, l’encadrement des sociétés de type GBL et, présentement, la promotion de la captive d’assurance.

Notre pays jouit d’une bonne réputation à l’échelle mondiale en termes d’ease of doing business, et se classe en tête de liste sur le continent africain. Cette distinction facilitera davantage notre entrée en la matière.

Les forums internationaux, les road-shows, entre autres, représentent d’excellentes opportunités pour que les partenaires locaux promeuvent Maurice dans cette démarche stratégique.

BUSINESSMAG. Le ministre des Services financiers a évoqué la création d’un millier d’emplois grâce à l’assurance captive. Est-ce réalisable ?

Tout nouveau domaine d’activité économique requiert définitivement des ressources humaines adéquates et appropriées. Ce secteur, de par le niveau de sophistication et l’étendue des activités, devrait attirer la main-d’œuvre locale qualifiée, ainsi que d’autres professionnels de la région.

Outre le personnel opérant la captive, la loi préconise l’obligation d’avoir un agent de la captive avec des compétences bien établies. L’atout majeur pour Maurice est qu’on possède un bassin de jeunes professionnels bilingues qui peuvent répondre à cette demande.

Cela dit, sujet à la réalisation d’une masse critique, ce créneau pourrait intéresser nos jeunes dans leurs choix d’études et de carrière.

BUSINESSMAG. Certains assureurs mauriciens considèrent l’émergence de captives d’assurance comme une menace pour leurs affaires. Ont-ils raison de s’inquiéter ?

Le secteur financier – comme tout autre secteur d’ailleurs – est destiné à s’adapter et à évoluer dans un environnement dynamique avec ses propres défis. Aujourd’hui, quasiment toutes les grandes enseignes internationales possèdent des captives, qui sont autant un outil de gestion de risque qu’un outil de négociation face aux assureurs traditionnels. Les assureurs opérant sur les marchés développés voient les captives plutôt d’un bon œil. Ils les considèrent en véritables partenaires et se réinventent afin de formuler des solutions adaptées.

L’ambition de la Captive Insurance Act est exclusivement d’inviter les multinationales à venir monter leurs propres captives à Maurice. Ce qui ne devrait pas inquiéter les assureurs locaux, car ces risques n’étaient jusqu’ici pas dans le viseur de l’assureur mauricien. C’est un nouveau marché qu’on ambitionne d’exploiter.

BUSINESSMAG. Comment le groupe Swan compte-t-il se positionner au regard de ces nouvelles opportunités ?

Swan est un pionnier dans ce segment. Elle détient la Swan Reinsurance PCC, qui est active et très présente depuis quelques années déjà dans certains pays du continent africain, incluant l’Afrique du Sud. Nous avons une équipe à l’affût des changements réglementaires et économiques dans d’autres juridictions pour proposer des solutions taillées sur mesure à nos clients actuels, ainsi que nos clients potentiels. Dans cette perspective, une loi bien définie est toujours un plus lors de la commercialisation des produits.

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